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EAN : 9788872520697
172 pages
Milano Archè (01/09/1991)
5/5   3 notes
Résumé :
Le présent recueil est un florilège tiré de celui de trois cents lettres disposées en ordre par le sheikh Darqâwî (1743-1833) lui-même et transcrites par ses disciples les plus directs.
Il est inutile de souligner les exceptionnelles qualités de ce célèbre maître spirituel, fondateur de la tariqa qui porte son nom. En revanche, il est opportun de faire remarquer que la présente édition comprend non seulement ce qui a été publié précédemment (en français ou en... >Voir plus
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Sache que la majesté (al-jalâl) est l’Essence, tandis que la beauté (al-jamâl) est qualité ; mais les qualités ne sont rien d’autre que l’Essence, comme le reconnaissent ceux qui ont atteint la station de l’extinction, ainsi que nous le disions, mais non pas les autres, à savoir nos maîtres dans la science extérieure. Or, il n’y a pas de doute que l’extérieur est pure Rigueur (jalâl), tandis que l’intérieur est pure Clémence (jamâl)(1) ; seulement, l’extérieur prête quelque chose de sa rigueur à l’intérieur, de même que l’intérieur prête quelque chose de sa clémence à l’extérieur, de sorte que l’extérieur devient de la rigueur clémente et l’intérieur de la clémence rigoureuse ; toutefois, la rigueur extérieure est réelle et sa clémence n’est qu’empruntée, de même que la clémence intérieure est réelle, sa rigueur n’étant qu’empruntée ; ceci ne le sait que celui qui a approfondi la science ésotérique comme nous l’avons approfondie, et qui y a plongé et s’est éteint en elle comme nous y avons plongé, jusqu’à l’extinction (que Dieu soit satisfait de nous).

Écoute, ô faqîr, ce que dit le vénérable maître, le saint Abû ‘Abd-Allâh Mohammed Ibn Ahmed al-Ançârî as-Sâdhilî dans son livre intitulé “Le degré suprême du voyageur spirituel dans la révélation des voies” (que Dieu soit satisfait de lui) : “Sache (que Dieu illumine nos cœurs par les lumières de la gnose et qu’il nous conduise sur la voie de tout saint connaissant) que la gnose est la station de al-ihsân(1) et son dernier degré ; Dieu (exalté soit-il) dit : ‘Ils n’ont pas évalué Dieu selon Sa juste mesure’ (Coran XXII, 73) ; c’est-à-dire : ils ne L’ont pas connu vraiment. Il dit également : ‘Tu verras comme leurs yeux débordent de larmes sous l’effet de ce qu’ils connaissent de la Vérité’ (Coran, V, 86). Et le Prophète (sur lui la bénédiction et la paix) dit : ‘Le pilier d’une maison est son support, et le pilier de la religion est la gnose de Dieu’. Or nous entendons ici par gnose (marifah) la fixation de la contemplation en état de sobriété accompagnée de l’exercice de la justice et de la sagesse ; et cela est tout autre chose que la définition de la connaissance (ma'rifah) telle que la donnent les docteurs de la loi qui n’y voient que la science des dogmes. Bien que la gnose englobe en principe toute connaissance, donc aussi la science (théologique) en tant que celle-ci est une connaissance, la gnose de Dieu ne se distingue pas moins de toute autre science, en ce sens qu’elle concerne la signification des noms et des qualités divins, non pas d’une manière distinctive mais sans séparation entre les qualités et l’Essence. C’est là la gnose qui jaillit de la source de l’union, qui dérive de la pureté parfaite et qui se fait jour par la demeure perpétuelle de la conscience intime avec Dieu (exalté soit-il)...” Enfin il dit : “Si cela est acquis, alors la gnose n’est autre chose que le degré suprême des initiés et le but de ceux qui voyagent vers Dieu, et c’est elle la qualité dans laquelle ils donnent leur moi en échange pour Dieu. Et même s’il ne reste d’eux en ce jour-ci que le seul nom, nous n’en parlerons pas moins de leurs états et de leurs conditions pour que tu connaisses par là toute l’étendue de ce que nous avons failli obtenir de la part de Dieu (exalté soit-il), et pour que tu suives ce en quoi t’ont précédé les isolés, ce par quoi les gnostiques ont été victorieux, tandis que les exotéristes le rejettent. En vérité nous sommes à Dieu et nous retournons à Lui (Coran, II, 155)...”

(1) Les qualités divines peuvent être divisées en deux groupes qui se rapportent respectivement à la Majesté (jalâl) et à la Beauté (jamâl). La Majesté, dont la révélation brûle et consume les mondes, comporte un aspect de rigueur, tandis que la beauté synthétise la clémence, la générosité, la compassion et toutes les qualités analogues. Dans l’Hindouisme, Shiva et Vishnu ont respectivement les mêmes fonctions. Plus haut, nous avons traduit jalâl et jamâl par “majesté” et “beauté” ; dans le contexte présent, où il s’agit d’applications cosmiques et psychologiques, il convient de parler de “rigueur” et de “clémence”.

(2) Al-ihsân, la vertu contemplative, définie par cette parole du Prophète : “Que tu adores Dieu comme si tu Le voyais ; si tu ne Le vois pas, Lui pourtant te voit.” (lettre 35, pp. 109-111)
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Je dis également à un certain frère: “Ne frappe ni juif, ni chrétien, ni musulman, mais frappe ta propre âme (nafs), et ne cesse pas de la frapper jusqu’à ce qu’elle meure !” Et sans faute, sans faute, vous aussi, mes frères, rejetez le bavardage entièrement, car c’est une des pires tentations et ne convient pas à votre station ni à votre état spirituels. Et ne mentionnez les gens qu’en bien, car “n’a pas de gratitude envers Dieu qui n’a pas de gratitude envers les hommes”, comme dit le Prophète (sur lui la bénédiction et la paix). Nous constatons d’ailleurs — et Dieu est plus savant — que celui qui ne considère pas les hommes, c’est-à-dire, qui les ignore, ne contemple non plus Dieu d’une manière parfaite, car le parfait c’est celui auquel la créature ne cache pas le Créateur ni le Créateur la créature ; la connaissance distinctive ne lui cache pas la connaissance unitive, ni celle-ci celle- là ; l’effet ne lui cache pas la cause, ni la cause l’effet, la loi religieuse (sharî’ah) ne lui cache pas la vérité spirituelle (haqîqah) ni la vérité spirituelle la loi religieuse ; la méthode (sulûk) ne lui cache pas l’attraction intérieure (jadhb), ni l’attraction intérieure la méthode, et ainsi de suite ; c’est lui qui a réalisé le but ; il est le parfait, le gnostique ; tandis que son opposé c’est l'égaré ; nous ne parlons pas du fou de Dieu (majdhûb) qui a été ravi hors de ses sens, car celui-ci n’est point égaré(1).
(...)
Pour ce que nous disions de l’attachement du cœur à la vision de l’Essence de notre Seigneur, aucun de nous ne le possède tant que notre égo (nafs) n’est pas éteint, effacé, disparu, parti et annihilé, comme le dit le saint Abul-Mawâhib at-Tûnsi (que Dieu soit satisfait de lui) : “L’extinction est effacement, disparition, départ de toi-même et cessation” ; et comme le dit le saint Abû Madyan (que Dieu soit satisfait de lui): “Qui ne meurt pas ne voit pas Dieu” ; et comme l’ont confirmé tous les maîtres de la Voie. Et gare à vous, gare à vous si vous croyez que ce sont les choses solides ou subtiles qui nous voilent notre Seigneur ; par Dieu non, ce n’est que l’illusion (wahm)(2) qui nous Le voile, et l’illusion est vaine comme le dit le saint Ibn ‘Atâï-Llâh (que Dieu soit satisfait de lui) dans ses Hikam: “Dieu ne t’est pas voilé par quelque réalité qui coexisterait avec Lui, puisqu’il n’y a pas de réalité hormis Lui ; ce qui te Le voile n’est que l’illusion qu’il y ait une réalité outre Lui.”

(1) Le majdhûb, l’“attiré” par le jadhb (l’attraction) divine, c’est le spirituel dont l’esprit est continuellement absent du plan des sens et de la raison, de sorte qu’il apparaît comme un fou ou un somnambule.

(2) Al-wahm signifie à la fois illusion et imagination ; c’est l’imagination arbitraire, qui obnubile et égare, tandis que al-khayâl désigne souvent l’imagination en tant que faculté normale de l’âme, réceptive à l’égard des formes archétypiques ; transposés en conceptions védantines, ce sont les deux aspects négatif et positif de mâyâ, qui voile et révèle en même-temps. (lettres 10 & 13, pp. 44-45 & 55-56)
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L’âme (nafs) est une chose immense ; elle est le cosmos entier, puisqu’elle en est la copie. Tout ce qui est en lui, se retrouve en elle, et tout ce qui est en elle, est également en lui. De ce fait, celui qui la domine, le domine certainement, de même que celui qui est dominé par elle, est certainement dominé par le cosmos entier.
(...)
Celui qui est arrivé à Dieu se reconnaît à bien des signes, à savoir à ce que toutes choses, grandes ou petites, sont dans sa main et soumises à son ordre, car il est pour l’univers ce que le cœur est pour le corps (mais Dieu est plus savant). Lorsque le cœur se meut, les membres se meuvent également, et lorsqu’il est immobile, ils s’immobilisent aussi : s’il se lève, ils se lèvent ; s’il s’assied, ils s’asseyent ; s’il se contracte, ils se contractent ; s’il se détend, ils se détendent ; s’il faiblit, ils s’affaiblissent; s’il est fort, ils deviennent forts ; s’il est humble, ils s’humilient ; s’il est orgueilleux, ils s’enorgueillissent, et ainsi de suite. De même, celui qui a parcouru le chemin vers Dieu, qui s’est éteint dans la contemplation de Son infinité et libéré de l’illusion qu’il y ait une réalité autre que Dieu, — celui-là l’existence le suit et lui obéit ; où il se tourne, elle se tourne. Et Dieu est garant de ce que nous disons.
(...)
Lorsque le serviteur connaît son Seigneur, toutes les créatures le reconnaissent et toutes les choses lui obéissent. Mais Dieu est plus savant.

L’illustre sheikh, notre maître (que Dieu soit satisfait de lui) disait : “Quand ton cœur se vide des êtres, il se remplit de l’Être, et dès lors, l’amour naît entre toi et les autres êtres. Si tu agis purement envers ton Créateur, toutes les créatures te manifesteront leur bienveillance.” Et nous dirons : lorsque tu es sincère dans la contemplation de ton Seigneur, Il t’éprouvera en se manifestant à toi sous tous les aspects, et si alors tu Le reconnais et ne L’ignores pas, l’univers et tout ce qu’il contient te reconnaîtra ; il t’aimera et te manifestera de la vénération et de la générosité ; il se ralliera à toi, t’obéira, et te désirera ; il se réjouira en ton souvenir, te montrera sa sollicitude, se glorifiera en toi, accourra et t’appellera ; tu verras tout cela de tes yeux. Mais si tu ignores Dieu lorsqu’il se manifeste à toi, toute chose t’ignorera également, toute chose te niera, t’humiliera, te méprisera ; toute chose t’amoindrira, te rendra plus-méprisable, pire, plus lourd, plus éloigné ; toute chose t’injuriera, te fuira, s’opposera à toi et te vaincra. (lettres 23, 30 & 31, pp. 81, 95 & 97-98)
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Pour les hommes dont la station spirituelle (maqâm) est l’extinction (fana), les qualités divines ne sont rien d’autre que l’Essence (dhât) de Dieu, car lorsqu’ils s’éteignent en Dieu, ils ne contemplent que Son Essence ; dès qu’ils La contemplent, ils ne voient plus rien en dehors d’Elle ; et c’est pourquoi on les appelle dhâtiyûn (“essentiels”). Or, l’Essence divine possède une telle infinitude, une telle beauté et bonté, que les intelligences les plus parfaites parmi les élus, sans parler de leur majorité, en sont consternées. Car Elle se fait tellement subtile et fine qu’Elle disparaît par excès de subtilité et de finesse ; et dans cet état, Elle Se dit à Elle-même : Mon infinitude, Ma beauté, Ma bonté, Ma splendeur, Ma pénétration, Mon élévation et Mon exaltation n’ont point de limites. Ainsi Elle est non-manifestée. Mais l’Infini n’est infini que s’il est à la fois manifesté et non-manifesté, subtil et solide, proche et lointain, à la fois qualifié de beauté et de rigueur, et ainsi de suite ; or, lorsqu’Elle voulut manifester tout cela, l’Essence se demanda: comment le manifesterai-je ? — tout en sachant comment — et Elle Se dit : Je Me dévoilerai et Me voilerai en même temps ; et c’est ce qu’Elle fit, d’où les quiddités des choses, ou plus exactement : les formes qui, comme telles, sont présentes ou absentes, subtiles ou solides, supérieures ou inférieures, proches ou lointaines, spirituelles ou sensibles, clémentes ou terribles, et qui sont toutes l’Essence ou, si tu préfères, des formes dans lesquelles se manifeste la beauté de l’Essence, sans qu’elles puissent manifester l’Essence comme telle, puisqu’en Elle-même il n’y a qu’Elle seule et aucune chose en dehors d’Elle. A ce propos, les maîtres de la Voie d’entre nos frères d’Orient ont dit :

“Le Tout est beauté, la beauté de Dieu, sans aucun
[doute.
Ce n’est que la marque du néant qu’atteint le doute.
O toi qui bois à la source (‘ayn), lorsque tu réaliseras,
[il cessera, le doute.
L’Essence (dhât) est l’essence même (‘ayn) des qualités ; il n’y a pas en cette vérité de doute.”
(...)
Écoute, ô faqîr, ce que dit le vénérable maître, le saint Abû ‘Abd-Allâh Mohammed Ibn Ahmed al-Ançârî as-Shâdhilî dans son livre intitulé “Le degré suprême du voyageur spirituel dans la révélation des voies” (que Dieu soit satisfait de lui) : “Sache (que Dieu illumine nos cœurs par les lumières de la gnose et qu’il nous conduise sur la voie de tout saint connaissant) que la gnose est la station de al-ihsân et son dernier degré ; Dieu (exalté soit-il) dit : ‘Ils n’ont pas évalué Dieu selon Sa juste mesure’ (Coran XXII, 73) ; c’est-à-dire : ils ne L’ont pas connu vraiment. Il dit également : ‘Tu verras comme leurs yeux débordent de larmes sous l’effet de ce qu’ils connaissent de la Vérité’ (Coran, V, 86). Et le Prophète (sur lui la bénédiction et la paix) dit : ‘Le pilier d’une maison est son support, et le pilier de la religion est la gnose de Dieu’. Or nous entendons ici par gnose (ma'rifah) la fixation de la contemplation en état de sobriété accompagnée de l’exercice de la justice et de la sagesse ; et cela est tout autre chose que la définition de la connaissance (ma'rifah) telle que la donnent les docteurs de la loi qui n’y voient que la science des dogmes. (lettre 35, pp. 107-111)
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L’homme fort est celui qui se réjouit de voir que le monde échappe de ses mains, le quitte et le fuit ; qui se réjouit du fait que les gens le méprisent et disent du mal de lui, et qui se contente de sa connaissance de Dieu. Le vénérable maître, le saint Ibn ‘Atâ-Llâh (que Dieu soit satisfait de lui) dit à ce propos dans ses Hikam. “Si le fait que les gens se détournent de toi ou qu’ils médisent de toi, te procure de la souffrance, reviens vers la connaissance de Dieu en toi ; si cette connaissance ne te suffit pas, alors le manque de contentement par la connaissance de Dieu est une épreuve bien plus grave que n’est la médisance des gens. Le but de cette médisance, c’est que tu ne te reposes pas sur les gens ; Dieu veut te ramener de toutes choses afin qu’aucune chose ne te distraie de Lui.” (lettre 19, p. 73)
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