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Critique de Zebra


Zebra
31 décembre 2012
L'histoire :
Nous sommes dans les montagnes Rocheuses, en pleine nature sauvage, au début du XXe siècle. Deux chasseurs - Jim et son ami Bruce - sont sur les traces de Tyr, un grizzly d'une taille et d'un poids impressionnant. Les hommes le traquent pour sa peau, mais rien n'y fait : l'animal les fuit et les sème, parcourant monts et vallées. Mais c'est sans compter sur l'Indien Metoosin et ses chiens, venus rejoindre les deux chasseurs. le trio se met en piste pour venir à bout du colosse. Tyr tient tête aux chiens les plus courageux pour protéger Muskwa, un ourson orphelin qu'il rencontre par hasard, affamé, apeuré et solitaire, errant pour retrouver sa mère partie chasser les loirs. Se sauvant devant l'avancée inexorable des hommes, Tyr et Muskwa rencontrent en chemin Iskwao, une ourse avec laquelle il avait jadis sympathisé. Muskwa en profite pour s'essayer au jeu avec le petit d'Iskwao, un ourson un peu plus âgé que lui. Dans leur fuite, Iskwao et Tyr viennent à être séparés. Soudain, Tyr fait face à Jim désarmé (en fait, il a cassé sa carabine en dégringolant d'un rocher), Tyr l'épargne et lui tourne le dos. du coup, Jim refusera de tuer le grizzly et relachera Muskwa, fait un temps prisonnier du trio.

Quel passage faut-il retenir ? il est difficile de choisir un passage de ce livre car tous dégagent une émotion et portent un message particulier. Les moments de complicités entre Tyr et Muskwa sont particulièrement touchants. Les scènes de chasse, mettant en oeuvre les chasseurs et les chiens ne le sont pas beaucoup moins. La scène où l'un des chasseurs fait découvrir à Muskwa le goût du lait condencé nous émeut. Et que dire de la scène du pardon accordé par le grizzly à son tueur ou de la scène où Tyr prépare Muskwa à l'arrivée de l'hiver canadien.

Mon opinion :
Le lecteur a entre les mains un superbe roman d'aventures qui se lit comme on regarde un film, mais pas n'importe quel film, le film "L'ours" de Jean-Jacques Annaud (1988), film qui a reçu le César du meilleur réalisateur et qui est la transposition à l'écran de l'ouvrage de Curwood : tout y est, depuis la description des montagnes, des pics et des neiges froides où règnent en maîtres absolus l'aigle, le bouquetin, la chêvre sauvage, jusqu'aux forêts profondes et aux lacs où nagent les truites sauvages et travaillent les castors. Sans parler des bruits du vent qui souffle entre les pins, du tonnerre qui gronde et fait exploser la montagne, de la pluie qui se déverse comme un déluge sur la tête des hommes et des bêtes. Et puis ce sont les senteurs des fleurs des montagnes, des racines fraîchement déterrées, de l'humidité qui s'est installée dans les creux et les arbres morts.

Le lecteur a également entre les mains une véritable aventure sentimentale, celle d'un ourson orphelin, inconscient et maladroit, qui est adopté par un ours solitaire. Tyr fera avec lui l'apprentissage de la vie et du mal, un mal que personnifient les chasseurs lancés à leurs trousses. C'est aussi l'aventure de l'un de ces chasseurs qui prendra peu à peu conscience de la dignité de la vie animale et de la futilité de la chasse.

Curwood explore dans ce livre beaucoup de sujets : la paternité, l'amitié, la folie des hommes, la lâcheté, la pureté de la nature, l'intelligence si facilement brisée par la bêtise. Il s'agit d'une fable émouvante et bien construite qui explore dans un parcours initiatique les penchants de l'âme humaine à travers le regard d'un animal innocent. Tantôt traumatisant par la mort de la mère de Muskwa et par les blessures profondes infligées à Tyr et aux chiens, tantôt amusant, espiègle ou émouvant, "Le Grizzly" donne un sens à la bonté des actes humains. Malgré ses griffes et ses pattes, les plantigrades, à notre image, suivent leur propre route. Croisant leurs chemins, l'homme - animal supposé supérieur - apprend la compassion, le respect, et trouve la rédemption.
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