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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Au Mexique, la ville d'Acapulco n'est plus la station balnéaire paradisiaque qu'elle était jadis. Aujourd'hui, elle subit le joug de cartels de la drogue ultra-violents, qui se déchirent pour le pouvoir, l'argent et le territoire, et les habitants en sont souvent les victimes collatérales, soit qu'ils tombent directement sous les tirs croisés, soit qu'ils subissent les conséquences économiques de cette violence : effondrement du secteur du tourisme, racket des petits commerçants par les narcos, impuissance ou corruption généralisée des autorités. le danger est désormais présent partout, tout le temps et pour tout le monde, mais encore plus pour les journalistes téméraires (lire : suicidaires) qui persistent à enquête sur les cartels. Tel est le cas pour Sebastián, assassiné avec une douzaine de membres de sa famille lors d'une fête d'anniversaire. Seuls sa femme Lydia et son fils Luca, 8 ans, en ont réchappé par miracle. Mais Lydia sait que le cartel va revenir pour les tuer eux aussi, alors elle n'a d'autre solution que de fuir le Mexique et d'essayer de passer aux Etats-Unis. Et pour éviter de laisser des traces qui permettraient au cartel de les localiser, il faut renoncer à utiliser téléphone, internet, cartes de crédits, passeport, avion, autocar... le seul moyen, paradoxalement le moins "dangereux", est de se fondre dans le flux de migrants qui remontent l'Amérique centrale en direction du nord et de voyager clandestinement, à pied ou sur le toit d'un train de marchandises (surnommé « La Bestia », un nom méchamment évocateur), avant de tenter de passer la frontière et traverser le désert avec un passeur. Un périple au cours duquel tous les dangers et toutes les horreurs sont possibles.

Grand succès de librairie aux Etats-Unis, « American dirt » a également fait l'objet d'une polémique, parce que écrit par une Américaine blanche sans racines mexicaines ou latinos, et en conséquence taxée d'appropriation culturelle illégitime. Je n'ai pas d'avis sur la question, sauf que l'auteure s'est manifestement documentée sur son sujet, que ce qu'elle raconte à propos du parcours épouvantable de ces migrants semble tout à fait plausible, et que sa démarche paraît sincère.

Là où je coince un peu, c'est sur la façon dont elle raconte cette histoire. Son écriture m'a semblé par moments tellement scolaire, appliquée, naïve, qu'elle échoue à susciter la compassion, l'effroi ou l'horreur qu'elle recherche. Avec la conséquence que je n'ai pas éprouvé d'empathie pour les personnages qui, par ailleurs, sont un peu caricaturaux : Lydia est intelligente, belle, cultivée et était vaguement amoureuse sans le savoir du chef du cartel qui a abattu son mari, Luca est très intelligent, très mignon et étonnamment mature pour son âge, les deux jeunes soeurs Honduriennes qu'ils rencontrent pendant le voyage sont hyper-belles, hyper-solaires et hyper-courageuses. Fallait-il en plus que tout cela se termine en happy-end peu subtil, et que le texte soit parsemé de mots et d'expressions en espagnol pour faire plus authentique ?

Je ne remets évidemment pas en question la tragédie vécue par les migrants sud-américains (et les autres d'ailleurs), dont le désespoir et la détermination sont déchirants, ni le fait qu'il est nécessaire de parler et d'écrire sur ce sujet. Ce roman, malgré qu'il soit un peu long, répétitif et prévisible, a le mérite de rendre hommage à ces damnés de la (leur) terre. de là à comparer l'auteure (comme le fait Don Winslow) à John Steinbeck, c'est une autre histoire.

En partenariat avec les Editions 10/18 via Netgalley.

#AmericanDirt #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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