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Critique de kielosa



C'est notre amie "Tandarica" sur Babelio, pour l'état civil Gabrielle Danoux, qui a eu le courage de traduire cette oeuvre littéraire roumaine vers le Français, oeuvre qu'elle a qualifiée elle-même dans un message récent à votre serviteur de "dense" !
Et, en effet, en dépit du titre plutôt banal de "La poupée russe", l'ouvrage de Gheorghe Crăciun de 451 pages (en caractères relativement petits) est loin d'être une histoire simple, et donc la traduction ... une sinécure !
J'offre à notre amie l'expression de ma profonde admiration pour son travail titanesque et d'exquise qualité.
Par ailleurs, Gabrielle/Tandarica a également assuré la préface de ce monument littéraire. Par contre, pas les dessins, dont celui de la couverture, qui proviennent de la main de l'auteur.

Gheorghe Crăciun (1950-2007) est un grand nom en littérature roumaine. Diplômé en philologie de l'université de Bucarest, professeur de théorie littéraire à l'université Transilvania à Braşov, il a été un rénovateur de cette forme d'art avec de nouvelles approches expérimentales, polyphoniques et underground... Grand admirateur de notre Alain Robbe-Grillet (1922-2008), il en partage un style parfois légèrement alambiqué. Pas étonnant que malgré une production littéraire considérable, il n'existe, du moins à m'a connaissance, que 2 oeuvres traduites de lui en Français. Sa "Composition aux parallèles inégales", courageusement traduit par Odile Serre et donc "La poupée russe"par notre amie.

La traduction littéraire est une activité et aussi un art, malheureusement souvent sous-estimé, bien que certaines traductions offrent une qualité supérieure que la version originale, pour n'en citer qu'un seul fameux cas, Charles Baudelaire avec Edgar Allan Poe et leurs "nouvelles histoires extraordinaires".
Et puisque j'en suis au mot traduction, le titre en V.O. de poupée russe est "Pupa russa", non pas en Roumain où c'est "păpuşă", mais en Latin. le mot russe pour poupée est "kukla" ou "kukolka". Voir mon billet du roman de Lana Lux avec ce titre du 17 août dernier.

L'oeuvre de Gheorghe Crăciun est riche en clins d'oeil et trouvailles. Ainsi, le tout premier personnage qui nous est présenté, le censeur de l'école, s'appelle Kolontay...comme la révolutionnaire, ministre et ambassadrice russe, Alexandra Kollontaï (1872-1952). Les gamines de cette école ont rebaptisé leur lycée "gynécée" etc.

La protagoniste principale s'appelle Leontina Guran et fascine les autres écolières de ses beaux yeux verts, ses vêtements de bécasse d'occasion totalement démodés. Ce qui les laissent le plus sidėrėes tout de même sont ses mains longues, fines de pianiste, et ses belles jambes de pin-up dignes d'un catalogue Neckermann.

Nous suivons tout un groupe de jeunes dans ce pays communiste, où le tank soviétique est considéré, officiellement du moins, "une machine pourvoyeuse de paix" et où parfois bizarrement un père disparaît pour une paire d'années et revient "faible et voûté". Sur fonds d'intrigues, l'auteur, en passant, presque mine de rien, nous offre des petites leçons d'histoire et de géographie de son pays.

L'héroïne, Leontina Guran, est une basketteuse à succès qui évoque naturellement le phénomène olympique roumain qui a tant fait rêver : Nadia Comăneci, née en 1961 à Oneşti en Moldavie. Son nom n'est jamais explicitement mentionné, mais il est évident que l'ombre de la grande gymnaste plane sur la Roumanie de ces années 1975-1984.
Sur la base de son ouvrage autobiographique de 2004 "Letters to a Young Gymnast" , j'ai brossé un portrait de cette athlète légendaire le 14 juillet 2017, auquel je me permets de vous renvoyer.

Le seul bémol de cet ouvrage, à mon avis, ce sont les trop fréquents et trop longs passages érotiques de Gheorghe Crăciun sur ses poupées roumaines.

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