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Critique de Wakizashi


Une bombe, qui a immédiatement pris place dans mon top 3 personnel. L'histoire ? Une arme chimique de fabrication française, dont la fabrication et à fortiori la détention sont interdites par les traités internationaux, aux mains de salafistes voulant la retourner contre son pays d'origine. Bien plus que l'attentat en lui-même, c'est le scandale politique qu'il convient d'éviter à tout prix aux yeux des élites politico-militaires, en étouffant l'affaire. Deux opérations parallèles sont mises en place pour tenter de localiser et récupérer l'arme en question : une opération « officielle » d'infiltration des réseaux salafistes, conduite par la DRM (Direction du Renseignement Militaire) ; et une opération officieuse conduite par une officine… officieuse, sous-traitante pour l'occasion de la DGSE.

Ces deux opérations nous permettent de faire connaissance de deux des quatre personnages principaux : Fennec, l'officier infiltré de la DRM ; et Lynx, bras armé et surentraîné de l'officine mandatée par la DGSE. Si Fennec a une mission « classique », Lynx est un clandestin, opérant en marge de toute légalité, qui ne s'embarrasse donc pas de contraintes réglementaires. En termes clairs, il torture et tue les membres du réseau salafiste les uns après les autres afin de se rapprocher de son objectif.

L'accumulation de macchabées salafistes va finir par attirer l'attention d'autres personnes, à commencer par la police évidemment, mais aussi les Renseignements Généraux, ainsi que des journalistes d'investigation, le tout formant un sac de noeuds inextricable magistralement mis en scène par DOA, qui illustre au passage combien les services français, loin de coopérer pour l'intérêt général, se tirent la bourre autant qu'ils peuvent. Esprit de caste, pouvoir, politique, la Terre tourne mais certaines choses demeurent immuables.

Au milieu de ce bordel nous rencontrons Amel, troisième personnage principal, fraîchement diplômée d'une école de journalisme, cherchant à faire son trou dans la profession, et dont l'idéalisme va prendre de sacrés coups dans la figure. Elle se retrouve mêlée à cette histoire par le biais de son mentor, Bastien Rougeard, qui enquête sur les cadavres salafistes, et dont l'ampleur de l'égo n'a d'égal que celle du compte en banque de sa femme pleine aux as (qu'il trompe allègrement au passage).

Et enfin, quatrième et dernier personnage principal de ce roman choral, Jean-Loup Servier, jeune entrepreneur dynamique dans le domaine du conseil aux entreprises, passant sa vie dans les avions. On ne comprend pas son rapport avec l'histoire au début, mais son chemin va croiser fortuitement celui d'Amel, au moment où celle-ci connaît des tiraillements avec son banquier de mari…

Au-delà de nos quatre personnages principaux, DOA met en scène une bonne quarantaine de personnages secondaires et tertiaires, qui donnent une ampleur fascinante à son livre. Comme tout roman choral, nous découvrons l'histoire au travers des yeux des différents protagonistes, sans point de vue préférentiel, à des années-lumière du manichéisme ambiant, illustrant à merveille la complexité et les infinies nuances et subtilités des interactions humaines en général, et dans ce genre d'affaire en particulier.

Au-delà du thème de cette histoire de barbouzeries à la Française, l'hyper réalisme du roman m'a littéralement fasciné. Ce réalisme radical aboutit presque paradoxalement à une ambiance extrêmement romanesque, donnant corps à l'adage selon lequel la réalité dépasse la fiction. Autrement dit, la réalité est profondément romanesque, pour peu qu'on ne la regarde pas avec des yeux blasés. Certains auteurs ont ce regard et le talent permettant de restituer cette magie. A mes yeux, DOA fait indéniablement partie de ce cénacle restreint.
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