Si elle avait imaginé y lire une hâte et une inquiétude légitimes, elle y découvrit une douceur sensuelle qui la bouleversa, et elle sut en une seconde que l'attirance qu'elle éprouvait pour lui était partagée. Son regard était plus éloquent que des mots, et le désarroi qu'elle avait ressenti depuis leur dernière rencontre laissa soudain place à une certitude. Ils étaient destinées l'un à l'autre, elle en était persuadée. Quel que soit le lien qui les unissait, celle-ci était plus fort que leurs différences culturelles, religieuses et sociales.
Même si c'était elle qui avait gagné ce duel, elle ressentait leur affrontement comme une défaite de sa part. Elle avait conquis la victoire aux armes, mais il lui avait fait perdre ses moyens, l'avait détournée de Freyja, et l'avait poussée à lui faire grâce, à lui offrir une échappatoire. À cause de lui, elle s'était sentie... femme et cela, elle le considérait comme un échec.
Maintenant, c’est toi mon bouclier. Tu es le bouclier qui me protègera et m’abritera, et tu le resteras jusqu’à la fin de nos jours.
Aussitôt, le cœur débordant d’émotion, Inge mit un genou à terre.
- Je suis prête.
- Inge, c'est moi, Raino ! s'écria-t-il. Tu ne veux pas faire ça ! Je t'en supplie, mon amour, reprend-toi ! C'est moi..., plaida-t-il.
L'espace d'un instant, il crut voir une étincelle de lucidité briller dans ses yeux.
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