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Critique de LoupAlunettes


Le début du roman est prometteur, une ambiance singulièrement polar au XIXème siècle.

Le jeune inspecteur Alexandre Delage, 25 ans, se rend sur les lieux d'un crime à Paris, avec son supérieur l'inspecteur principal Dubon.



Le crime cotoie grandement la vie de quartier, on le verra, et les enquêteurs devront hélas venir constater un nouveau crime de femmes. Ils écarteront l'hypothèse d'un amant jaloux sur le meurtre de la couturière Fraisine Maillet, 29 ans.

C'eût été habituellement l'hypothèse la plus simple si certains détails ne venaient pas contredire la facilité de jugement.

Nous ne serions pas loin du "Mystère de la chambre jaune" de Gaston Leroux, avec ce nouveau crime dans une pièce close de l'intérieur.

Catherine Cuenca, qui nous mitonne régulièrement de très bonnes intrigues historiques pour la jeunesse, place ici un cadre particulièrement solide, proposant déja de grandes tensions et de multiples suspects possibles sans pour autant les connaître déja.



Les énigmes et intrigues principales vont tourner autour de la cause féminine.

Nous sommes en 1849, l'auteure nous intègre dans une vraie révolution et une émancipation féminine qui ne seront pas du "bon" goût de tout le monde, au début de cette Seconde République.

C'est la fin d'une Monarchie, les esprits réclament du changement mais pas trop quand même.

Certaines femmes ne cèderont pas devant les promesses non tenues d'une République sociale.

Partant de là, toutes les femmes du roman apparaitront comme des personnages courageux, dangereux mais aussi des cibles potentielles.

Frisson.

C'est en effet l'heure à l'audace et une femme se présente aux élections législatives de Paris.

L'événement, vrai catalyseur de passions, sera un peu l'excuse pour restituer une posture d'époque. Différents personnages interviendront au fil des enquêtes, ils reflèteront les différents enjeux à l'élection ou l'éviction de l'audacieuse candidate.

Certaines femmes se dégageront du lot.

Léa Caron, qui trouvera son voisin mort à son domicile. Elle est l'ex-épouse d'un mercier bourgeois. Elle perdra la garde de sa fille sur des raisons d'adultère à la séparation et subviendra désormais à ses besoins comme voyante. Les multiples écarts de son époux n'auront pas penché pas dans la balance.



Julie, vendeuse à la mercerie Caron. Elle signale la disparition de sa collègue Sidonie. Elle illustre des heures de travail harassantes pour le même prix et avec peu de reconnaissance.

Elle créera un lien entre l'enquête et la campagne.



Les chapitres alternent d'un personnage à l'autre et nous trépignons dans l'attente que les différentes se croisent. Car il ne peut en être autrement.



L'inspecteur Alexandre nous apparait comme un personnage intéressant. C'est un ex-petit malfrat étroitement concerné, selon nous, par l'idée de l'émancipation et la prise en main de son destin. Il est à l'image d'un Vidoq.

Il est efficace mais les traditions ont la dent dure, le personnage le sait bien.



L'auteure usera d'une stratégie narrative très habile pour apporter progressivement du suspens, faisant intervenir entre les personnages un prédateur de femmes. Il croisera d'ailleurs une de ses proies devant le pas de porte de la Mercerie.

L'identité de ce triste personnage seul ne comptera pas uniquement, nous attendrons de voir qui tombera dans ses filets et si, bien entendu, les démarches électorales ne vont pas attiser le feu du prédateur.

N'y aura t-il d'ailleurs qu'un prédateur à craindre?

Nous serons captivés par les avancées de cet élan vers le changement.

Les arguments avancés par la candidate imaginaire sont intéressants.



Il y a donc plusieurs biais excitants à saisir par le lecteur, de quoi lui donner envie d'aller au bout du roman.

Catherine Cuenca arrive à ne pas forcer le trait maladroitement pour ne pas déservir son intention.

C'est au contraire passionnant et l'intervention de la médium dans les affaires va ajouter du sel car les visions nécéssiteront des faits, sinon des preuves.

Un roman réellement captivant.
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