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Critique de Meps


Mon histoire avec Lou Darsan tourne autour de la Comédie du Livre et je ne pouvais qu'acheter et lire son deuxième roman. Elle l'a écrit en partie lors d'une résidence à Lattara, avant la Comédie du Livre 2021. C'est à cette occasion qu'une amie m'avait acheté son premier roman et que je l'avais ainsi découvert. J'ai eu la chance de la rencontrer à la Comédie du Livre 2023, de lui raconter mon histoire amico-littéraire qui l'avait touché, de récupérer des dédicaces pour moi et mon amie puisque j'ai bien l'intention de lui offrir ce deuxième roman... maintenant que je l'ai lu ! (c'était aussi ce qu'elle avait fait !).

Lou Darsan n'a pas froid aux yeux. D'abord parce que la majeure partie de son livre se déroule dans une cabane dans le Grand Nord... Ensuite parce qu'elle s'attaque à ce qu'il y a de plus difficile pour moi en littérature : raconter le bonheur, le calme, la sérénité, l'introspection. Dans un monde qui ne s'arrête pas d'avancer (mais peut-être pour tourner en rond), elle décide de se poser, de faire escale, de faire résidence en couple d'artiste, lui dessinateur, elle romancière nomade, dans ce Grand Nord si éprouvant. On voit tout de suite les écueils, pour eux comme pour le lecteur : l'ennui, le manque de rebondissements, le quotidien monotone qui peut user la plus puissante des passions.

Alors qu'elle avait choisi de raconter dans son premier roman le voyage, réel et initiatique mais aussi intérieur, d'une héroïne en pleine renaissance, elle ose la première personne (ce qui fait s'interroger sur le côté sans doute en partie autobiographique du premier livre) et l'immobilisme. Se lançant dans le récit du couple, elle ne recule pas devant les scènes très sensuelles et très douces, d'un érotisme troublant. Elle garde tout son sens de l'observation de la nature, son art du dialogue entre les animaux, les végétaux et son intériorité ; sa volonté de passer par l'onirisme, la fantasmagorie pour mieux saisir l'essence de l'être. Alors qu'elle flirtait avec la poésie avec son style dans L'arrachée belle (quel titre...), elle s'y confronte sans détour ici, avec des passages dont la forme indique clairement le choix poétique. Elle n'oublie pas non plus de venir interroger son époque, dans le rapport au matériel, dans les constructions luxueuses abandonnées faute de moyens qui défigurent certains littoraux visités dans ses pérégrinations.

J'avoue avoir été légèrement moins transporté par celui-ci que par le précédent, sans doute que je dois comme tout le monde préférer la lutte âpre d'une jeune femme pour se reconstruire que le bonheur paisible d'un couple en harmonie. Je lui reconnais en tout cas un statut d'auteur nature writing à la française, dans un genre reconnu et florissant en Amérique du Nord et moins exploité ici. Elle développe au fil des livres une identité littéraire marquée et originale, bien dans l'esprit des Editions de la Contre Allée qui l'accueillent et la mettent en valeur. Parfois les rencontres auteur-éditeur sont des évidences et il faut soutenir ces initiatives pour que vivent toutes les formes de récit de notre monde.
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