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Critique de Meps




Kamel Daoud dit que son idée est des plus simples: réécrire l'Etranger du point de vue de la victime et non plus de celui de l'assassin. L'idée est peut être simple, la réalisation moins.

Le premier écueil est de devoir confronter son style à celui de Camus. Concision, clarté du propos, intelligence, profondeur mélangées, le défi est de taille. Il est pour moi brillamment réussi par Daoud, je pourrais citer une phrase clé à chaque page, où la beauté de la langue n'est pas qu'un artifice mais sert le propos comme l'histoire.

Le second est de ne réaliser "que" un pastiche de Camus. Ce n'est pas du tout le cas ici, il s'agit plutôt d'un hommage (les références à d'autres oeuvres sont nombreuses mais subtiles). Et l'auteur n'oublie pas de développer sa propre histoire parallèle, de donner chair et présence à ses personnages. Les trouvailles narratives pour s'éloigner puis rejoindre le roman d'origine sont nombreuses et souvent jouissives.

Une fois passé les écueils, Daoud n'oublie pas non plus de se servir de l'oeuvre pour faire passer ses messages, sans gros sabots mais sans se cacher non plus, ce qui lui a d'ailleurs valu les foudres des autorités religieuses par ses prises de position pour le moins courageuses.

Il faut donc plutôt bien connaitre Camus et son oeuvre (l'Étranger en tout cas au minimum) pour pleinement apprécier toutes les richesses de ce livre. Mais ce qui en fait pour moi un roman singulier et indispensable, c'est aussi toutes ses autres dimensions.
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