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EAN : 9782376650140
160 pages
Contre Allée (20/08/2020)
3.37/5   60 notes
Résumé :
"Au centre de cette histoire, il y a le corps d'une femme, ses hantises et ses obsessions, et il y a la nature. C'est l'histoire d'une échappée belle, d'une femme qui quitte, presque du jour au lendemain, tout ce qui déterminait son identité sociale. Elle sort de stase et se met en mouvement. Son départ est d'abord une pulsion, une sorte de fuite vers l'avant qui tient du road movie, avec de longues traversées de paysages en voiture, en auto-stop, puis à pied.
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
3,37

sur 60 notes
°°° Rentrée littéraire # 16 °°°

«  Délaissant les grands axes, j'ai pris la contre-allée. Je suis emporté. Transporté. » Alain Bashung, Aucun express.

C'est ce que fait le personnage central de ce récit très singulier. Elle a pris la contre-allée. Elle fuit. Comme une échappatoire à une vie de couple devenue oppressante par ses non-dits, par le vide entre les corps. Elle est submergée par l'angoisse et la violence de la perte de sens au point de sombrer dans une forme de dépression et de dépersonnalisation. Elle n'a même pas de prénom. Tout le roman est le récit de cette fuite pour se reconnecter au monde et à soi, un réveil même au contact de la nature dans laquelle elle s'enfonce au plus profond, loi de tout.

«  Des visions abrasives peuplent ses nuits, bientôt elle n'aura plus de peau pour cacher les nerfs et les tendons, poncée couche par couche, et le goût du sel sur ses lèvres ne disparaît pas. Chaque matin la trouve plus fine que la veille, pourtant ses poumons, qui confisquent le peu d'oxygène de l'espace réduit où elle se confine, s'élargissent à toutes les cavités du corps. »

«  Elle s'imagine comme une termitière abandonnée parcourue de longs couloirs vides ou un fruit piqué dont les deux minuscules trous de vers qui percent la peau ne présagent qu'à peine le désastreux labyrinthe intérieur où la larve a grandi avant d'éclore et de s'envoler. »

Ce qui frappe à la lecture de ce roman, c'est sa remarquable audace formelle. J'ai rarement lu un écriture aussi sensorielle et organique mettant à le corps et ses sensations au centre de tout. La langue épouse la psychologie du personnage et rend compte de ses moindres évolutions. Les mots ont des antennes qui captent chaque vibration, chaque souffle, chaque tressaillement. On sent l'effort de la femme pour s'extraire de sa douleur. On sent la terreur qui revient à travers des phrases syncopées, sans ponctuation et avec moults espaces. Puis l'apaisement qui vient avec des phrases lumineuses emplies de nature.

L'Arrachée-belle ( quel superbe titre ) laisse beaucoup de place à l'imaginaire du lecteur. J'ai aimé perdre pied dans le flou poreux mêlant réel, visions, cauchemars et rêves, sans parvenir à les différencier. J'ai été touchée par cette nature décrite comme un refuge, par cette animalité retrouvée voire cette végétalité révélée qui rassurent et permettent de se réinventer ailleurs. Un roman impressionniste aux sensations multiples, entre effroi et poésie.
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Le titre et la première de couverture éveillent à eux seuls le désir de s'arracher du quotidien pour suivre le périple physique et sensoriel de l'héroïne de ce court roman, trop court peut-être, mais tellement dense que 120 petites pages peuvent suffire pour ce décrochement qui renvoie tout simplement à l'existence.

Au début, elle sent qu'elle doit partir et les tâtonnements dans sa prise de décision sont déjà des moments de lecture très prenants. Puis, une fois l'Arrachée commencée, c'est toute une gamme de sensations qu'elle va découvrir pleinement aussi bien dans son corps que dans sa tête. Et commence alors une suite de contacts avec la terre, le sable, la roche, l'eau, élément qui joue un grand rôle dans ce beau texte. Ce n'est plus celle de la baignoire, prison en quelque sorte pour le corps, mais celle des sources, des rus, des étangs, puis de l'océan.

L'épisode dans le coeur d'un aven est particulièrement saisissant sur le plan tactile avec des descriptions riches en émotions et en sensualité. de même, le détachement qu'elle réalise peu à peu vis-à-vis des objets, des vêtements, de tout ce qui peut paraître essentiel et devient pour elle inutile, sera la réussite son arrachement.

Ajoutons une écriture soignée, au vocabulaire très riche, notamment pour désigner les plantes, les fleurs, les céréales, les oiseaux, les marées, les vagues, bref tout ce qui peut se toucher, être respiré par son corps et son âme.

Le corps est effectivement un autre héros de ce livre puisque c'est lui qui a besoin de cette fuite et qui découvre d'autres besoins sous-jacents, tous ces touchers finalement nécessaires dont nous oublions quelquefois de profiter alors que la nature nous offre tant d'opportunités de les savourer.

Et une fin qui ouvre vers l'être, une sorte de délivrance laissant au lecteur un imaginaire des possibles vers lesquels il peut trouver peut-être une identification personnelle.
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Nos rencontres avec une auteure sont parfois singulières et prennent des détours qui inscriront dans le temps notre histoire commune. Lou Darsan est venue en mars 2021 en résidence à Lattara, site archéologique proche de Montpellier, afin de poursuivre l'écriture de son second roman. Une de mes collègues de travail l'a rencontré à cette occasion sur place, a acheté son premier roman qui l'a beaucoup touché par son écriture singulière. Connaissant mon amour des livres, elle a tenu à me l'offrir, également parce qu'elle allait quitter notre structure après plus de 20 ans de carrière. le livre est alors entré dans ma PAL avec toute cette charge émotionnelle, la sienne comme celle de la fin de notre collaboration professionnelle. A l'occasion de son départ officiel, j'en profitais pour lui offrir un autre livre émotionnellement chargé pour moi et au titre évocateur, Tous tes enfants dispersés de Beata Umubyeyi Mairesse.

Six mois après son départ, le moment était venu de se lancer dans l'aventure, rempli du mystère de ce qui avait pu inciter ma collègue à penser à moi à l'occasion de cette lecture. J'ai rapidement compris que ce livre était en effet particulièrement fait pour moi. L'auteure se donne clairement pour mission de nous faire entrer à l'intérieur du cerveau de son personnage principal. L'histoire concrète de son personnage, son lieu de vie, même son prénom, sont anecdotiques. Elle plonge à l'intérieur d'elle-même, de ce qu'on identifie comme une dépression profonde, une absence à soi dans une relation amoureuse morte où elle ne joue qu'un rôle qui lui est assigné, l'urgence de partir pour se retrouver au risque de se perdre définitivement.

Partir pour se retrouver, voilà qui résume simplement le livre et qui pourrait être la définition de l'ensemble des road movies à l'américaine du genre Into the wild que l'on connait bien. Et il y aura en effet les traditionnelles rencontres avec les gens sur la route, la communion avec la nature, ici dans tous ses règnes (animal, végétal et également minéral avec une scène magnifique de la plongée dans une grotte). Mais ce road-movie est vraiment totalement intérieur, et c'est ce qui fait son originalité. On n'a accès à tout cet extérieur principalement par ce qu'il inscrit au sein du corps de l'héroïne. L'auteur multiplie les trouvailles narratives, stylistiques pour rendre cela et on a grande envie de discuter avec elle pour être sûr du sens à donner à certains choix comme celui de la présence d'animaux pourtant communs et présents dans nos campagnes , mais au nom inconnus de la plupart des gens (enfin j'espère que comme moi vous n'avez pas entendu parler de gerri, tadorne, opilion, bombyle, pyrale ou tegenaire, car sinon je douterais de mes connaissances zoologiques de base, rassurez-moi je vous en prie). On se prend à supposer que l'auteur découvre ainsi l'individualité, au delà des termes génériques qui nous permettent de les classer (car ce sont des punaises d'eau, des canards, des faucheurs, des bourdons, des papillons et des araignées, là vous devez être en terrain bien plus connus). Et cette individualité, c'est bien ce qu'elle veut redécouvrir, ce qui fait d'elle qu'elle est elle-même et pas n'importe qui d'autre.

Il serait impossible de détailler ici tout ce que l'auteure déploie pour nous emporter avec elle dans cette quête d'identité, prenant systématiquement l'extérieur comme support à un retour vers l'intérieur, très organique le plus souvent. La plongée est impressionnante, on parvient à s'extraire petit à petit de l'envie de faire des suppositions sur l'histoire de cette femme, sur son passé, pour s'abandonner avec l'auteur à l'intériorité pure. Cela nous renvoie également à notre propre intériorité, à la nécessité d'écouter sa musique intérieure afin de ne jamais oublier qui nous sommes.

Lou Darsan est restée à Lattara jusqu'à la Comédie du Livre 2021, qui n'a malhereusement été que virtuelle pandémie oblige. Espérons que la Comédie du Livre 2022 sera l'occasion pour elle de revenir présenter son deuxième roman (que l'on annonce pas encore mais qui sait d'ici juin) et me permettre ainsi d'échanger mes impressions et questionnements. Et si 2022 est aussi l'occasion d'un passage de Beata Umubyeyi Mairesse, dont le passage de 2021 en virtuel m'avait ô combien frustré, je serais un lecteur comblé !
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Voilà un livre très surprenant dans lequel je suis entrée tout doucement, hésitante un peu au début car très loin de tout ce que j'ai l'habitude de lire mais dont le thème, le road-movie d'une femme qui laisse derrière elle une vie vide de sens et qui part à la découverte de ce qu'elle est vraiment m'intéresse. N'est-ce pas notre quête à tous et toutes.

"Elle essayait de marcher droit, de dessiner une ligne claire, en réalité elle s'esquintait les genoux et s'arrachait les ongles en pavant la voie sur laquelle elle s'obstinait à se traîner à quatre pattes, brave petite pèlerine qui montait les marches à genoux et aurait pour finir mâchouillé l'hostie fade qu'on lui aurait offerte en récompense de s'être punie de vouloir vive, vivre absolument, de s'être ôté l'idée d'un possible et d'une liberté, de s'être conformée à l'idée d'un bonheur sans embûches pour ne pas être montrée du doigt. (p55)"

Tout commence par un malaise, diffus mais présent, un mal-être dans une vie qui ne lui convient plus, faite d'artifices et de faux-semblants. Alors il y a le point de rupture, la fuite pour ne pas sombrer.

Un itinéraire féminin où les principales rencontres seront très intimes, très personnelles, des révélations où corps et âme se mêlent, pour ressentir ce qu'elle est profondément, intimement, ce qu'elle délaisse et ce qu'elle veut trouver sans d'ailleurs le savoir elle-même car c'est en le trouvant qu'elle atteindra son but. Tous ses sens sont en éveil, elle écoute son corps, sa peau qui vont devenir ses récepteurs d'émotions.

"(...) il lui faudrait un effort lent et soutenu pendant plusieurs années, un effort qui anéantirait les sensations sur sa peau, qui transformerait les caresses du vent en coupures et petites douleurs ; pour enfin comprendre, puis pardonner, puis oublier les mues qu'elle a laissées derrière elle. (p147)"

Ce qui est frappant dans ce court mais intense voyage c'est l'écriture, fouillée, recherchée, précise, presque comme un cri à certains moments ou comme chuchotée, où la nature et sa faune tressent le chemin, sont porteurs de messages, de symboles, où il m'a fallu parfois sortir le dictionnaire car mes connaissances en insectes, oiseaux ou géologie n'étaient pas aussi étendues que celles de l'auteure. Des phrases d'un jet, comme un ruisseau qui dévale ou comme des émotions douces et profondes qui affluent jusqu'à la renaissance.

"Il a fallu les augures, bibelots brisés, pétrels & corvidés, il a fallu la baignade et que les dégueulis de rire fassent monter la fièvre pour que naisse l'arrachée belle. (p101)"

Il y a des révélations corporelles, sensorielles, elle prend les chemins de traverse car ses rares rencontres ne lui apporteront pas ce que la nature peut révéler d'elle. Une "baignade sous la montagne" sera une sorte de seconde naissance, un baptême à ce qu'elle sait qu'elle est.

"Elle aimerait qu'un regard la saisisse. Que cette femme qui lui ressemble soit vue, intégrale. Elle pense qu'elle est la seule spectatrice de son corps et que cela la rend plus forte. Aucune émotion n'est liée à cette image, seulement le sentiment d'existence, d'être concrète, d'être corps. (p118)"

Il faut se laisser immerger dans ce récit où l'on retrouve, pour moi, une influence évidente de Virginia Woolf, l'écriture de flux de conscience (Lou Darsan la cite d'ailleurs Vers le phare en fin d'ouvrage dont elle reprend certaines citations), une écriture d'ambiance où l'esprit navigue, où tous les sens s'éveillent pour comprendre où imaginer ce que l'on voit, sent, entend.

J'avoue avoir abandonné le dictionnaire animal et végétal pour me laisser porter par ce voyage poétique, loin de mes chemins littéraires habituels, en quête de soi-même, où les virgules parfois s'oublient pour faire corps entre les éléments, où la poésie est omniprésente et après un démarrage interrogatif sur le chemin emprunté je me suis surprise à aimer écouter les pensées de cette femme, presque à la manière d'une chamane, écoutant le monde qui l'entoure et y trouvant sa place.

"Elle s'abîme dans la contemplation du ponant, une vision de paix et de bonheur qui accord intérieur et extérieur, qui estompe sa frontière : l'iode léger, le vent à peine, être soudaine mélancolie, s'abattre en écume, se retirer et emporter algues sables galets, enfler encore - s'abattre, encore. (p148)"

On pense à une envolée belle mais ici c'est L'arrachée belle car elle demande patience, observation, écoute, volonté, ancrée dans le sol, dans la terre et il faut accepter de tout quitter, de "s'arracher" comme une mauvaise herbe pour pousser ailleurs.

Un petit court premier roman, plein de charme et de promesses, dans lequel on peut se replonger dans les moments de doute, de recherche de sens, ou simplement pour la beauté des mots.

Une très belle découverte.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Un premier roman qui nous fait voyager et qui est poétique. L'histoire d'une femme dont les contraintes quotidiennes ou autres la minent. Elle effectue une introspection et elle constate qu'elle doit partir pour survivre. Elle se lancera dans un road movie qui nous rapprocheras de la nature, jusqu'à se mettre à nue, car peu à peu, comme on enlève des pelures, elle va se redécouvrir.
Une belle écriture mais un style qui ne m'a pas touché. Ce n'était peut-être pas le bon moment pour moi pour cette lecture.
Livre lu dans le cadre du Prix Bab'elles de la librairie de Sartrouville et des Éditions Actes Sud qui m'ont permis de découvrir ce livre.
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critiques presse (1)
LesInrocks
13 octobre 2020
Le choc de L'Arrachée belle, premier roman de Lou Darsan, tient à son style qui n'est que la sudation de ses humeurs. Humeurs vagabondes, écriture nomade.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Ses mains glissent entre ses cuisses et tâtonnent dans la moiteur poisseuse qui y règne, les fluides secs accrochés à un désordre de poils, la douceur glissante des plis écartés d'un doigt, l'humidité rassurante de son centre, les aspérités granuleuses et l'élasticité de ses muscles qui se resserrent autour de ses doigts. D'un pouce, elle éveille son corps en dessinant des cercles concentriques sur sa vulve gonflée. Spirales d'infllux nerveux, fusion électrique qui brûle et irradie, l'univers vibre, un monde explose. Elle tremble -- tout se fige. Quand elle se lève et s'étire, elle est arc oeil douceur rosée peau & marche.
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Assise sur un affleurement rocheux, elle contemple les failles et les reliefs du massif calcaire qui déploie ses plis et ses drapés jusqu'aux courbes bleutées de l'horizon. À quelques pas d'elle, le haut plateau s'arrête brusquement et chute dans la vallée que son à-pic surplombe. Si elle se penchait, elle n'apercevrait que les plumets disparates du buis ébouriffé au sommet des lapiaz que l'érosion a sculptés à mi-hauteur du mur. Dans son dos, les ondulations dorées de la prairie sont parsemées de roches égaillées, nageoires dorsales de monstres jurassiques et golems dolomitiques qui s'abreuvent la nuit à l'eau boueuse des dolines. Plus loin, les gorges qui enserrent le haut plateau par le nord et le sud sont trop étroites pour que tinguer les méandres argentés de l'eau qui les creuse ; l'on puisse dis-l'étiage réduit leur chant à un murmure. Elle songe aux notions qui lui manquent pour établir l'orographie du paysage: elle confond synclinal et anticlinal, ubac et adret, ne sait nommer que la couleur, la lumière, l'odeur. Les formes et la structure de la montagne lui échappent et les vagues de chaleur l'endorment. Le matin bruyant du village massé sur la fourche de la rivière s'éloigne déjà de sa mémoire, dans son sillage s'estompent ses places aux marronniers maladifs, ses exclamations de badauds, ses vitrines de viande sèche suspendue en guirlandes au-dessus de bocaux de pâté lourd d'exhausteurs.
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La cohabitation quotidienne avec cet homme qu'elle méprise alors même qu'elle accepte de partager son lit l'a transformée en sa propre contemptrice et aiguisé la conscience qu'elle avait de sa faiblesse, de sa lâcheté, de ses pulsions. Le prince n'a violé ni son corps ni son sommeil. Il a suffi, pour qu'elle lui ouvre la porte, qu'elle ait depuis longtemps filé les quenouilles de mensonges qu'on lui tendait et qu'elle ait tissé sa prison avec leur fil. Elle ne l'a pas chassé de chez elle. Il a changé les ampoules grillées et l'a invitée au restaurant, elle s'est faite volontaire et féline, a trouvé en lui la réponse aux injonctions qui pesaient sur elle. Ils se sont installés en ménage et ont fait équipe pour le choix des rideaux et l'arrosage hebdomadaire des plantes grasses, ils ont instauré des rituels propres à leur couple, le brossage de dents côte à côte, le Oolong du petit-déjeuner, l'émission radiophonique du samedi midi. Depuis que la tapisserie de mensonges s'élime et que ses usures en révèlent par transparence la trame, elle ne sait plus que faire de l'encombrante présence de cet autre auquel elle s'est accoutumée et qui n'a pas su décrypter ses mystères ni soulever ses voiles. Quand elle lui tourne le dos, il ravaude. Il lui confisque les ciseaux pour qu'elle ne puisse pas couper le fil blanc qu'il dévide.
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Pourtant, elle est reconnaissante qu'il lui taille les griffes pour la protéger d'elle-même. Elle a été si intense, si emplie d'une fureur primale dans ses dons et ses emportements, si acharnée à être passion et tornade alors qu'il lui répondait par un calme rationnel, par un attachement sincère à choyer l'objet de son affection. Elle s'est persuadée d'incarner le pendant bestial et corporel de l'humain dans le couple qu'ils forment. Dès lors, convaincue de sa dépravation et sa cruauté, de sa monstruosité amadouée par les chairs sanglantes d'animaux gavés de sédatifs et d'antibiotiques lancées pour l'appâter, que lui restait-il sinon apprendre à se donner tout entière, à s'abandonner aux soins prodigués, à se laisser nourrir et cajoler? L'idée insidieuse de sa domestication nécessaire a progressé en parallèle de celle de sa bestialité.
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Elle chante en cheminant, pour elle-même, des airs sans queue ni tête, des mélodies qu'elle a entendues et qu'elle mélange, des lalala sans paroles La dissipation des peurs et des croyances a laissé un vide qui offre une place nouvelle aux choses enfouies, longtemps crues oubliées : les poèmes, les phrases, la souplesse des pensées.
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Vidéo de Lou Darsan
Soirée animée par l'Académie Hors Concours & Jean-Luc d'Asciano Lecture par David Sidibé
Créé en 2016, le prix Hors Concours défend une littérature engagée, et récompense exclusivement des éditeurs indépendants. Il offre la possibilité à ses lecteurs de découvrir des textes inédits de la littérature adulte, contemporaine et francophone, et de voter pour leur auteur favori. L'un de ces cinq finalistes repartira avec le prix de cette édition 2021 : – Demain la brume de Timothée Demeillers aux éditions Asphalte – Mars violet de Oana Lohan aux éditions le Chemin de fer – L'Arrachée belle de Lou Darsan aux éditions La Contre Allée – Encabanée de Gabrielle Filteau-Chiba aux éditions le Mot et le reste – Ultramarins de Mariette Navarro aux éditions Quidam
Cérémonie organisée à la Maison de la Poésie, en présence des auteurices, des éditeurices en lice et des membres du jury : Stéphanie Khayat, journaliste à Télématin, Inès de la Motte Saint-Pierre, journaliste à La Grande Librairie, Ilana Moryoussef, responsable littérature à France Inter, David Medioni, rédacteur en cher d'Ernest ! et Isabelle Motrot, directrice de la rédaction du magazine Causette.
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