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Critique de Lucilou


Je viens de me brûler ou de me noyer, je ne sais plus trop.
Je viens de me cogner, de mordre la poussière et je suis pétrifiée, rendue hagarde par tant de lumière et de beauté.
Je suis foudroyée et dans cet éclair de lecture qui m'a saisie toute entière, je voudrais chercher encore les étoiles et la lumière, la couleur, le rouge, le feu.

"Foudre". J'ai adoré "Foudre" et l'écriture incandescente de Lydie Dattas qui dans ce court roman raconte son enfance d'une part et d'autre part son histoire d'amour avec Alexandre Bouglione, prince puis roi du cirque du même nom, qu'elle rebaptise dans son ouvrage du nom d'un des poètes les plus orageux qui fut.

C'est étrange comme ce roman réédité récemment par le Mercure de France m'a paru si difficile à lire et si fluide à la fois... Comme si il y avait trop de beauté en une seule phrase pour que nos yeux et nos sens puissent le supporter mais qu'à la manière d'une drogue on ne puisse s'en priver sans douleur...
"Foudre" est un roman étrange, poétique, charnel, écoeurant, lumineux, flamboyant à l'excès.
Il est fin, lettré et sauvage pourtant, presque bestial.

C'est un texte fiévreux et enfiévré qui raconte d'abord l'enfance et l'affranchissement des siens, l'apprentissage d'une enfant, fille d'une comédienne aussi sublime que fragile et d'un musicien qui tutoyait les anges de Notre-Dame puis le monde du cirque et celui de la passion amoureuse puisque la foudre, c'est celle qui s'abat sur la toute jeune Lydie quand elle croise le regard brûlant d'Alexandre, prince en son royaume de stuc et de paillettes, de fauves et de guitares, de voltiges et de magie.
Au delà du récit de cet amour fou et parfois violent, ce texte raconte aussi l'affrontement entre deux mondes: celui des lettres et celui, plus brutal, du cirque; celui de l'intellect et celui des sens; celui de l'écrit et celui de l'oralité, des incantations.
C'est à la fois beau, sublime et déchirant, tout comme la langue de l'auteure qui se lit mieux à voix haute que dans le silence, qui marie l'or au sang, le ciel à la terre, le profane au sacré, le sexe au serment dans un français opulent, plantureux, d'une richesse qui ruissèle comme autant de pierres précieuses, d'une poésie et d'une violence à déclencher les orages et les tempêtes; tout comme ses personnages parés par la fiction de l'aura que seule confère la littérature: du grand-père maudit à la matrone Rimbaud si majestueuse dans ses oripeaux qui scintillent qu'elle en devient magicienne.

La foudre. le vent et la tempête. Moi, j'ai eu envie de pleurer face à tant de beauté.

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