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Critique de glegat


Dans cet essai l'auteur s'attaque aux racines de la guerre et de la violence en général.
Le titre de ce livre est inspiré par l'article « 44 jeunes voleurs » publié en 1944 par John Bowlby médecin psychiatre et psychanalyste britannique (1907-1990). Article dans lequel il soutenait que ces jeunes gens étaient devenus délinquants parce que leur vie de famille était désorganisée. Cette théorie venait à l'encontre des idées d'après-guerre qui attribuait la délinquance à des tares héréditaires. Un long chemin a été parcouru depuis et Boris Cyrulnik s'inspire des travaux de Bowly et aussi des recherches et des expérimentations menées par les éthologues spécialistes du comportement animal. En s'appuyant sur ses vastes connaissances scientifiques dans le domaine de la neuropsychiatrie, mais aussi sur ses expériences personnelles, Boris Cyrulnik démontre l'importance de l'attention à porter à la petite enfance puis à l'adolescence pour donner à l'enfant un développement psychique équilibré. le cerveau a besoin d'interactions et de modèles pour se structurer et se développer harmonieusement. Il soutient que l'observation de la vie animale permet de mieux comprendre le comportement humain quoiqu'en disent ceux qui postulent que l'homme n'a aucun point commun avec les animaux. L'altération du milieu provoque une dysfonction cérébrale qui trouble la socialisation et explique la violence d'où l'importance de permettre des congés de maternité et de paternité longs et de faire en sorte que les métiers de la petite enfance reçoivent une formation théorique et pratique adaptée. D'autre part il souligne que les perturbateurs endocriniens ajoutés aux difficultés des parents, précarité, chômage, logement indignent, influent sur le développement des garçons en particulier. L'adolescent dont le cerveau a été mal façonné ne peut pas s'empêcher de passer à l'acte, de dérober un objet signifiant, de frapper quelqu'un qui le contrarie ou de s'autoagresser lors d'une pulsion de désespoir. Il commente au passage les idées de Freud, de Lacan, de Darwin et d'autres grands scientifiques sur le développement psychique de l'homme.

Dans une société où la violence et l'invective sont utilisées pour dominer autrui et imposer sa volonté, ce type de livre qui délivre un message simple est particulièrement bienvenu. Quand les enfants sont agressés physiquement, sexuellement ou verbalement, leur cerveau dysfonctionnel ne peut pas acquérir la maîtrise des émotions. Leur impulsivité les met sur le chemin d'une socialisation brutale et hors la loi. Il faut donc mettre en place des politiques sociales qui donnent les moyens nécessaires pour gérer la petite enfance et l'éducation tout en éradiquant les ghettos de pauvreté et donner aux parents les moyens de s'occuper de leurs enfants. Nous pouvons tous constater aujourd'hui que la répression est un outil plus utilisé que la prévention. Cette anomalie est sans doute liée à la tendance des politiques à gérer tout sur le court terme, à échéance d'élection.

Deux bémols à formuler sur cet essai :
1 - une certaine redondance d'un chapitre à l'autre, on ne sait pas si cette redondance est voulu pour renforcer le propos ou si elle est accidentelle. Mais cela ne m'a pas trop gêné.

2 - L'auteur n'a pas exploité suffisamment ses idées car il ne donne pas assez de pistes pour renforcer les institutions et mettre en place les structures sociétales nécessaires pour améliorer l'accompagnement des enfants dans leur développement psychique. Peut-être que cet aspect du sujet relevait de prises de positions politiques que l'auteur n'a pas souhaité évoquer.

– « Quarante voleurs en carence affective, bagarres animales et guerres humaines », Boris Cyrulnik, Odile Jacob (2023), 345 pages.
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