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Citations sur La plus grande ruse du Diable (7)

Préface
Yves-Daniel Crouzet est diabolique. Il n’est pas le Malin, bien sûr, mais il est malin. Rusé. Depuis un peu moins d’une dizaine d’années, il écrit et publie des nouvelles fantastiques dans différents supports, constituant, sans en avoir l’air, une œuvre impressionnante. « Le réveil », soumis pour l’édition 2008 de Ténèbres, mon anthologie annuelle de fantastique et d’horreur, a été mon premier contact avec le « style Crouzet », une histoire horrible teintée d’humour très noir (elle n’est pas reprise dans La Plus grande ruse du diable, mais il m’en reste en stock, alors vous savez ce qui vous reste à faire…) Trois ans plus tard, rebelote ! Le bougre me propose « L’ombre sur le palier » pour Ténèbres 2011. Cette fois encore, il s’inspire du quotidien pour mieux en dévier vers l’étrange, le surnaturel (cette nouvelle n’est pas non plus reprise dans ce recueil, alors…) Ensuite, il va poursuivre son lent travail de sape, m’abreuvant de textes de qualité, jusqu’à ce jour fatidique du 10 janvier 2013 (j’ai noté la date) où je reçois un email de sa part avec cinq (cinq !) nouvelles pour Ténèbres 2013. Déjà, je crains le pire. Dans la semaine qui suit, je lis les textes en question, et je sais immédiatement que je suis foutu : ils sont tous bons ! Pourquoi tant de haine ? Yves-Daniel Crouzet est diabolique. Le 18 janvier 2013 (je vous l’ai dit, j’ai noté les dates, j’ai gardé les preuves, si je plonge, il plonge avec moi), je lui propose de publier un recueil qui comprendra les nouvelles qu’il vient de m’envoyer, plus une sélection de son œuvre fantastique, sous forme de rétrospective. Voilà comment il est arrivé à ses fins. Yves-Daniel n’est pas seulement diabolique, il est patient.
Il s’est déjà taillé une belle réputation dans le domaine du polar (son roman, Les fantômes du Panassa, a été le Coup de cœur du jury du Grand Prix du roman de l’été Femme Actuelle en 2009), mais quand il écrit des nouvelles, son genre de prédilection est le fantastique. Comme je l’ai dit plus haut, Yves-Daniel Crouzet aime puiser son inspiration dans le quotidien (un panda en peluche trouvé dans la rue, un pigeon qui agace un fonctionnaire un peu maniaque…) pour mieux plonger son lecteur dans le bizarre, le surnaturel, parfois même l’horreur ou le gore, mais toujours avec sa voix bien particulière, une petite musique qui promet un voyage vers l’inconnu.
Yves-Daniel Crouzet est diabolique. Non content de m’avoir entraîné dans cette aventure qui se sera étalée sur plus d’un an (relectures, corrections, rédaction de notes par l’auteur pour chacune des nouvelles), il n’aura pas arrêté durant cette période de m’envoyer de nouveaux textes (certains ont été ajoutés au recueil dans les semaines qui ont précédé la rédaction de cette préface). Le projet qui, au départ, devait compter dans les 220 pages en fait près de 300, et comprend dix-neuf récits fantastiques écrits entre 2003 et 2013. Malheureusement, je crains que ça ne suffise pas à apaiser la soif de publication de ce monstre prolifique et talentueux. Mon Dieu, je suis persuadé qu’il prépare déjà le tome deux…
Yves-Daniel Crouzet est diabolique. Mais comment résister à la tentation ?

Benoît Domis
Nancy, le 8 février 2014
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J’ai été comme vous, moi aussi. Belles voitures, belles gonzesses, belles maisons. Mais je ne regrette rien de cette époque. À part peut-être, les petits restos sympas et les voyages à l’étranger. Vous savez ce genre de pays où on peut se procurer de la chair fraîche sans difficulté et, surtout, sans risquer de se retrouver en prison ! Bon Dieu, j’en ai bien profité. Non, je ne regrette rien. C’était une autre vie. Factice. Superficielle. Mensongère.
Aujourd’hui, je suis dans la réalité. Je sais ce que c’est que de se battre pour survivre. J’apprécie chaque instant comme si c’était le dernier. Je connais le bonheur du loup qui plante ses crocs dans la chair de sa proie encore frétillante. Je sais le bonheur du gladiateur qui voit le sang de son ennemi rougir le sable chaud de l’arène. Je suis redevenu un prédateur, un chasseur, un animal. C’est bon de vivre en mode binaire, vous ne pouvez pas imaginer ! Sans se poser d’inutiles questions. Sans s’embarrasser l’esprit avec la morale séculaire et la loi des hommes. Sans se faire des nœuds dans la tête. Survivre. Un concept formidable. À bas cette connerie de pyramide de Maslow ! Je n’ai pas besoin qu’on m’aime et moins encore qu’on m’estime. Je ne me soucie plus d’un quelconque accomplissement personnel. Qui suis-je ? Un animal ! Pourquoi suis-je sur terre ? Pour tuer ! Quel est mon but ? Survivre ! Quel est mon avenir ? Mourir ! Simple ! Aussi simple et limpide qu’une lame d’acier courant sur une gorge fragile. Quand on a accepté ça, on n’a plus peur de rien. De rien ! Les Autres, la Loi, Dieu, le Diable…, on s’en fout ! On est débarrassé de cette boule au ventre qui accompagne l’être civilisé. On est bien.

Extrait de « A vot’ bon cœur ! »
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Quand les médecins lui avaient annoncé qu’il était atteint d’un cancer incurable, Charles Edberg avait réagi de façon habituelle : par une explosion de colère. La colère avait toujours été le carburant principal de Charles Edberg. Elle stimulait son imagination puis, en s’apaisant, devenait réflexion, stratégie et action. Son empire industriel – sa vie elle-même – avait été bâti sur cette humeur. Une fois celle-ci estompée, il avait abordé la perspective de sa mort comme un nouveau problème à résoudre. « Il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions ! » était l’une de ses devises favorites. L’appliquer à la mort elle-même lui était apparu logique et élémentaire.

Extrait de « La transmigration de Charles Edberg »
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Le ciel s’était obscurci. De gros nuages noirs l’encombraient. Il n’y avait plus d’animaux à présent. Plus de forêt. Ou plutôt si : une affreuse forêt faite de troncs desséchés qui tendaient leurs branches griffues vers elle. L’herbe elle-même avait disparu. Une terre sèche et grise, poussiéreuse, volatile, lui avait succédé, plantée ici et là de bosquets d’épineux.
L’étang s’était subitement asséché. À l’intérieur ce n’étaient plus de gentilles truites qui nageaient, mais d’énormes sangsues qui grouillaient les unes sur les autres, ouvrant leur bouche de lamproie avide de sucer le sang.
Seule la chouette demeurait là. Sauf, que ce n’était plus vraiment une chouette, mais le squelette d’une chouette.
— Le royaume des songes réserve bien des surprises, croassa le sinistre volatile. La vérité et le mensonge sont les deux faces d’une même médaille. La réalité et le rêve aussi.
— Je ne comprends pas ! gémit la petite fille. Je veux les oiseaux et le grand cerf. Et le renard et les petits lapins !
— Les lapins sont des Griffus qui sommeillent ! répondit sentencieusement la chouette.

Extrait de « Les Griffus »
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Le mal. Le bien. Depuis trente ans, Lopez affrontait quotidiennement le premier. Quant au second, il l’avait si rarement rencontré qu’il doutait de son existence. Ce n’était qu’un mythe. Mieux : une invention roublarde qui n’avait d’autre fonction que d’éviter que le chaos se répande dans les rues.
Le mal était partout, voilà la vérité. Dans ce salon, mais aussi dans toute cette foutue ville et sur toute cette putain de planète.
Le lieutenant Verbeck tenait toujours le livre. Ses lèvres sans grâce s’agitaient comme si elle essayait de lire ce qui était écrit. Aussi improbable que cela puisse paraître, bientôt elle se mit à émettre de curieux sons bas et sourds, à mi-chemin de la plainte et du grognement.
— Arrêtez ça ! s’exclama le commissaire.

Extrait de « Scène de crime »
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Son visage rond et bouffi tourné vers l’astre lunaire, ses yeux brillant d’une étrange et inhabituelle exaltation, Blanche marcha lentement vers le milieu de la cour en proie à une extase silencieuse. Au centre de cette aire, délimitée par le corps d’habitation, les écuries et la grange, elle s’immobilisa. Pendant quelques secondes, Jules crut qu’elle allait soudain s’élever dans le ciel, pareille à un ballon de fête foraine. Son ventre distendu était dressé devant elle comme la proue d’un vaisseau fantôme repoussant un océan de ténèbres. Ses bras se tendirent vers le firmament, avirons blafards marqués de squames brunâtres. Sa bouche s’ouvrit sur un cri inaudible. Ses reins se cambrèrent selon un arc formidable qui poussait davantage encore en avant l’abdomen dilaté.
Il y eut alors un bruit infime, comme le déchirement d’un voile de gaze, suivi d’un imperceptible sifflement, et sous les yeux effarés du paysan une nuée de fines particules jaillit du ventre de la jeune femme. Par volées successives des milliards de spores, étincelants sous la clarté lunaire, furent projetés dans les airs en formant de spectaculaires arabesques.

Extrait de « Blanche »
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J’ai vu un Chat, une fois. De loin. Eh bien, ça ne ressemble pas à un chat. Mais alors pas du tout. Il était tapi dans l’ombre d’un immeuble. Ses yeux étaient rouges et brillants comme le bout d’une cigarette. Il était grand et sombre. Il se tenait sur deux pattes très longues et très maigres. Des pattes bizarres, avec les genoux à l’arrière, si vous voyez ce que je veux dire. Comme s’ils étaient montés à l’envers. Du mauvais côté. Et puis, il avait de grandes oreilles pointues.
On aurait plus dit un loup qu’un chat, c’est sûr ! Mais un loup qui se serait tenu debout, en équilibre sur ses pattes de derrière. Je ne l’ai pas très bien vu, car papa m’a brusquement tiré par le bras et on est vite rentrés à la maison où on s’est barricadés. Vite, vite !
C’est le seul que j’ai jamais vu. Heureusement.
Si on ne les voit pas, on les entend par contre souvent. Ils rôdent la nuit en poussant de drôles de cris qui commencent comme des jappements de chiens et se terminent comme des cris de bébés.
Leurs cris me font peur et ils m’empêchent de dormir. Ils me font faire des cauchemars aussi. Presque toutes les nuits. C’est de leur faute si je fais parfois pipi au lit.

Extrait de « Cat people »
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