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Amina Damerdji nous livre ici la biographie romancée de la révolutionnaire cubaine, Haydée Santamaria (1922-1980).
L'auteur lui donne la parole en ce 28 juillet 1980, à 58 ans, juste avant qu'elle se suicide ; elle remonte le fil de ses souvenirs jusqu'à l'année 1951, à presque 30 ans, où elle décida de quitter ses parents chez lesquels elle vivait pour rejoindre son frère chéri, Abel. Elle mêle souvenirs intimes et de la lutte révolutionnaire. C'est par admiration pour son frère qu'elle commence à militer à ses côtés au sein des jeunesses du Parti Orthodoxe. Elle n'a pas vraiment de conscience politique à cette époque, est mal dans sa peau, peu sûre d'elle. Elle prend petit à petit de l'assurance au sein du groupe qui entoure son frère et où elle rencontre son grand amour, Boris.
En 1952, le coup d'état de Batista réveille la colère des jeunes et le groupe devient le fer de lance de la lutte organisée par Fidel Castro et son frère Raul. le frère d'Haydée et ses amis créent alors et diffusent le journal politique « Son los mismos » dont le titre pas assez percutant, sera remplacé par « El Acusador ». le 26 juillet 1953, Fidel Castro lance l'attaque de la caserne de la Moncada à Santiago qui est un échec. Haydée et une amie du groupe sont emprisonnées pendant sept mois mais Abel et Boris sont fusillés après avoir été torturés. Elle ne s'en remettra jamais.
Amina Damerdji a choisi de limiter son propos à la courte mais intense période 1951-1953 qui correspond à l'éveil politique et personnel d'Haydée mais aussi à la blessure qui ne guérira jamais de la perte des deux hommes qu'elle aimait le plus.
Ce roman nous permet de vivre de l'intérieur la genèse du mouvement révolutionnaire cubain et les premiers pas de ces jeunes qui voulaient changer la société et se battre pour la liberté. Dans la bouche d'Haydée, se dessinent les doutes, les interrogations, les jalousies, les lâchetés, les courages des militants individuels. A aucun moment, elle ne tente d'idéaliser, d'enjoliver, d'omettre ce qui peut entacher l'image de la révolution et de ses combattants. Elle nous fait découvrir les prémisses de la révolution cubaine que je ne connaissais pas et des militants importants que la personnalité écrasante de Fidel Castro a rejetés dans l'ombre. C'est un hommage vibrant à tous ceux qui ont permis à Cuba de se libérer du joug d'un dictateur.
Mais ce roman est aussi la biographie d'une femme engagée, qui a aimé et souffert et dont le combat est sorti renforcé des terribles épreuves qu'elle a subies. L'auteure nous la rend proche en mêlant habilement faits historiques et dialogues romancés. Elle nous fait ressentir la souffrance d'une soeur aimante et d'une femme amoureuse, la grande lassitude devant une vie qui ne présente plus d'intérêt et un combat dont l'aboutissement amer se résume à la fuite des Cubains vers des cieux plus cléments.
Amina Damerdji a éveillé ma curiosité sur cette femme et je me suis documentée plus avant sur Haydée Santamaria ; après sa sortie de prison, elle rejoint la direction du Mouvement du 26 juillet connu sous le nom M-26, elle crée en 1958, un peloton composé uniquement de femmes. Contrainte de s'exiler, elle a organisé les soutiens extérieurs du mouvement. Elle est rentrée à Cuba après la fuite de Batista en 1959 ; elle a, entre autres, fondé le centre culturel « La Casa de las Americas » et participé à la fondation du Parti communiste. Après son suicide, le 28 juillet 1980, aucun hommage officiel ne lui a été rendu car le suicide était « incompatible avec les valeurs révolutionnaires ».
J'ai un peu regretté que l'auteure ait semé quelques informations sur ce qu'était devenue politiquement Haydée après le 26 juillet 1953 mais pratiquement aucune sur sa vie de femme ; son mari, Amando, est mentionné très rapidement et rien sur ses deux enfants.
Une belle découverte de cette grande dame, féministe convaincue, à qui l'auteure redonne, par son roman, une place méritée au panthéon des femmes qui ont marqué l'histoire de leur pays.
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