Lykaia

Après plusieurs romans de purs polars ou de polars politiques assez arides dans l'écriture, comme dans le foisonnement de documentation (qui ne rend pas leur lecture évidente), DOA prend le contrepied en se concentrant sur un roman/conte noir qui explore la frange la plus extrême du sadomasochisme. Sous les traits d'un chirurgien qui dans une autre vie fut un homme "respectable", le lecteur suit une véritable fuite en avant dans une nuit sans fin, où le loup qu'il représente poursuit un chaperon aux cheveux rouges ("La Fille"). L'intrigue est opaque, voire incompréhensible par moments, les scènes SM sont racontées froidement, montées comme des scènes d'action. Précises et chirurgicales, elles échouent à rendre toute la dimension mentale et cérébrale de ces pratiques, pour se concentrer uniquement sur leur aspect performatif et factuel.
L'écriture est moins aride que sur les précédents, on sent une volonté de la belle phrase, de formules frappantes, une recherche de style, mais qui sonne un peu faux et forcé. Nul doute que l'auteur a été fasciné et passionné par ce qu'il dépeint (son goût de la documentation est indéniable), mais on sent qu'il ne comprend pas les ressorts, les tenants et aboutissants de ce monde, surtout en se concentrant sur une frange relativement marginale. Un pas de côté dans une oeuvre plus classiquement polardeuse pas inintéressante, mais tout de même assez dispensable.