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Critique de BazaR


C'est grâce à marina53 que j'ai voulu lire ce roman vers lequel je ne me serais pas porté spontanément. Chance, je l'ai gagné à la dernière Masse Critique. Merci donc à marina, à Babelio et à Folio. Grâce à eux j'ai vécu un moment de lecture intense.

Je commence ma lecture et déjà je le regrette. Les premiers mots installent l'ambiance désespérée. J'ai tâté la température de l'eau avec le gros orteil et je l'ai ressorti vivement, comme agressé par un froid intense. J'absorbe les émotions décrites comme une éponge empathique. Mal ! Dans quoi est-ce que je me suis embarqué ? Ce n'est pas le moment de bouffer un bouquin qui me déprime. Pfff.

Ambiance :
Un décor de ville, probablement américain, qui ne voit jamais le soleil caché en permanence derrière des couches de nuages gris, ni le sol caché derrière une brume sûrement toxique en dessous de laquelle survivent, paraît-il, les chats : ces sans emploi. Des tours de trois cents étages identiques, rangées à l'infini comme un bataillon de Lego®. A chaque étage, des agents qui surveillent l'évolution d'indicateurs de performance et reçoivent des mémos de la direction qui les félicitent pour leur assiduité, les réprimandent pour leur oisiveté ou changent brutalement le règlement. Ils « vivent » là, dans leurs box blindés, bossent douze heures par jour et plus, quelques pauses d'un quart d'heure et le repas de midi. Ils sont organisés en guildes. Leur but : survivre. Car les guildes se livrent à une immense partie de Risk où il s'agit de conquérir les box voisins en tuant leurs occupants temporaires : au couteau, à la grenade, au fusil à pompe. A travers les vitres, les corps qui tombent des étages supérieurs forment un spectacle si permanent qu'il en est devenu banal.
Comment vivre dans cet environnement réglé par une direction assurément guidée par des IA ont une curieuse interprétation de l'expression « donner un sens à sa vie » ? La petite guilde à laquelle on s'intéresse donne le ton. On transforme la scarification et les jets de sang sur les murs des toilettes en art, on se coupe les orteils qui visiblement ne servent à rien, on s'épile le moindre poil y compris les cils. Chacun sa méthode.

Quel est le but de ce roman ? Juste nous plomber et nous faire déprimer ? Ça c'est réussi, J. G. Ballard n'est pas loin. J'hésite à poursuivre.
Mais… tiens, cela s'anime. Grégoire Courtois nous offre une intrigue : un nouveau vient de franchir la porte des Hairaches. Il n'est pas comme les autres. Il crie même à la cantonade qu'il serait heureux de rencontrer ses collègues autour d'un café ! Hallucinant. du coup, cette proie facile pour les guildes les mieux placées sont dans l'expectative.
Et avec ça, un changement du règlement qui donne un gros avantage aux guildes qui possèdent des box adjacents : des prêts à des taux avantageux pourront leur être accorder, pour s'armer par exemple. Déstabilisation de la partie de Risk. Ça risque de chauffer bientôt.
Comment va réagir notre charmante guilde ?

Les événements se précipitent. La troisième partie est un long, très long morceau de chaos d'une violence inouïe. Je ne peux plus lâcher le bouquin. Je veux savoir.
Je finis par savoir.
Et je me pose la même question qu'au début, et les personnages survivants aussi : pourquoi tout ça ?
Est-ce que l'auteur voulait nous frapper en nous montrant l'inanité de nos existences de bureau (la mienne en tout cas) ?
Était-ce juste un exercice, non pas d'anticipation, mais d'extrapolation aux limites de la vie de bureau ?

Je sors de là essoufflé. Envie de légèreté.
Roman singulier, surprenant et impitoyable a dit marina53. Je ne trouve pas mieux à dire.
A lire, si vous l'osez.
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