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Critique de Lamifranz


A. J. Cronin était écossais. Et il était médecin. Il n'est donc pas étonnant que la médecine et l'Ecosse figurent en filigrane parfois, en pleine lumière souvent, dans la plupart de ses ouvrages.
La Citadelle (1937), un de ses plus grands romans avec Les Clés du royaume, est une oeuvre à forte connotation autobiographique. En quelques mots voici le "pitch" (comme les disent les bons Français qui ignorent le sens des mots "présentation", "résumé, "scénario" ou "synopsis")
1924. Frais émoulu de l'Université écossaise de Dundee, André Manson prend son premier poste dans une petite ville minière du Pays de Galles, Blaenelly, en tant qu'assistant du Docteur Page. Les débuts commencent mal. le docteur Page est immobilisé dans son lit par une grave maladie. Sa femme, autoritaire et avare, mène la vie dure à André, qui se lance à corps perdu dans le travail. Idéaliste et courageux, il se fait des amis chez les mineurs, décroche l'intérêt puis l'amitié de son confrère le misanthrope Philippe Denny, et trouve l'amour chez l'institutrice du village, la jolie, douce et intelligente Christine Barlow. Mais les conditions de travail sont trop dures, il postule et obtient une place dans un hôpital à Aberalaw une ville plus importante et mieux située. Il épouse Christine et commence une ascension professionnelle qui l'amènera jusque dans les beaux quartiers du West-End de Londres. Il réussit à se faire connaître du grand monde grâce à son travail sur les maladies pulmonaires dans le milieu minier. Mais les difficultés s'accumulent : le bel enthousiasme du début s'est effacé au profit de l'ambition, du désir effréné d'acquérir une riche clientèle; les compromissions, la fréquentation de confrères corrompus, la perte de tous ses repères moraux l'amènent au bord du gouffre. Sa femme le quitte, lui-même est accusé d'avoir plagié un physiologiste américain dans son rapport sur la silicose. Lors d'une opération ratée, il touche du doigt sa propre déchéance, et tente de revenir à ses premiers principes. Sa femme revient, mais elle meurt dans un accident de la circulation. Finalement il est reconnu innocent dans son procès.
La Citadelle est un roman profondément social. La misère des mineurs gallois est palpable, et sert à l'auteur pour dénoncer l'absence ou l'incurie des services médicaux dans ce secteur. le réalisme des scènes souligne l'injustice, voire l'indignité de certaines situations, et permet à Cronin de montrer, sans aucune mièvrerie la compassion qu'il éprouve pour ses personnages.
C'est aussi un formidable roman psychologique : on aurait pu le sous-titrer "Grandeur et décadence d'un médecin dans les années 20". André Manson est viscéralement un idéaliste, qui a une idée très précise - et très haute - de sa mission. Mais le prix à payer pour la réussite est lourd, très lourd. André en fera l'amère expérience.
Enfin, comme souvent chez Cronin, La Citadelle est une belle galerie de personnages qui ne vous quitteront pas de sitôt : André et Christine, bien entendu, Philippe Denny, misanthrope au grand coeur, Tom Boland, le dentiste extravagant affublé de sa smala, le pathétique docteur Page, réduit à regarder les oiseaux sur sa fenêtre… et tous les "méchants" Blodwen Page, les médecins, tous plus corrompus les uns que les autres, la palme étant pour le docteur Ivory, boucher en chef de l'hôpital.
Bien qu'écrit en 1937, le roman est toujours aussi facile à lire. le style, fluide et direct, sert admirablement les vues de l'auteur.
A lire. Et à relire.
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