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Critique de Eric75


Conan Doyle avait fourni la piste dans « Son dernier coup d'archet » et « La crinière du lion » : pour ses vieux jours, Sherlock Holmes coule des jours paisibles en élevant des abeilles dans un petit coin des South Downs au sud de l'Angleterre, jouissant d'un joli point de vue sur la Manche. La dernière enquête du canon holmésien est datée de 1914, à la veille de la première guerre mondiale, Holmes met hors d'état de nuire un espion du Kaiser. Sherlock Holmes, né en 1854, a alors 60 ans, et c'est son dernier coup d'archet !
Mitch Cullin pousse le bouchon beaucoup, mais alors beaucoup plus loin, et propose… Allez, pourquoi pas une dernière petite aventure de Sherlock Holmes aux alentours de 1947 ? Un bon vieux Sherlock de 93 ans ? Que voulez-vous, Conan Doyle n'ayant pas osé faire mourir Sherlock Holmes une seconde fois, il n'a pas officiellement daté l'année de son décès – ça devait pourtant le démanger fortement, on sait qu'il avait fini par haïr son personnage – et ce bon Mitch en profite.
En 1947, le Dr Watson, le fidèle ami de toujours, est mort depuis longtemps. Mycroft, l'inspecteur Lestrade, Mrs Hudson, Wiggins, les Irréguliers, ont quitté ce monde depuis des années. Quand à Moriarty n'en parlons pas, il n'est jamais ressorti des chutes du Reichenbach (sauf dans le livre de John Gardner).
Holmes vit donc avec ses souvenirs...
Et Holmes, hélas, est devenu un peu gâteux.
On lui a connu des jours meilleurs (normal, vu son grand âge). Holmes perd la mémoire, oublie le contenu de ses poches, note tout sur des petits bouts de papier, se déplace avec deux cannes, porte une barbe et des cheveux longs, n'hésite pas à piquer un petit roupillon de temps en temps et oublie où il est à son réveil, est intransigeant avec ses domestiques.
Holmes voyage, il est invité au Japon pour un dernier conseil et se rend à Hiroshima.
Holmes tente de rédiger une aventure oubliée, jamais publiée par Watson, tellement décousue que j'avoue n'avoir pas compris grand-chose à cette histoire « d'orgue de verre » (il est vrai que Holmes n'a jamais prétendu posséder le talent littéraire de Watson).
Tout ceci ne suffit pas à faire des Abeilles de Monsieur Holmes un bon roman policier, même si c'est incontestablement un bon roman sur la grande vieillesse. A mon avis, Mitch Cullin aurait très bien pu écrire son roman sans utiliser le personnage de Sherlock Holmes. Néanmoins, Sherlock Holmes est un personnage bien pratique pour ce genre d'histoire car 1) on connaît bien son passé, sa vie et son oeuvre, et 2) c'est un personnage de fiction, pas besoin de coller à la biographie d'un personnage réel. Au bénéfice du doute, je retire, de justesse, l'argument : « Sherlock Holmes fait vendre » car Mitch Cullin semble assez bien maîtriser le canon et sa volonté de contribuer au mythe holmésien paraît sincère.
Pour conclure, les Abeilles de Monsieur Holmes ont certes pour mérite, dans l'univers holmésien, de combler une lacune en proposant une brique qui manquait jusqu'alors, mais... I'm afraid, Watson that this is not a thriller… Ce n'est pas un roman policier ! Léger oubli que l'on ne peut imputer à Alzheimer mon cher Watson, le seul coupable, c'est Cullin ! Quel culot !
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