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Critique de Yokay


C’était l’été dernier. « Les furtifs » sont en tête de gondole. Je ne lis pas de SF, je n’y ai pas de références. Mais j’échange avec la libraire, et nous arrivons au moment où elle me dit : « il y a un avant et un après “La Horde du contrevent“ ». De plus la note des babelionautes atteint des sommets. Alors la promesse de vivre une expérience quasi mystique me convainc.
Mais je le laisse de côté longtemps. Je préfère des lectures plus rapides.
Puis vient cette période étrange de confinement, un autre espace-temps, un ralentissement, un allongement du temps. Je ne savais pas encore, alors, à quel point cette notion de temps et de vitesse allait être une notion clé !... Il n’y a pas de hasard.
Je me prépare en lisant quelques avis et conseils de babelionautes (merci @steppe, @Wittoo, @Marple), j’ai sous les yeux le précieux marque-page avec la liste des personnages, je prends une grande inspiration, et c’est parti pour une expédition vers l’amont, de la page 700 à la page 0.

Voilà c’est fini. C’est l’après.
Laissez-moi reprendre mon souffle, mes appuis, rassembler mon vif. Faire le deuil des hordiers perdus, avec qui j’ai passé 2 semaines intenses. Revenir dans mon monde, celui des abrités / confinés. Percevoir que le temps ne s’écoule pas à la même vitesse pour tout le monde, celui trop rapide et contracté du personnel de réanimation, comme celui des parents qui doivent gérer de front télétravail et téléscolarisation de leurs enfants, et celui trop lent et étiré des personnes âgées qui n’ont plus la visite de leurs proches. Prendre conscience qu’il existe actuellement une horde de scientifiques en charge de contrer une pandémie. Et prendre des leçons de ténacité, de patience, de résilience. Et de façon plus légère, ne vous moquez pas, m’amuser parfois à regarder différemment le monde qui m’entoure ; l’air que je respire, l’eau que je bois, les plantes, les nuages, ma famille, mes chats. Puisqu’après tout, nous le savons bien, nous sommes des poussières d’étoiles, des éléments organiques organisés et connectés. Alors le regard d’Alain Damasio sur les êtres et les choses monde a quelque chose d’entendable.
C’est à mon humble avis un livre que l’on ne lit pas comme les autres, en faisant autre chose, car il laisse peu de place à autre chose, au risque de passer à côté, ou de le trouver lourd, long, ennuyeux. Et il me semble que cette période particulière peut être un des bons moments pour entrer dans ce livre-univers, et vivre cette expérience.
Car quel livre ! Quelle épopée ! Quelle puissance d’évocation ! Les personnages sont incarnés, les descriptions sont précises, tout parait crédible, on adhère immédiatement. La qualité littéraire du texte et sa construction, avec des variations de tempos, sont admirables. Et quelle créativité, quelle richesse de langue ! Les mots inventés sont si parlants, évidents, que l’on se demande pourquoi ils n’existent tout simplement pas. Le groupe des surréalistes n’aurait pas renié les in(ter)ventions de Caracole. Je savoure notre chance que l’auteur soit français, et que nous ne soyons pas dépendants d’une traduction. Je suis persuadée que seule la langue française permet ces variations folles.
Merci M. Damasio. Vous comptez une nouvelle adepte.
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