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Critique de Andromeda06


« The Terrible », c'est le titre original de ce livre et qui, maintenant que je l'ai terminé, prend beaucoup plus de sens que « La vie précieuse », titre choisi par les éditions françaises. Publié pour la première fois en 2018, ce roman autobiographique fort atypique a visiblement eu son petit succès, mais ce n'est que cette année qu'il a été traduit et publié en France (le 7 février prochain plus précisément).

Fort atypique vous disais-je, il l'est sans aucun doute. Yrsa Daley-Ward est poétesse et ça se ressent dans tout son récit, dans lequel elle nous raconte à sa manière son enfance, son adolescence et ses débuts dans la vie active. Élevés par une mère célibataire, infirmière de nuit qui se tue à la tâche et douée pour se trouver des hommes plus boulets qu'autre chose, Yrsa et son frère sont ensuite confiés à leurs grands-parents, où l'éducation ultra-religieuse et les règles strictes sont de rigueur. Plus tard, ce sont ses débuts à Manchester sur lesquels elle revient, puis à Londres, où soirées à n'en plus finir riment avec alcool et drogue. de son enfance à sa sortie du lycée et bien après, Yrsa se cherche, se découvre, se teste, parfois au-delà des limites.

Fort atypique donc, par une enfance et un passé familial hors du commun. Fort atypique, car Yrsa est également une enfant/ado/femme qui n'a pas toujours suivi les chemins les plus faciles et qui lui étaient destinés. Mais aussi fort atypique, par une mise en forme du récit inhabituelle. Et fort atypique, par un style propre à l'autrice, coupant et sulfureux.

L'autrice évoque des faits peu évidents à admettre/confier, enfin j'imagine, mais qu'elle assume entièrement. Avec ses mots et ses phrases parfois décousus, c'est avant tout ses ressentis qu'elle partage avec nous. Son récit transpire la sincérité et c'est ce qui nous accroche dès le départ. À chaque étape de sa vie, viennent s'ancrer des doutes et des questions, des envies et des besoins, des ressentis et des émotions qu'elle n'hésite pas à retranscrire dans son livre. Elle décortique toute son enfance et sa jeunesse : la découverte de son corps qui change, sa mère qui lui manque, son frère dont elle se sent très proche sans se sentir obligée d'être constamment là pour lui, l'euphorie des drogues et alcools sur son mal-être, son passé d'escort-girl et les factures qui s'accumulent. À la sortie du lycée, elle aurait dû aller à la fac et avoir une vie bien rangée, mais elle a fait un tout autre choix, a pris une toute autre voie, sinueuse, et c'est ça qu'elle nous conte.

Et elle le fait bien, à sa manière certes, mais c'est percutant, honnête et profond. C'est un style auquel il faut s'habituer mais je m'y suis rapidement fait. Certains chapitres font trois pages, d'autres ne comptent qu'une dizaine de lignes. Certaines phrases sont coupées à un ou plusieurs endroits pour mieux en retrouver la suite après un saut de ligne. Certaines sont ponctuées normalement, d'autres au contraire brillent par l'absence de virgules. On pourrait croire, comme ça, que ça part dans tous les sens. Et pourtant, ce n'est absolument pas le cas, l'histoire d'Yrsa est structurée et le récit bien organisé, bien que d'une manière inhabituelle. Tel un grand poème en vers libre, très introspectif, c'est ainsi que l'autrice se raconte et ça a bien fonctionné sur moi.

C'est souvent sombre, mais pas si oppressant. La lecture se veut facile et rapide, les pages se tournent toutes seules, et on en arrive au bout sans crier gare. Je n'ai pas vu le temps passer, le récit est happant et joliment écrit, poétique et pesant tout à la fois.

Je remercie Déborah de Babelio et les éditions La Croisée pour cette jolie découverte, en avant-première qui plus est, dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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