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Critique de kuroineko


Après La Voix des vagues de l'Américaine Jackie Copleton, je retourne au Japon avec La mémoire sous les vagues de la Française Laurence Couquiaud. Tous deux sont les premiers romans de leur auteur qui a passé quelques années sur l'archipel. Et tous deux traitent, de manière certes différente, des rapports familiaux sur fond historique.

La mémoire sous les vagues met deux époques en scène : le 11 mars 2011 et les jours après le tsunami, et la période charnière d'ouverture du Japon aux puissances étrangères entre 1860 et 1880. On se doute bien que ces deux parties vont se rejoindre au fil du roman.

Laurence Couquiaud aborde la catastrophe de 2011 via Yukiko, une photographe reporter franco-japonaise justement à Tokyo quand survint le séisme. Inquiète de sa grand-mère âgée de 98 ans qui vit dans la région du Tôhoku touchée de plein fouet par le tsunami, elle part à sa recherche. Par ses yeux, on constate la dévastation après la vague : des immeubles et maisons déchiquetés, des carcasses de voitures, bateaux éparpillées partout comme autant de jouets par un enfant colérique, des monceaux de détritus noyés dans la boue, photos, végétaux, ... Dans compter les cadavres, humains et animaux, par dizaine de milliers. Laurence Couquiaud montre également la solidarité au niveau local qui se met en place, les équipes de recherche et services médicaux. Et la dignité des sinistrés regroupés là où on peut, au froid et sans nouvelle de proches ni de la situation en général. Des passages sont très émouvants et chargés de l'angoisse terrible lié à la centrale nucléaire de Fukushima.

Pour la partie XIXème siècle, on délaisse les côtes septentrionales de Honshū pour la cité portuaire de Yokohama. Là résident les étrangers alors que le shôgunat d'Edo vit ses dernières années. Laurence Couquiaud a modifié les noms de quelques personnages qui ont réellement existé pour tisser sa propre trame dans les interstices de leur existence d'alors. Les années 1860 sont assez agitées car certains samouraïs qu'on qualifierait aujourd'hui d'ultra nationalistes n'hésitent pas à tuer les "gaijin" au nom de l'empereur et souhaitent expulser les étrangers de la terre nippone.
Au milieu de ses troubles, on suit les amours entre Charles Pearsall, dessinateur satirique du Japan Chronicles et d'un journal anglais, avec la sublime Okanekichi, geisha renommé de l'okiya la plus courue de Yokohama.

Les époques s'intercalent par chapitre. Les deux sont très intéressantes à lire. le rendu du Japon de la fin du Bakufu (pouvoir des shôgun Tokugawa) et des débuts de l'ère Meiji est particulièrement remarquable. En revanche, ce qui lie ces deux périodes m'a paru un peu trop artificielle. Néanmoins, ce petit bémol n'empêche en rien le plaisir général offert par cette lecture.

Parmi toute la galerie de personnages présentées, j'en retiendrai une que j'ai beaucoup appréciée : la grand-mère de Yukiko, si belle de sagesse et d'humanité.

En ce qui concerne son style, Laurence Coquiaud met beaucoup de beauté et d'empathie dans ses descriptions. Celles-ci font énormément appel aux sens, empruntant la délicatesse nipponne qui laisse un espace au lecteur pour se figurer l'ensemble. J'espère que l'auteure ne va pas s'arrêter là et poursuivre l'exploration de ses qualités littéraires.
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