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Critique de fbalestas


Je sors de la lecture des « Furtifs » de Damasio : un sacré bouquin !!

Brillant, érudit, époustouflant, je ne sais plus très bien quel qualificatif employer.
Beaucoup de choses ont été dites déjà mais je vais tenter d'apporter ma petite pierre à l'édifice.

Pour ceux qui n'en ont pas entendu parler, et pour commencer, un mot sur l'histoire. Celle-ci tourne autour d'un trio : le père, Lorca Varèse, sociologue, désormais intronisé comme chasseur de « furtif », la mère, Sahar, «proferrante » c'est-à-dire professeure de rue, et la petite Tishka, leur fille de 4 ans, volatilisée du jour au lendemain.
Kidnappée ? En fugue ? Disparue ? Morte comme le croit sa mère ? La quête va être lancée.

Il y a aussi de nombreux personnages secondaires très sympathiques : Agüero, Saskia, et leur chef Arshavin, Nèr Arfet et Toni Tout-fou – tous prendront la parole dans ce roman principalement écrit à la première personne, au travers du personnage de Lorca.

Mais il y a aussi les « furtifs ». Qui sont-ils ? des créatures nées de l'imagination de l'auteur, des êtres doués de capacités mimétiques extraordinaires, aimant se cacher dans les angles morts de la vision, « métabolisant » animaux, végétaux et minéraux pour mieux se fondre dans leur environnement. Etranges et fascinants. Mais attention, tout être humain les ayant aperçus déclenche leur « céramisation », c'est-à-dire une forme de pétrification de leur corps qui empêche qu'on puisse les étudier. A l'image de la scène d'introduction où Lorca traque un furtif au travers du récit d'une chasse homérique. On évoluera au fil du temps, comme Lorca, petit à petit fasciné par ces créatures captivantes, qui sont aussi étroitement liés au son et à la musique.

On ne dira rien de la recherche de Tishka, qui n'est pas morte, mais qui a à voir avec les furtifs, pour ne pas « divulgacher » le plaisir des futurs lecteurs.

Mais on dira un peu plus de la lecture politique – au sens noble du terme – qu'on peut faire des « Furtifs ». Distopie révolutionnaire, nous sommes plongés dans un univers où tous nos faits et gestes sont tracés grâce à une bague que tout le monde porte, les villes sont la propriété privée d'entreprises capitalistes prédatrices, l'Etat est en faillite, l'ubérisation est partout.

« La science-fiction interprète et extrapole souvent des signaux faibles de notre temps. Dans ce cas, pourtant, j'ai rapidement eu l'impression de raconter le présent plutôt qu'un futur proche. » Dit Alain Damasio dans une interview.

Et pourtant « les furtifs » est plein d'espoir. Il rend hommage à tous les subversifs, à tous les zadistes et autres désobéissants civils qui s'opposent au système capitaliste prédateur. L'auteur prend clairement partie pour ces personnages qui s'opposent au système, avec des scènes épiques de batailles contre les forces de l'ordre sur l'île de Porquerolles.

Et puis « les furtifs » fait la part belle à la musique. Une autre scène, dans le décor de la ville de Marseille, voit une fanfare géante venir à bout de tanks et d'armes de défense de la police locale.

De l'utopie donc, certes, mais un sacré bouquin de 690 pages qui donne un bon coup à l'estomac. C'est brillant, intelligent et ça donne l'envie d'entrer dans l'arène, et ce n'est pas le moindre de ses mérites.
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