Ses parents ne voyaient pas ce choix de gaieté de cœur : ces études ne correspondaient pas à ce qu’ils appelaient une carrière. Ils vivaient dans un autre temps, modestement protégés par la vie quasi rurale d’un petit village isolé à quelque mille kilomètres de la capitale ; ils avaient survécu à des décennies de naufrage social sans comprendre que certaines notions étaient tombées en désuétude, ni soupçonner que les diplômes n’avaient plus guère d’utilité en ce début du nouveau siècle. Seul l’enlisement des études entreprises par leur fils à l’université de la province les avait convaincus de lui verser chaque mois de quoi respirer à Buenos Aires. Après tout, sa seule vocation visible avait été, et dès l’adolescence, de fuir le plus loin possible de sa famille. Internet, malgré une connexion aléatoire, avait été sa bonne fée.