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Critique de sandrine57


En 1896, Chunhe a quinze ans lorsqu'il entre au service de Qing Fu, l'administrateur du village de Dongzhao. Il s'agit pour lui d'entretenir son père dont la pauvreté n'a d'égale que l'honnêteté. le maître est sévère mais juste et l'adolescent est bien traité. Seule ombre au tableau : Qing Deshun, le deuxième fils de la maison, un noceur invétéré, menteur, voleur et tricheur. Lorsque Deshun et Chunhe convoitent la même jeune fille et qu'elle dédaigne le noble pour se fiancer au miséreux, Chunhe n'a d'autre choix que de fuir sa région de naissance pour s'exiler à Pékin. Loin de chez lui, il tombe dans le piège d'un complice de Deshun qui a juré sa perte. Vendu contre son gré à un castrateur, il est délesté de ses parties intimes afin d'entrer au service de la famille impériale en qualité d'eunuque. Résigné, Chunhe commence par servir un eunuque de rang supérieur jusqu'à ce que son obéissance, sa servilité et son honnêteté soient remarquées par l'impératrice Xiaoding. Il la servira de jour comme de nuit, corvéable à merci, battu, humilié, rarement récompensé.

Des confidences de Chunhe, l'historien Shi Dan a tiré un roman sur le destin d'un eunuque à la fin du XIXè siècle. Un destin sombre mais hors du commun. Chunhe est un garçon résigné qui n'a jamais connu que la misère, la malchance, la souffrance. Résilient et servile, il ne se rebelle jamais, par manque de courage et par conscience de son humble position. Innocent et naïf, il ne se méfie pas des beaux parleurs et tombe facilement dans les pièges tendus. Modeste et discret, il effectue son travail le mieux possible, sans se faire remarquer. Introduit dans la mystérieuse Cité interdite, il ne se mêle ni des médisances, ni des intrigues, ni des complots.
Ce témoignage est édifiant sur la condition des eunuques de la cour impériale. Si quelques-uns étaient volontaires, la plupart étaient victimes de trafiquants peu scrupuleux. Les castrateurs en faisaient des monstres aux yeux de leur famille vers laquelle ils ne pouvaient plus se tourner. A noter que le chapitre où Chunhe raconte sa castration est particulièrement dur et poignant.
Au palais, certains se faisaient une place au soleil, accumulant pouvoir et richesse mais le gros des eunuques n'était que des esclaves maltraités et prisonniers des murs de la Cité interdite.
Ce roman émouvant se lit comme un document historique. On y rencontre la cruelle impératrice douairière Cixi, on suit l'exil à Xian de la cour chassée par les rumeurs de guerre avec les puissances occidentales, on y croise Pu Yi, le dernier empereur de la dynastie Qing.
Avec la chute de la maison impériale et l'avènement de la République, les eunuques n'ont eu d'autre solution que de se réfugier dans les monastères prêts à accueillir ces êtres ni femmes, ni hommes.
Un témoignage saisissant et instructif, à découvrir.
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