[Un yoguin parle avec bienveillance : ]« Écoute-moi attentivement : « Tu es le fils d’un homme de l’Inde. Ton père était un de ces Bhairavis aux moeurs dissolues, qui pratiques une magie démoniaque pour reculer indéfiniment le moment de la vieillesse, réparer l’usure de leur corps et atteindre l’immortalité.
« Sache que le magicien, expert en cette science maudite, peut capter le souffle vital des êtres en l’aspirant sur leur bouche et que, par un procédé plus mystérieux encore, l’énergie qui suscite et alimente toutes les formes de vie peut être absorbée par l’homme, aux dépens de la femme, au cours des relations sexuelles.
C’est là un prodigieux secret que des initiés criminels utilisent, faisant de nombreuses victimes, car les femmes qui deviennent leur proie meurent en peu de temps.
« Mais très peu de ces démons humains soutiennent longtemps l’effort nécessaire à leur succès. Pour que le but du rite soit atteinte, celui qui le pratique doit être capable de demeurer toujours impassible, surmontant tout désir de goûter un plaisir sensuel. Des hommes à l’esprit impur et cruel, animés par des motifs égoïstes, ne sont guère capables d’une aussi sévère discipline ; la plupart d’entre eux succombent, un jour ou l’autre, à la demande de leurs sens, et, ce jour-là, ils sont perdus. La vitalité qu’ils ont dérobée à autrui s’échappe d’eux par tous les pores de leur corps et ils périssent bientôt, misérablement.
« Ainsi est mort ton père, parce qu’il t’a donné la vie qu’il devait préserver en lui.