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Citations sur Cent penseurs de la société (15)

Le Corbusier
Convoqué au tribunal de l’urbanité, Charles-Édouard Jeanneret dit Le Corbusier (1887-1965) risquerait d’être condamné. Accusé des malheurs contemporains des grands ensembles, le fonctionnalisme du célèbre architecte-urbaniste se verrait reprocher son hygiénisme social et son rationalisme extrême. Le projet de cité radieuse qu’il désirait édifier contraste assurément avec le triste quotidien des cités délabrées. Mais le prêtre de l’harmonie urbaine est trop souvent tenu pour responsable de la relative inhumanité de quartiers qu’il n’a ni connus, ni véritablement imaginés. Suisse naturalisé français, mondialement connu sous son pseudonyme Le Corbusier (parfois appelé « Corbu »), ce théoricien et praticien de la ville, représentant du mouvement moderne, est obsédé par la modernité et la pureté. Le Corbusier, qui côtoya le fascisme et le régime de Vichy, craint la ville malsaine. Réformateur du désordre urbain, il désire élaborer un cadre de vie adapté à la société industrielle. Il veut nettoyer et discipliner la ville pour l’adapter aux nouvelles contraintes économiques et démographiques. Sa partition de la ville en secteurs fonctionnels doit permettre l’harmonieuse cohabitation des hommes, dans des zones organisées de concentration urbaine. À cet effet, il développe une utopie des villes qui doivent du passé faire table rase. Les rues, jugées dangereuses et inutiles, seront éliminées.
Son désir de rationalisation, poussé jusqu’au fantasme, le conduit à proposer de « démolir le centre » et d’établir la « machine à habiter ».
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Bertrand de Jouvenel
Bertrand de Jouvenel (1903-1987) figure, avec le philosophe Gaston Berger, parmi les pères fondateurs d’une discipline qui s’est maintenant institutionnalisée : la prospective. Homme de lettres et de sciences, il fut grand reporter international, analyste du pouvoir et de la souveraineté, économiste, enseignant, écrivain, pionnier de l’écologie politique. La vie et l’œuvre de ce philosophe humaniste du libéralisme, entachées d’un passage controversé dans la collaboration, ne sauraient être résumées simplement. Ce spectateur critique, qui vivait à l’écart des modes et de la capitale, avait axé ses travaux sur l’exploration de notre avenir. Il laisse une quarantaine d’ouvrages dont certains sont des classiques qui ont marqué leur temps. Et qu’il est bon de revoir en tout temps.
Érudit éclectique mais également entrepreneur intellectuel, Jouvenel fonde en famille, dans les années 1960, l’association internationale et la revue Futuribles. Il forge ce néologisme en intégrant les mots « futur » et « possibles », pour suggérer la pluralité des futurs possibles, c’est-à-dire imaginables et plausibles. Pour Jouvenel, la prospective, qui est devenue aujourd’hui un outil d’accompagnement des décisions et du changement, ne consiste pas en projections utopiques mais en prévisions réalistes. Il ne s’agit pas de science-fiction ni de futurologie de kermesse. La prospective est une démarche sérieuse.
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Hannah Arendt
Éminente philosophe, illustre penseur politique mais aussi reporter controversée, Hannah Arendt (1906-1975) a durablement marqué les esprits, et sa contribution à la pensée contemporaine est unanimement reconnue comme de tout premier plan. Ses textes de conceptualisation et de témoignage établissent le récit d’un siècle bouleversé par la barbarie. Sa philosophie, plongée dans les racines grecques et dans le trouble de la crise de la modernité, s’écarte de celle de Heidegger dont elle fut l’élève passionnée. Déracinée par le nazisme, elle chercha toujours à appréhender la condition humaine dans sa diversité. Sa pensée irrigue et anime la philosophie et la science politiques. Attachée aux événements et à la réalité, Arendt, qui se disait plus politiste que philosophe, nous livre des clefs pour observer le terreau du totalitarisme, dont les composantes peuvent toujours se cristalliser.
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Alain
Normalien, agrégé de philosophie, Émile Auguste Chartier dit Alain (1868-1951) est le type même du grand enseignant. Connu pour ses célèbres Propos – tirés de ses chroniques publiées régulièrement dans la presse sous le pseudonyme d’Alain – c’est en tant que professeur de khâgne au lycée Henri-IV qu’il laissera une empreinte très marquée sur une génération (voire plusieurs) d’intellectuels qui entreront, entre autres, à l’École normale supérieure. Tourné vers le journalisme, imprégné de pragmatisme et de vie quotidienne, Alain est pleinement engagé dans la vie de son temps. Républicain radical, pacifiste militant, moraliste tolérant, il devient engagé volontaire, artilleur sur le front où il perd à la fois une certaine insouciance et un pied qui, broyé, le laissera boiteux à vie. Traducteur d’Aristote, passionné de peinture, auteur de grands traités d’esthétique et de métaphysique, d’un violent pamphlet contre la guerre (une « abdication de la volonté ») et d’un texte, qui paraîtra en braille, pour l’harmonie des aveugles, Alain se caractérise par ce genre littéraire qu’il a mis au point : les propos. Ces petits textes, aux thèmes d’actualité, couvrent presque tous les domaines, s’adressant à tout un chacun et pas seulement aux érudits. On en compte plus de cinq mille.
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George Orwell
De son vrai nom Eric Blair (sans lien avec Tony), George Orwell (1903-1950), après être passé par les collèges anglais et la police impériale des Indes, se retrouve au début des années 1930 à Paris, où il mène une existence précaire avant de devenir plongeur dans un restaurant puis de rentrer à Londres et d’y côtoyer la misère des sans-abri. Il s’engage ensuite dans les rangs républicains pendant la guerre d’Espagne où il est blessé, puis revient en Angleterre pour travailler à la BBC. Peu d’écrivains peuvent se targuer, généralement postmortem, d’avoir vu leur nom devenir un adjectif d’usage courant. « Orwellien » désigne les dérives totalitaires, aux dimensions à la fois sanglantes et grotesques, du pouvoir. Orwell s’est engagé dans la dénonciation du stalinisme, ce qui lui a notamment valu d’être calomnié par les communistes intégristes et de voir son livre majeur, 1984 (une anagramme mathématique de 1948, date de sa rédaction), interdit en URSS jusqu’en 1985 !
Orwell a voulu « faire de l’écriture politique un art à part entière » en s’engageant du côté des pauvres et de tous ceux qui subissent le totalitarisme. Révolté contre les propagandistes, il a su par des formules percutantes attaquer les intellectuels liberticides en assurant que « ce sont ceux pour qui la liberté devrait avoir le plus de prix qui la combattent de façon délibérée ». Il a résumé le ridicule de l’égalitarisme total en écrivant que « tous les animaux sont égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que d’autres »…
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