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EAN : 9782415003968
352 pages
Odile Jacob (06/09/2023)
3.76/5   23 notes
Résumé :
« Pendant les années de guerre, j’ai été privé de toute relation. Après la guerre, j’ai été placé dans une institution. Dans ce désert affectif, où la plupart des enfants s’éteignent, j’ai réussi à m’évader en découvrant les mondes animaux. Comme il n’y avait personne à rencontrer, je m’échappais par une déchirure du grillage pour aller parler au chien du voisin. Il m’accueillait avec joie quand je lui racontais mes malheurs. Ce chien m’a beaucoup aidé. Mes seules r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans cet essai l'auteur s'attaque aux racines de la guerre et de la violence en général.
Le titre de ce livre est inspiré par l'article « 44 jeunes voleurs » publié en 1944 par John Bowlby médecin psychiatre et psychanalyste britannique (1907-1990). Article dans lequel il soutenait que ces jeunes gens étaient devenus délinquants parce que leur vie de famille était désorganisée. Cette théorie venait à l'encontre des idées d'après-guerre qui attribuait la délinquance à des tares héréditaires. Un long chemin a été parcouru depuis et Boris Cyrulnik s'inspire des travaux de Bowly et aussi des recherches et des expérimentations menées par les éthologues spécialistes du comportement animal. En s'appuyant sur ses vastes connaissances scientifiques dans le domaine de la neuropsychiatrie, mais aussi sur ses expériences personnelles, Boris Cyrulnik démontre l'importance de l'attention à porter à la petite enfance puis à l'adolescence pour donner à l'enfant un développement psychique équilibré. le cerveau a besoin d'interactions et de modèles pour se structurer et se développer harmonieusement. Il soutient que l'observation de la vie animale permet de mieux comprendre le comportement humain quoiqu'en disent ceux qui postulent que l'homme n'a aucun point commun avec les animaux. L'altération du milieu provoque une dysfonction cérébrale qui trouble la socialisation et explique la violence d'où l'importance de permettre des congés de maternité et de paternité longs et de faire en sorte que les métiers de la petite enfance reçoivent une formation théorique et pratique adaptée. D'autre part il souligne que les perturbateurs endocriniens ajoutés aux difficultés des parents, précarité, chômage, logement indignent, influent sur le développement des garçons en particulier. L'adolescent dont le cerveau a été mal façonné ne peut pas s'empêcher de passer à l'acte, de dérober un objet signifiant, de frapper quelqu'un qui le contrarie ou de s'autoagresser lors d'une pulsion de désespoir. Il commente au passage les idées de Freud, de Lacan, de Darwin et d'autres grands scientifiques sur le développement psychique de l'homme.

Dans une société où la violence et l'invective sont utilisées pour dominer autrui et imposer sa volonté, ce type de livre qui délivre un message simple est particulièrement bienvenu. Quand les enfants sont agressés physiquement, sexuellement ou verbalement, leur cerveau dysfonctionnel ne peut pas acquérir la maîtrise des émotions. Leur impulsivité les met sur le chemin d'une socialisation brutale et hors la loi. Il faut donc mettre en place des politiques sociales qui donnent les moyens nécessaires pour gérer la petite enfance et l'éducation tout en éradiquant les ghettos de pauvreté et donner aux parents les moyens de s'occuper de leurs enfants. Nous pouvons tous constater aujourd'hui que la répression est un outil plus utilisé que la prévention. Cette anomalie est sans doute liée à la tendance des politiques à gérer tout sur le court terme, à échéance d'élection.

Deux bémols à formuler sur cet essai :
1 - une certaine redondance d'un chapitre à l'autre, on ne sait pas si cette redondance est voulu pour renforcer le propos ou si elle est accidentelle. Mais cela ne m'a pas trop gêné.

2 - L'auteur n'a pas exploité suffisamment ses idées car il ne donne pas assez de pistes pour renforcer les institutions et mettre en place les structures sociétales nécessaires pour améliorer l'accompagnement des enfants dans leur développement psychique. Peut-être que cet aspect du sujet relevait de prises de positions politiques que l'auteur n'a pas souhaité évoquer.

– « Quarante voleurs en carence affective, bagarres animales et guerres humaines », Boris Cyrulnik, Odile Jacob (2023), 345 pages.
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Quand j'ai emprunté ce livre, j'ai cru qu'il y avait une idée directrice derrière le titre un peu obscur, du coup j'ai été très déçue par cet ouvrage. Au début, j'ai trouvé quelques mises en perspective intéressantes, dans le domaine du comportement animal et humain. Puis c'est devenu assez décousu, avec des références aux pages précédentes (quand ce n'était pas des redites) sans que l'apport au raisonnement en cours soit bien clair.
Comme si la fin n'était qu'une compilation d'articles mis bout à bout pour faire des chapitres dont le contenu me paraissait étranger au titre.
Au final, pour découvrir la pensée de Cyrulnik, il vaut mieux lire un de ses ouvrages précédents !
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Livre passionnant sur les similitudes entre le développement des animaux et des humains. On se développe et on progresse en imitant sa mère ou tout substitut à celle-ci : le père. La grand-mère ou l'éducatrice maternelle. La non-stimulation d'un bébé peut mener à la violence des mots ou la violence guerrière. Les dictateurs cherchent à remplacer les figures parentales défaillantes par des moyens psychologiques et ils peuvent ainsi envoyer ces gamins qui n'ont pas de références morales à lutter au nom d'une idéologie. On tue alors pour l'amour d'une idéologie et de celui qui l'incarne.
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Livre érudit et très richement documenté qui traite plus de neuropsychiatrie que d'étologie. Les ponts jetés entre le monde animal et le monde humain sont finalement assez rares. le discours est relativement répétitif et ne suit pas de fil conducteur. Aucune pensée de fond n'y est développée.
Il s'agit d'un catalogue de faits scientifiques intéressants, certes, mais qui s'approche plus comme un dictionnaire que comme un récit. Je ne m'attendais pas à cela, ce qui explique ma note de 3,5/5
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Ouvrage intéressant mais les informations/données sont répétées à plusieurs reprises ce qui rend la lecture peu agréable. Que de redondances...C'est toutefois un livre interessant qui a le mérite de déliter la parole d'une doxa toute puissante et pourtant impuissante, qui refuse d'être remise en question.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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critiques presse (1)
OuestFrance
04 septembre 2023
Un ouvrage qui sonne comme une mise en garde devant la montée des totalitarismes.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
La représentation d'un cerveau de plus en plus complexe, qui matérialiserait une échelle d'intelligence, partant de l'amibe idiote pour aboutir à l'homme génial, est un leurre explicatif qui a engendré un contresens tragique : le cerveau supérieur est celui de l'homme et, parmi ces hommes, le "plus supérieur" est celui de l'homme blond au crâne allongé des aryens nazis. Cette tromperie prétend aussi que le cerveau des "nègres" est proche de celui des gorilles.

Les animaux ne sont pas d'accord. Ils nous apprennent que l'évolution n'est pas linéaire, elle est buissonnante. (...) Devons-nous admettre que les orques et les dauphins, grâce à une communication sonore riche et nuancée, se coordonnent pour chasser, nager en groupes synchronisés, s'occuper des petits, faire la sieste en position verticale et dormir allongés sur un côté, sont plus intelligents que nous qui ne savons pas faire tout cela ? (...) Le ver de terre, qui sait forer le sol bien mieux que nous, la bactérie phosphorescente, qui utilise la moindre lumière, l'éléphant, qui se sert de son nez comme d'une main, l'anguille, qui fabrique de l'électricité, la chauve-souris, qui écholocalise à toute allure, se sentent-ils supérieurs aux humains ? Peut-être pourrait-on penser que toutes ces formes du vivant sont abouties, chacune dans son genre, dans sa branche de buisson où la hiérarchie n'a pas de sens.
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La fragmentation du savoir donne une aisance intellectuelle. Quand on a peu de connaissances, on a des idées claires. C'est pourquoi le fixisme mène à la conviction, alors que l'accumulation de données différentes mène à la nuance et à la remise en question des travaux scientifiques. Notre existence construit en nous un appareil qui nous fait voir un monde. Ce dispositif, constitué de cerveaux, d'affects, de mots et de récits, sélectionne quelques informations, et les agence en une représentation que nous appelons "réalité".
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La pédagogie, l'enseignement de l'école et des cultures de quartier seront source de liberté en donnant aux enfants la possibilité de choisir la vision du monde qu'ils habiteront au mieux pour eux. Il suffit pour cela de proposer plusieurs récits, plusieurs religions, plusieurs cultures à visiter. Alors le jugement ne sera pas une sanction, mais donnera accès à la liberté intérieure et au respect des autres.
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Les immenses crimes contre l'humanité ou les incroyables massacres des génocides sont commis sans émotion par des personnes qui ne souffrent d'aucun trouble psychique. Les inculpés de Nuremberg avaient tous reçu une éducation sévère mais correcte, les massacreurs à coups de machette du Rwanda prenaient une douche le soir et redevenaient de bons papas après leur "corvée tuerie" (...)
Le point commun de ces criminels obéissants, c'est leur désir intense de fabriquer une société selon les principes du maître. Ces hommes et ces femmes ont renoncé avec soulagement à leur liberté intérieure trop coûteuse. C'est difficile de penser à contre-courant, alors qu'il est facile de se laisser porter par la doxa, la pensée paresseuse qui nous procure plein d'amis avec lesquels nous pouvons partager la joie de l'appartenance.
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Grâce à notre aptitude cérébrale à combler avec des représentations le vide d’un monde impossible à percevoir, l’évolution humaine nous entraîne à vivre dans un espace noétique composé de pensées coupées de toute perception. Les mots ne sont plus utiles à cette compréhension soudaine. « Le noème est une unité de sens, inanalysable, indépendante de tout signe linguistique. », comme si nous pouvions comprendre au-delà des mots, alors que les animaux parviennent à comprendre en deçà des mots.
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Vidéo de Boris Cyrulnik
Boris Cyrulnik vous présente son ouvrage "Quarante voleurs en carence affective : bagarres animales et guerres humaines" aux éditions Odile Jacob. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2897516/boris-cyrulnik-quarante-voleurs-en-carence-affective-bagarres-animales-et-guerres-humaines
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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