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EAN : 9782072940439
320 pages
Gallimard (26/08/2021)
3.82/5   39 notes
Résumé :
"Je ne peux pas dire que nous ayons pris les armes pour ça. Bien sûr que nous voulions un changement. Mais nous n'avions qu'une silhouette vague sur la rétine. Pas cette dame en manteau rouge, pas une révolution socialiste. C'est seulement après, bien après que, pour moi en tout cas, la silhouette s'est précisée".
Cuba, juillet 1980. En cette veille de fête nationale, Haydée Santamaria, grande figure de la Révolution, proche de Fidel Castro, plonge dans ses s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Ce premier roman a le grand mérite de mettre en lumière une femme à la trajectoire politique singulière, finalement méconnue, son suicide - jugé contre-révolutionnaire - l'ayant éjecté du panthéon des héros cubains. Haydée Santamaria a pourtant été, avec Melba Hernandez, une des rares femmes à être aux côtés de Fidel Castro dès le départ, elle a même, exercé le pouvoir au comité central communiste cubain et fondé la très influente institution littéraire La Casa de las Americas.

Amina Damerdji a choisi de se concentrer sur la période 1951-1953 de la vie d'Haydée Santamaria, c'est-à-dire sur les prémisses de la Révolution cubaine. Dans ce roman sur l'engagement, elle retranscrit parfaitement toute la vitalité et l'élan d'une jeunesse cubaine idéaliste qui se construit dans la lutte contre la dictature instauré par Fulgencio Batista après son coup d'état de 1952 accompli avec le soutien de la CIA. Les descriptions de l'effervescences de la Havane comme de la misère des campagnes sucrières, très vivantes et sonnent justes.

On y suit la transformation profonde d'une jeune femme issue d'un milieu favorisé qui va s'engager passionnément dans la lutte armée, son éveil au militantisme, sa révolte contre les inégalités sociales qui rongent son pays et la corruption du régime Batista. L'émergence du désir révolutionnaire est très bien restitué, d'abord timide, né de préoccupations futiles ( admiration pour son frère, faire partie d'une bande avec ses histoires amicales et amoureuses ) avant de se fortifier au point de prendre les armes lors de l'attaque de la caserne de la Moncada à Santiago de Cuba. Ce 26 juillet 1953 est le déclenchement de la révolution cubaine, un échec avant la prise de pouvoir en 1959, de nombreux guérilleros sont arrêtés, torturés et assassinés ( dont le frère et le fiancé de la jeune femme )

Si toute la restitution de cette épopée est excellente, je suis moins convaincue par la narration du roman, construit comme une adresse d'Haydée Santamaria dans son appartement de la Havane au seuil de son suicide en 1980. Les chapitres alternent ainsi deux temporalités : celui du présent et celui des souvenirs qui filent de 1951 à 1953. L'idée de confronter la jeune Haydée guérillera passionnaria et celle de 56 ans pleine de dépit et de désillusion à l'heure de l'exode de Mariel qui vit près de 125.000 Cubains s'exiler en Floride après avoir reçu l'asile politique aux Etats-Unis. Terrible de passer sa vie à bâtir un Etat que les gens ne pensent qu'à fuir.

Mais l'ellipse temporelle est trop ample pour être bien maitrisée, quelques repères chronologiques à la fin du roman aurait été bienvenus. Il manque beaucoup trop d'éléments au lecteur pour parvenir à relier correctement ces deux périodes. Au final, cela donne un roman très intéressant par son sujet mais trop lisse, trop sage. le récit manque de cette folie nécessaire pour emporter dans le tourbillon de la vie de cette héroïne passionnante emplie de tourments et d'ambiguïtés qu'on ne fait qu'effleurer dans les explorer avec dans toute leur complexité et leur intensité.

Lu dans le cadre de la sélection 2022 des 68 Premières fois #16
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«La patrie ou la mort»

Dans un premier roman de bruit et de fureur, Amina Damerdji retrace les jours qui ont conduit Haydée Santamaria, une des rares femmes à mener la lutte, jusqu'à la révolution cubaine. Un récit documenté et émouvant.

«Je suis la camarade Haydée Santamaria, l'héroïne de la Moncada, la dirigeante politique, la seule femme qui a sa place au Comité central, et ce soir, je vous le promets, avant votre disparition, je vous raconterai tout.» Nous sommes à Cuba au début des années cinquante. Il n'est pas encore question de révolution, mais déjà d'engagement politique. La jeunesse et surtout les étudiants s'emparent d'idées nouvelles, cherchent une voie pour un pays que beaucoup voient à la botte des États-Unis, sous le joug de grands propriétaires terriens, sans autres perspectives que la corruption ou encore la prostitution.
C'est dans cette ambiance bouillonnante que Haydée va s'impliquer toujours davantage dans la lutte, même si au début elle suivait plus son frère Abel et cherchait d'abord l'évasion aux côtés de ses amis en allant danser tout en enfilant les cuba libre. Ses préoccupations tenaient alors davantage à la façon de s'habiller, de se faire belle - elle qui se voyait moche - et de ne pas se voir exclue du groupe. Jusqu'à ce que l'amour s'en mêle. Alors, avec Boris, l'employé de Frigidaire, elle va non seulement trouver un mari mais concrétiser leur projet commun, fonder un journal. Tiré à 500 exemplaires dans des conditions artisanales, cet organe de presse aura l'heur de plaire aux frères Castro, Raul et Fidel, qui déjà cherchent le moyen de rassembler le peuple contre la dictature qui s'installe. «Fidel, exultant, a plongé deux doigts sous sa chemise et s'est caressé le torse. Il ignorait quand, il ignorait comment, mais les Cubains finiraient par craquer, par exprimer leur rage. Notre travail, notre tâche politique, historique soulignait-il, était d'être prêts. D'appuyer. D'organiser. D'éviter le bain de sang et de renvoyer Batista en Amérique.» Haydée va alors raconter ces jours qui vont mener à la révolution, à ce 26 juillet qui deviendra par la suite jour de fête nationale. Une date glorieuse pour le pays, tragique pour elle.
L'habile construction proposée par Amina Damerdji, qui situe la confession d'Haydée le 26 juillet 1980, soit bien des années après les événements, lui permet tout à la fois d'avoir le recul nécessaire pour analyser les faits et montrer combien les plaies ouvertes à ce moment sont restées vives. Et que dans l'envolée lyrique de Che Guevara devenue le slogan de cette révolution, «la patrie ou la mort», on peut choisir la seconde proposition et oublier la patrie.


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Amina Damerdji nous livre ici la biographie romancée de la révolutionnaire cubaine, Haydée Santamaria (1922-1980).
L'auteur lui donne la parole en ce 28 juillet 1980, à 58 ans, juste avant qu'elle se suicide ; elle remonte le fil de ses souvenirs jusqu'à l'année 1951, à presque 30 ans, où elle décida de quitter ses parents chez lesquels elle vivait pour rejoindre son frère chéri, Abel. Elle mêle souvenirs intimes et de la lutte révolutionnaire. C'est par admiration pour son frère qu'elle commence à militer à ses côtés au sein des jeunesses du Parti Orthodoxe. Elle n'a pas vraiment de conscience politique à cette époque, est mal dans sa peau, peu sûre d'elle. Elle prend petit à petit de l'assurance au sein du groupe qui entoure son frère et où elle rencontre son grand amour, Boris.
En 1952, le coup d'état de Batista réveille la colère des jeunes et le groupe devient le fer de lance de la lutte organisée par Fidel Castro et son frère Raul. le frère d'Haydée et ses amis créent alors et diffusent le journal politique « Son los mismos » dont le titre pas assez percutant, sera remplacé par « El Acusador ». le 26 juillet 1953, Fidel Castro lance l'attaque de la caserne de la Moncada à Santiago qui est un échec. Haydée et une amie du groupe sont emprisonnées pendant sept mois mais Abel et Boris sont fusillés après avoir été torturés. Elle ne s'en remettra jamais.
Amina Damerdji a choisi de limiter son propos à la courte mais intense période 1951-1953 qui correspond à l'éveil politique et personnel d'Haydée mais aussi à la blessure qui ne guérira jamais de la perte des deux hommes qu'elle aimait le plus.
Ce roman nous permet de vivre de l'intérieur la genèse du mouvement révolutionnaire cubain et les premiers pas de ces jeunes qui voulaient changer la société et se battre pour la liberté. Dans la bouche d'Haydée, se dessinent les doutes, les interrogations, les jalousies, les lâchetés, les courages des militants individuels. A aucun moment, elle ne tente d'idéaliser, d'enjoliver, d'omettre ce qui peut entacher l'image de la révolution et de ses combattants. Elle nous fait découvrir les prémisses de la révolution cubaine que je ne connaissais pas et des militants importants que la personnalité écrasante de Fidel Castro a rejetés dans l'ombre. C'est un hommage vibrant à tous ceux qui ont permis à Cuba de se libérer du joug d'un dictateur.
Mais ce roman est aussi la biographie d'une femme engagée, qui a aimé et souffert et dont le combat est sorti renforcé des terribles épreuves qu'elle a subies. L'auteure nous la rend proche en mêlant habilement faits historiques et dialogues romancés. Elle nous fait ressentir la souffrance d'une soeur aimante et d'une femme amoureuse, la grande lassitude devant une vie qui ne présente plus d'intérêt et un combat dont l'aboutissement amer se résume à la fuite des Cubains vers des cieux plus cléments.
Amina Damerdji a éveillé ma curiosité sur cette femme et je me suis documentée plus avant sur Haydée Santamaria ; après sa sortie de prison, elle rejoint la direction du Mouvement du 26 juillet connu sous le nom M-26, elle crée en 1958, un peloton composé uniquement de femmes. Contrainte de s'exiler, elle a organisé les soutiens extérieurs du mouvement. Elle est rentrée à Cuba après la fuite de Batista en 1959 ; elle a, entre autres, fondé le centre culturel « La Casa de las Americas » et participé à la fondation du Parti communiste. Après son suicide, le 28 juillet 1980, aucun hommage officiel ne lui a été rendu car le suicide était « incompatible avec les valeurs révolutionnaires ».
J'ai un peu regretté que l'auteure ait semé quelques informations sur ce qu'était devenue politiquement Haydée après le 26 juillet 1953 mais pratiquement aucune sur sa vie de femme ; son mari, Amando, est mentionné très rapidement et rien sur ses deux enfants.
Une belle découverte de cette grande dame, féministe convaincue, à qui l'auteure redonne, par son roman, une place méritée au panthéon des femmes qui ont marqué l'histoire de leur pays.
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Pónganle a la suicida una hoja en la sien,
una siempreviva en el hueco del cuello.
Cúbranla con flores, como a Ofelia.
Los que la amaron se han quedado huérfanos.

Cúbranla con la ternura de las lágrimas.
Vuélvanse rocío que refresque su duelo.
Y si la piedad de las flores no bastase
díganle al oído que todo ha sido un sueño.

Ríndanle honores como a una valiente
que perdió sólo su última batalla.
No se quede en su hora inconsolable.
Sus hechos, no vayan al olvido de la yerba.

Que sean recogidos, uno a uno,
allí donde la luz no olvida a sus guerreros.
Ríndanle honores como a una valiente
que perdió sólo su última batalla.
-------
Mettez une feuille sur la tempe de la suicidée,
une immortelle au creux de son cou.
Couvrez-la de fleurs, comme Ophélie.
Ceux qui l'aimaient sont devenus orphelins.

Couvrez-la de la tendresse des larmes.
Devenez la rosée qui rafraîchit son deuil.
Et si la pitié des fleurs ne suffit pas
dites-lui à l'oreille que ce n'était qu'un rêve.

Honorez-la comme une femme courageuse
qui n'a perdu que sa dernière bataille.
Ne la laissez pas dans son heure inconsolable.
Que ses actes ne tombent pas dans l'oubli des mauvaises herbes.

Qu'ils soient rassemblés, un par un,
où la lumière n'oublie pas ses guerriers.
Honorez-la comme une femme courageuse
qui n'a perdu que sa dernière bataille.

En la muerte de una heroína de la patria (1980), poème écrit par Fina García Marruz, en hommage à Haydée Santamaría et ma traduction

❝Je suis la camarade Haydée Santamaría, l'héroïne de la Moncada, la dirigeante politique, la seule femme qui a sa place au Comité central, et ce soir, je vous le promets, avant votre disparition, je vous raconterai tout. Puis, quand vous vous serez évanouis à l'horizon, quand vous ne serez même plus un point entre le soleil levant et l'eau, moi aussi je partirai. J'enroulerai un torchon autour du canon du pistolet et je déguerpirai comme vous. Discrètement. On me retrouvera dans quelques jours. Je ne serai pas belle. Mais peu importe. Il n'y aura pas de photographies ni de funérailles officielles. La Révolution interdit les suicides. Comme toute forme de départ.❞

Construit sur deux temporalités, les années 1951-1953 d'une part et les années 1980 en ce jour de fête nationale d'autre part, le premier roman d'Amina Damerdji, Laissez-moi vous rejoindre, est le récit intime, raconté par elle-même, d'Haydée Santamaría, compañera de la première heure des frères Castro, au moment du coup d'État (10 mars 1952) par le général Fulgencio Batista soutenu par les États-Unis.
Ce roman retrace la trajectoire inédite d'une femme que l'histoire n'a que peu retenue.

❝Une femme, cela passe inaperçu.❞

Je note au passage l'ironie de ce double-sens.
Haydée Santamaría est une femme de conviction, lucide sur qui elle est, sur ce qu'elle veut et ce qu'elle est capable d'entreprendre pour y parvenir.

❝Je déteste raconter des histoires. […] Je ne cherche pas à attirer la pitié. Je sais que pour beaucoup, je resterai cette dirigeante au coeur sec, capable d'expulser d'un battement de cils, et pour un mot de travers, un des meilleurs poètes d'Amérique.❞ (Il s'agit d'Allen Ginsberg invité au jury du prix de poésie 1965 de la Casa de las Americas fondée par Haydée Santamaría.)

Nous l'écoutons livrer tout ce qui fait une vie, alors qu'elle égrène ses souvenirs, de la genèse de ses engagements dans la révolution cubaine au début des années 1950 à son suicide à La Havane en juillet 1980, point à partir duquel « je » remonte le temps.

En 1951, Haydée, née en 1922, va avoir trente ans. Fille aînée d'une famille relativement aisée, elle vit avec son jeune frère, Abel, à Encrucijada, carrefour de la province de Villa Clara. Joaquina, sa mère, la voit déjà mariée à un beau parti et entourée d'une ribambelle d'enfants, mais Haydée, si elle ne sait pas encore ce qu'elle veut, sait ce qu'elle ne veut pas. Comment pourrait-elle se satisfaire de la vie oisive que lui dessine Joaquina quand elle voit la misère des travailleurs dans les champs de canne à sucre de cette région de l'île et les mauvais traitements que les propriétaires leur infligent. le départ de son frère adoré la décide à se battre elle aussi contre la pauvreté et l'injustice, et à gagner La Havane.

Amina Damerdji donne à voir et à comprendre ce qui meut cette jeune femme, en mêlant souvenirs intimes et engagement pour un idéal, de son émancipation loin de sa famille à son éveil politique au moment du suicide d'Eduardo Chibas, chef du parti du Peuple ; de ses années au sein des jeunesses du Parti orthodoxe de Roberto Agramonte aux côtés de son amant Boris et d'Abel à l'éclosion d'une militante obstinée.

❝— Abel, je peux te poser une question ? […] Pourquoi le Parti du peuple cubain a-t-il deux noms ?
— Tu veux dire, pourquoi l'appelle-t-on aussi Parti orthodoxe ?
— Oui.
Il a ri.
— Parce que nous sommes des purs !❞

Si Haydée écoute et enregistre, elle sait aussi agir et plusieurs événements vont la conduire, elle et son amie Melba Hernández, seules femmes aux côtés de 150 hommes dont Fidel Castro, à participer à l'attaque de la caserne militaire de la Moncada à Santiago-de-Cuba en vue de renverser le dictateur Batista. L'échec sera cuisant, ses conséquences, terribles. Beaucoup mourront, d'autres dont elles deux seront retenus prisonniers plusieurs mois, Abel et Boris seront torturés et mutilés avant d'être exécutés. Ce 26 juillet 1953 restera comme le premier jour de la rébellion nationale qui aboutira à la création du Mouvement du 26-juillet (M-26) et, six ans plus tard, à la révolution de 1959.

Amina Damerdji en choisissant de faire d'Haydée la narratrice de son histoire nous place au plus près de ces jeunes gens qui voulaient changer la société, galvanisés par :

❝Rendez, rendez, rendez Cuba à son peuple ! Rendez, rendez-nous notre pays !❞

En choisissant la narration à la première personne, l'autrice nous installe au coeur de leur intimité. Nous sommes dans cet appartement obscurci par la fumée des cigares et lourd des vapeurs d'alcool. Nous goûtons un moment de calme au bord de l'océan et le jus de noix de coco. Nous entendons les klaxons et les réclames des marchands de rue de la Havane. Nous assistons aux réunions clandestines de cette bande d'amis, bien sûr nous sommes là le jour où Fidel présente le projet de son frère Raúl, un journal intitulé Son los mismos qui, s'inspirant du J'accuse de Zola, deviendra rapidement El Acusador. Nous sommes là aussi quand Haydée se rend chez la santera dans La Vieille Havane.

Ça vit, ça palpite, l'atmosphère bouillonnante de l'époque est puissamment restituée grâce au souffle romanesque de l'écriture, au dosage minutieux entre passages narratifs immersifs qui empestent le cigare et la sueur, exhalent le vin blanc de jerez, le rhum, le daïquiri parfois tempérés par le parfum doux de la rose ou du thym, gargouillent d'estomacs affamés, et dialogues où s'incarnent les doutes, les interrogations, les actes de bravoure comme les petites ou moins petites lâchetés, les épreuves personnelles et collectives, la douleur sacrificielle de blessures gravées dans la chair et que le temps ne saurait guérir. Renoncer n'est pas envisageable.

De Cuba, je savais ce que nous savons tous (le débarquement de la baie des Cochons en 1961, la crise des missiles un an et demi plus tard) et la plupart des événements relatés m'étaient étrangers. Ils forment un récit épique où la vie et la mort sont profondément liées dans une effervescence qui, pour une fois, est racontée du point de vue d'une femme mélancolique en deuil de ceux qu'elle aimait et, peut-être, de son idéal romantique.

❝N'oubliez pas que ces hommes que notre jeunesse découvre dans ses manuels, moi, je les ai aimés.❞

1980 est l'année de la désillusion. Depuis la fenêtre de son appartement plongé dans la pénombre, Haydée voit les embarcations prendre la mer.

❝Je vous vois ! Quatre hommes se glissent dans une barque. Elle se brisera. Elle éclatera en morceaux contre une vague, dans quelques kilomètres à peine, bien avant que vous n'aperceviez la terre américaine.❞

Ils sont nombreux - plusieurs dizaines de milliers - à tenter leur chance au péril de leur vie pour un ailleurs qu'ils espèrent meilleur sous les yeux de celle qui s'est battue pour eux et se dit peut-être à quoi bon.

Ce soir du 28 juillet 1980 est celui ❝des souvenirs [qui] gonflés par [le] silence éclatent dans le noir❞. L'obscurité est toujours propice à recueillir les confessions. Armando, avec qui elle a eu une fille et un garçon, a laissé une enveloppe avant de la quitter. Parti lui aussi. La voilà seule à regarder disparaître ce/ceux qu'elle aime, ce en quoi elle a cru et pour quoi elle s'est battue. Laissez-moi vous rejoindre. Qui Haydée implore-t-elle ? Ses chers fantômes ? Les Cubains qui fuient la dictature et la chasse aux sorcières ? Son geste ultime est-il une critique implicite des dérives du régime cubain par une femme qui ne connaissait pas la compromission ?

Je suis souvent très réservée quant au choix que font les auteurs de jouer sur deux temporalités. J'ai toujours la crainte que ce parti-pris narratif, au demeurant de plus en plus fréquent, ne soit qu'un effet de mode et que tout cela ne soit mû que par le désir d'être dans l'air du temps. Ici, je dois bien dire qu'il n'y avait pas mieux pour rendre compte de l'engagement d'une jeunesse portée par ses idéaux, et du désenchantement de l'âge mûr, pour écrire dignement ce que cette femme déchirée avait à léguer. Convaincant.

Lu dans le cadre de la sélection 2022 des #68premieresfois

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L'histoire d'une femme ... cubaine qui s'est illustrée pendant la révolution de 1959 … sa vie est très riche et permet de construire une belle histoire.
D'un côté il y a le résumé de mejesaistout (1) ... mais ce livre doit nous permettre de pénétrer plus avant dans son parcours.
Il faut commencer par faire la connaissance de Eduardo René Chibás Ribas, homme politique cubain qui utilisait la radio pour diffuser ses opinions politiques au public (2).
L'auteure, Amina Damerdji, née aux États Unis, élevée en Algérie, puis en France, a choisi comme thème pour son premier livre cette femme, une révolutionnaire qui a choisi de quitter son milieu d'origine, la petite bourgeoisie pour rejoindre des partisans se battant contre toutes les injustices dans un pays qui ont cru un moment pouvoir par les urnes accéder à la démocratie. Ils vont en être privés par une occupation américaine à peine voilée sous les traits d'un dictateur fantoche Batista.
La période choisie montre la jeunesse de l'héroïne quand elle a voulu avec ses amis changer le monde. Elle a côtoyé Fidel et ceux qui des années plus tard prendront le pouvoir et aussi connu les années de désillusions à la veille de son suicide devant le spectacle de certains de ses amis qu choisissent de partir.
Un autre aspect du livre montre le sexisme de ces révolutionnaires, les combattantes n'étant que des femmes et pas des combattants comme les autres.
À lire en écoutant au choix
🎶Dos gardenias...de buena Buena Vista Social Club
Dos gardenias para ti
Con ellas quiero decir
Te quiero, te adoro, mi vida
Ponles toda tu atención…🎶
Ou
Le son traînant des boléros ... Antonio Machin ... 🎶te quiero, te adoro, mi vida 🎶
A vous de choisir !



(1)
Haydée Santamaría Cuadrado, née le 30 décembre 1923 à Cuba.
Après le coup d'état de Baptiste, le 10 mars 1952, elle participe avec son frère Abel et d'autres révolutionnaires, à l'édition des journaux clandestins Son los mismos et El Acusador. Ensemble, ils mènent de nombreuses actions de propagande. Après sa rencontre avec Fidel Castro, son petit appartement de la Havane se transforme en un centre du mouvement révolutionnaire naissant, connu comme la « Génération du Centenaire de Martí ».
Elle est surtout connue pour sa participation, le 26 juillet 1953, à l'attaque contre la caserne de Moncada, à Santiago de Cuba, le 26 juillet 1953, action pour laquelle elle a été incarcérée avec Melba Hernández. (action dirigée par Fidel Castro et d'autres membres des « Jeunesses orthodoxes ». Haydée avait la responsabilité de transporter les armes jusqu'à Santiago de Cuba en prévision de l'attaque, et en même temps, sa mission constituait à s'emparer de l'hôpital Saturnino Lora, pour y recueillir les blessés). Après l'échec de cette intervention, Haydée a été emprisonnée, tandis que son frère Abel et le compagnon d'Haydée, Boris Luis Santacoloma, sont morts sous la torture des militaires. Pour tenter de la faire parler, les militaires lui ont dit que son frère et son fiancé avaient été torturés et assassinés après le combat et, comme preuve de leurs dires, ils lui ont montré un oeil supposé appartenir à Abel et les restes des parties génitales de son fiancé Santacoloma. En dépit de cette méthode effrayante, ils n'ont pas réussi à lui faire donner des informations. Au contraire, elle leur a répondu de manière ferme que « Mourir pour la patrie est vivre ». Dans son livre-plaidoyer, La historia me absolverá, Fidel Castro évoque ces circontances et souligne, à propos d'Haydée, que « jamais une femme cubaine n'a manifesté autant d'héroïsme et de dignité ».
Elle fonde ensuite puis dirige la Casa de las Americas, organisme culturel d'État. Elle se suicide le 28 juillet 1980 à La Havane.

(2)
Eduardo Chibas (15 août 1907 - 16 août 1951) est né à Santiago de Cuba. Son fort nationalisme est considéré comme une inspiration pour la Révolution cubaine.
Il a principalement dénoncé la corruption et le gangstérisme endémiques sous les gouvernements de Ramón Grau et Carlos Prío qui ont précédé l'ère Batista. Il pensait que la corruption était le problème le plus important auquel Cuba était confrontée.
En 1947, il a formé le Parti orthodoxe, un groupe fortement anti-impérialiste, qui avait pour objectif de dénoncer la corruption du gouvernement et de provoquer un changement révolutionnaire par des moyens constitutionnels. Chibás a perdu l'élection présidentielle de 1948, terminant à la troisième place. Il était un critique extrêmement virulent du vainqueur de cette élection, Carlos Prío Socarrás. Il a été considéré comme un favori lors de l'élection présidentielle de 1952, mais s'est suicidé un an avant que Fulgencio Batista ne prenne le contrôle du gouvernement cubain.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
Je ne peux pas dire que nous ayons pris les armes pour ça. Bien sûr que nous voulions un changement. Mais nous n’avions qu’une silhouette vague sur la rétine. Pas cette dame en manteau rouge, pas une révolution socialiste. C’est seulement après, bien après que, pour moi en tout cas, la silhouette s’est précisée.
Je n’aime pas parler du 26 Juillet. Je l’ai fait quelques fois pour faire plaisir à la presse. Mais tout de suite, j’ai la voix qui coince et qui se terre, persuadée que, si elle reste comme cela, bien tapie au fond de la gorge, elle finira par décourager les journalistes. Affluent alors à mon esprit tant de souvenirs qu’ils vont plus vite que ce que je pourrais exprimer et c’est difficile de dire ce qu’on voit si vite car ce sont trop d’images à la fois et on ne peut jamais en dire qu’une seule. Pourtant, je n’ai jamais laissé personne repartir le calepin vide. Je lâche toujours un petit quelque chose, n’importe, un doigt, celui d’Abel mon frère, posé sur ses lèvres tandis qu’ils l’emmenaient dans la salle d’interrogatoire et que, sans se débattre, il me fixait.
Et le lendemain c’est une double page dans Granma, le doigt de mon frère devenu gros titre et, plus large que le texte, mon portrait, jeune et souriante dans la Sierra, redressant d’une main sale mon béret de milicienne.
Je n’ai jamais eu de facilité à parler en public. Chaque fois, c’est la même chose : je transpire tellement que mon carré, censé encadrer strictement mon visage, devient une couronne de frisottis noirs. Ce n’est pas de la coquetterie. C’est vrai que je parle tout le temps. Mes fonctions m’obligent à passer mes journées la bouche ouverte. Entre le Comité central où il faut faire trembler les tables pour se faire entendre et ces réunions de prix littéraires où je dois coudre ma voix aux modulations des écrivains que j’ai nommés, je ne dis pas, je sais donner le change. Mais parler du 26 Juillet c’est autre chose. N’oubliez pas que ces hommes que notre jeunesse découvre dans ses manuels, moi, je les ai aimés.
Au début, nous n’avions rien d’une organisation. Nous étions juste une poignée de jeunes, une bande de copains du Parti du peuple qui s’entassaient dans ce bout d’appartement. Je n’ose pas dire appartement tellement c’était petit. Parfois, Abel et moi cuisinions pour deux et il y en avait dix le soir qui débarquaient. Nous effilochions les morceaux de viande. Nous reversions du riz dans la casserole. Nous faisions ce que nous pouvions pour que tout le monde mange, même si ce n’était pas grand-chose. Puis, comme les discussions nous emmenaient tard dans la nuit, il arrivait qu’ils restent tous dormir. Nous nous serrions sur le carrelage. Moi, souvent la seule fille, j’avais droit au lit, où Boris me rejoignait. Mon frère allait par terre avec les autres. Il disait que ça ne le dérangeait pas. Mais le lendemain, en se réveillant tout recroquevillé contre le mur, il se moquait des pieds de Boris qui dépassaient du matelas. Boris ne dormait pas. De toutes ces nuits, je crois qu’il n’y en a pas eu une où la jalousie lui ait laissé fermer les yeux. Si je m’agitais, il me remontait vite le drap jusqu’au menton. Il exigeait que je dorme tout habillée.
Les soirs où je tardais à m’assoupir, je regardais discrètement par-dessus son épaule ronde de boxeur et je les voyais tous, jambes et bras collés, s’articuler, au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient dans le sommeil, en une forme mouvante sur le sol. Fidel dormait toujours sur le dos, les paupières rivées au plafond, les jambes raides et écartées. D’autres, au contraire, s’enroulaient sur eux-mêmes. Le rhum faisait pousser des ronflements.
Mais rien de tout cela ne me dérangeait. Nous voulions être ensemble. Bien nous préparer. Et ces dernières nuits de juillet 1953, si près, enfin, du grand jour, je m’endormais en un battement de cils. J’étais confiante. Il ne restait qu’un minuscule grain de sable sous mes paupières : mes parents. Ils n’allaient pas nous comprendre. Abel en parlait beaucoup. Mais je savais que nous étions du bon côté et que tôt ou tard ils finiraient par s’en rendre compte. Oui, c’est ce que je pensais. Sans doute parce que j’avais besoin de le penser aussi.
Cet appartement qui fait l’angle des rues 25 et O, tout le monde peut le voir. Deux grands ficus grattent sa façade bleue. À l’intérieur, ils ont tout reproduit. À la tache de café près. Je vous parle d’une époque où mon frère et moi nous saignions pour ce deux-pièces minuscule. Cinquante dollars. C’était presque tout le salaire d’Abel qui y passait. Aujourd’hui, il n’y a plus personne. Même moi je n’aime plus y aller.
Depuis cet appartement, comme vous le savez, nous nous sommes divisés pour aller à Santiago.
Été 1951. S’il fallait tracer une croix sur le calendrier, je dirais que c’est là que tout a commencé. Du moins pour moi qui vivais toujours à Encrucijada chez mes parents. Quelques lattes de bois, un seul étage : ma maison d’enfance était sans chichis. C’était celle du fond, le dernier repère sur le croquis gribouillé dans la paume des ouvriers qui, d’avril à septembre, défilaient devant notre porte. Encrucijada, à l’époque, n’était pas la ville-musée d’aujourd’hui. C’était un gros village au milieu des champs avec, le soir, la chaleur qui se condensait et gouttait le long des grandes feuilles.
Cet été-là, derrière les persiennes closes, notre vie s’était réorganisée autour du frigidaire. Il était neuf et brillait dans la pénombre. Ma mère, Joaquina, qui malgré la chaleur ne découvrait pas un centimètre de ses épaules, avait installé une chaise dans la cuisine. Elle passait ses journées assise là, lisant à voix haute des vies de saints et entrouvrant régulièrement la porte pour recevoir, la tête en arrière, l’air frais. Mon père avait beau grommeler qu’elle finirait par bousiller le compresseur, elle était, comme d’habitude, têtue.
Elle tenait à ce qu’il y ait toujours cinq verres vides dans le frigo. Cela faisait quatre mois qu’Abel avait déménagé à La Havane, Ada pouponnait à dix kilomètres mais ma mère continuait à vivre comme si n’importe lequel de ses enfants allait, d’une minute à l’autre, passer le pas de la porte et exiger un verre d’eau fraîche. Je les voyais tous les cinq, alignés, opacifiés par le froid, lunettes embuées derrière lesquelles battaient, depuis La Havane, les grands cils de mon frère. Depuis qu’il avait adhéré au Parti du peuple, Abel ne répondait plus à mes lettres.
Le dimanche, j’avais pris l’habitude de me lever avant tout le monde. Je traversais le couloir sur la pointe des pieds, poussais sans respirer la porte de la chambre de mon père et repartais, sans oxygène, les joues cramoisies mais le visage triomphant, avec, sous le bras, le boîtier marron du poste radio. Puis je me remettais au lit en attendant que l’eau arrive à ébullition. Le train sifflait toujours plus fort que la cafetière. Les wagons débordaient. À dix heures précises, avec une tasse de café brûlante dans la main, je tournais le bouton crénelé et fermais les yeux. La voix claire d’Eduardo Chibás brisait d’un coup les sifflements. Chibás, comment dire... C’était une sorte de vieil oncle. Quelqu’un qui, quand tout le monde est allé se coucher, vous déballe, en remuant le rhum dans son verre, tous les secrets de famille. Sauf qu’il était le seul, lui, le chef du Parti du peuple, à révéler ces secrets sur une radio nationale.
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Fidel, exultant, a plongé deux doigts sous sa chemise et s'est caressé le torse. Il ignorait quand, il ignorait comment, mais les Cubains finiraient par craquer, par exprimer leur rage. Notre travail, notre tâche politique, historique soulignait-il, était d'être prêts. D'appuyer. D'organiser. D'éviter le bain de sang et de renvoyer Batista en Amérique. p. 196
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Je suis la camarade Haydée Santamaria, l'héroïne de la Moncada, la dirigeante politique, la seule femme qui a sa place au Comité central, et ce soir, je vous le promets, avant votre disparition, je vous raconterai tout. Puis, quand vous vous serez évanouis à l'horizon, quand vous ne serez même plus un point entre le soleil levant et l'eau, moi aussi je partirai. J'enroulerai un torchon autour du canon du pistolet et je déguerpirai comme vous. Discrètement. On me retrouvera dans quelques jours. Je ne serai pas belle. Mais peu importe. Il n'y aura pas de photographies ni de funérailles officielles. La Révolution interdit les suicides. Comme toute forme de départ. p. 35
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Elle se méfiait de mes livres, a fortiori quand ils étaient d’occasion. Dès qu’elle en apercevait un sur mes étagères, elle courait chercher ses lunettes, feuilletait les pages du bout des doigts, piochait un mot par-ci, un mot par-là, et si l’ensemble lui semblait inconvenant pour une jeune fille à marier qui plus est, elle criait :
- Benigno ! Benigno ! Viens voir ce que ces imbéciles de communistes ont encore donné à lire à ta fille !
J’avais beau lui expliquer que le club de lecture n’était pas l’exclusivité du Parti socialiste populaire, elle finissait toujours par garder l’ouvrage et aller le leur rendre elle-même en les injuriant. Alors il y avait des livres que je lisais dehors, allongée sur la terre battue, au coin des routes que personne n’empruntait. A cette époque je me fichais à peu près de tout, y compris des invectives que je recevais si les taches de terre sur ma jupe ne disparaissaient pas à la première lessive. De toute façon, ce que je préférais, c’était la littérature, et la littérature, comme le sifflait ma mère, c’était tout à fait inoffensif. A condition, bien sûr, de ne pas en abuser. En réalité, elle espérait qu’un roman finirait un jour par faire battre ce caillou qui, selon elle, pesait si lourd dans ma poitrine.
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Incipit :
Je ne peux pas dire que nous ayons pris les armes pour ça. Bien sûr que nous voulions un changement. Mais nous n’avions qu’une silhouette vague sur la rétine. Pas cette dame en manteau rouge, pas une révolution socialiste. C’est seulement après, bien après que, pour moi en tout cas, la silhouette s’est précisée.
Je n’aime pas parler du 26 juillet. Je l’ai fait quelques fois pour faire plaisir à la presse. Mais tout de suite, j’ai la voix qui coince et qui se terre, persuadée que, si elle reste comme cela, bien tapie au fond de la gorge, elle finira par décourager les journalistes.
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Amina Damerdji vous présente son ouvrage "Bientôt les vivants" aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire janvier 2024.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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