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Critique de Souslesgalets


J'ai une grande tendresse pour Catherine Cusset, qui m'avait enchantée avec "Le Problème avec Jane" (je venais de commencer ma thèse, il tombait à point), qui m'avait fait sourire avec "Confession d'une radine", qui m'avait émue avec "Un brillant avenir". Catherine Cusset est une romancière brillante qui sait écrire les tréfonds de l'âme et du corps. Bref, je la lis toujours avec plaisir.

Je suis tombée par hasard mercredi sur "New-York, journal d'un cycle", en édition poche. Pour être honnête, je n'en avais pas entendu parler à sa sortie.

Étrange livre que celui-là qui est à la fois une chronique new-yorkaise, le récit de la frustration de ne pas tomber enceinte quand on le souhaite, et une ode d'amour à son vélo. Cusset joue avec les mots: le cycle du temps new-yorkais, les cycles d'ovulation et la bicyclette. Bref comme toujours, elle sait tourner et retourner son sujet.

On ne peut être insensible à cette étrange plainte que nous avons connue ou entendue autour de nous, ce gémissement qui touche au désir d'enfant, tellement douloureux quand il n'arrive pas: le calcul des jours, les décevants tests de grossesse, la tension conjugale, le rapport aux désirs de l'autre... Elle écrit à la frontière entre l'enfant gâtée qui veut un bébé maintenant et tout de suite et la femme en souffrance qui laisse surgir des démons enfouis (et Catherine Cusset a vécu du lourd de ce côte là!). Tout cela est juste, cru mais sans impudeur.

Son regard sur New-York laisse plus dubitatif, elle décrit la ville comme un grand axe de circulation où automobilistes, cyclistes et piétons se disputent l'espace. Je n'y ai vu que du bruit, du béton, de l'acier, un danger potentiel et des couleurs grises noyées dans une effervescence; et cela ne répond pas forcément à l'image que l'on s'en fait. Ce qu'il y a de plus étrange dans ce récit, c'est l'ode au vélo qui m'a, je dois le dire, beaucoup touchée. le vélo comme un instrument de liberté et de contrôle de soi, comme une part d'intimité de la romancière. Et singulièrement, elle y a joint une galerie de photos, égrenée entre les pages, qui apparaît comme un immense cimetière de bicyclettes. Une dizaine de roues accrochées à des réverbères, de vélos abandonnés, sans scelle, cabossés, démembrés, oubliés ...Elle s'en explique bien, mais ça m'a fait l'effet d'une désolation. Il y a quelque chose de triste dans ces photos posthumes de vélos new-yorkais.

Finalement, c'est un ensemble un peu foutraque de souvenirs d'enfance, d'adolescence, de fratrie, d'étudiante expatriée. Catherine Cusset livre tout cela, de manière un peu désordonnée, comme si elle faisait un peu de ménage dans sa tête et son coeur.

Peut-être faut-il bien connaître la romancière pour apprécier son récit.

Lien : http://souslesgalets.blogspo..
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