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Critique de jamiK


Bien sûr Monsieur Proust, bien sûr qu'il s'agit de Marcel, le célèbre écrivain. Ce roman graphique raconte l'histoire de sa relation avec Céleste, sa secrétaire, servante, femme à tout faire. Donc à priori, Il ne s'agit pas à proprement parler d'une biographie de l'auteur, après tout, il se déballe bien assez dans ses romans, il s'agit plutôt de celle de Céleste, dont le rôle est pourtant de rester en retrait.

Le dessin est tout en traits fins, dansants, aériens, travaillé en aquarelle proposant des images claires, les blancs sont imposants, les couleurs pâles et légères, les taches noires comme des silhouettes distribuées dans la mise en page rythment le récit. Il y a un côté précieux dans ce graphisme, il reste furtif et léger, on ne s'appesantit pas sur les décors, il fait ressortir les postures, celle un peu coincée de Céleste, et celle parfois lyrique et exubérante de Marcel Proust qui s'étale dans la page puis brusquement se recroqueville tel un vilain petit canard maladif. C'est très chorégraphique, de la danse contemporaine, sans froufrous, avec des mouvements fins et doux, un ensemble sobre et juste, avec une force discrète mais bien présente.

J'ai bien cru que je n'arriverai pas à apprécier ce dandy maniaque et lunatique, ce rentier égoïste. Dans ses premières apparitions, on se dit : mais quel con ! On côtoie un bourgeois insupportable et pourtant, il va se révéler touchant et fascinant par la suite. Chloé Cruchaudet a réussi à retransmettre les émotions de Céleste, ses peurs, ses angoisses, et paradoxalement son admiration, sa tendresse pour son écrivain. Et puis on finit par la comprendre. L'oeuvre, la prose, les intentions de Marcel Proust surgissent entre les anecdotes.

Je me dis qu'un roman graphique sur un célèbre auteur qui ne donne pas envie de lire son oeuvre est raté dans une certaine mesure. Et bien là, cela va au-delà de mes espérances, celui-ci parvient à éveiller ma curiosité. C'est là que se tient la prouesse de l'autrice, on tombe, comme Céleste, hypnotisé par ce personnage qu'on aurait pourtant aussi envie de baffer.

J'ai envie de dire vivement la suite. Et depuis le temps que je me dis qu'il faudrait que je me lance un jour dans la lecture de ses romans, l'urgence a de nouveau rejaillit, mais l'ascenseur interne de ma PAL (Pile À Lire, jargon babélionaute) surchauffe sérieusement en ce moment !
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