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Critique de Brooklyn_by_the_sea


"Ecoute les orgues, elles jouent pour toi, il est terrible cet air-là." susurrait Gainsbourg dans "Le Pacha", et les percussions nerveuses et entêtantes de la chanson s'accordent à la perfection avec ce polar.
Dans certains coins reculés du Tarn-et-Garonne, au XXIe siècle, mieux vaut être du païs pour reprendre une ferme. Et surtout pas noir, ni avoir épousé la fille Dupressoir et hérité de l'exploitation familiale. C'est pourtant le cas d'Omar Petit, et ça lui vaut d'être harcelé depuis deux ans par les culs-terreux locaux. Et comme si ça ne suffisait pas, voilà que des narcotrafiquants sont tués près de chez lui, et qu'un mystérieux motard prend sa famille en otage ; mais que fait la gendarmerie ?

Sans être la suite directe de "Citoyens clandestins", il y a un lien entre ce roman et le précédent (au lecteur de le deviner !). Surtout, on retrouve la même ambiance oppressante -en pire, en raison du huis clos et du Mal absolu qui se répand entre les pages. Cette histoire m'a franchement mise mal à l'aise, et j'avais hâte d'arriver à la fin pour m'en délivrer -mais quelle virtuosité éblouissante aussi ! DOA place ses personnages sur le fil du rasoir et joue avec nos nerfs avec son atmosphère très noire, façon polar français "viril" des années '70, où les haines se déchainent dans une campagne hivernale et hostile. J'ai pensé à Manchette, et aussi à des films comme "La horse". Toutefois, certaines scènes sont très violentes et m'ont soulevé le coeur, mais elles accentuent un réalisme qui rend l'histoire encore plus angoissante.
Sur fond de racisme, de médiocrité et de mondialisation (!), DOA nous offre donc un thriller rural auquel j'ai complètement adhéré. Dès les premières pages, il nous saisit à la gorge pour ne plus nous lâcher. La faute à cette ambiance pesante, aux personnages bien campés, à la double intrigue, aux questions sans réponses, à l'étrange sens de l'éthique qui nimbe le récit, et surtout au style sec et nerveux qui nous prend aux tripes.
Ramassé en 230 pages seulement, je l'ai préféré à l'épais "Citoyens clandestins" que j'avais pourtant adoré.

Toutes les qualités du roman noir sont donc réunies, et voilà qui confirme tout le bien que je pense de DOA, dont je suis impatiente de poursuivre la découverte ; on ne lâche pas un auteur pareil !
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