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EAN : 9782266139328
416 pages
Pocket (21/10/2003)
3.74/5   85 notes
Résumé :
La lecture des romans de Jules Verne... De longues heures passées au musée Guimet... Ainsi est née la passion des voyages, et surtout le désir d'Orient, d'Alexandra David-Néel! "L’Inde où j'ai vécu" est le récit de son premier voyage en Inde, à l'aube du XXe siècle.
Les dieux hindous et les rites qui leur sont consacrés. Le système des castes et l'abolition de "l'intouchabilité". Les gourous, institution nationale aux mille formes. Les "saints" professionnels... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Challenge plumes féminines 2020 – item n°1

Deuxième livre que je lis de cette femme hors du commun découverte dans un livre hommage (Alexandra David-Neel : Exploratrice et féministe) lors d'une Masse critique. Celui-ci sera un peu plus véridique que le précédent qui me faisait l'effet d'un conte. Je remercie Fuyating pour me l'avoir pioché pour Octobre, j'en retardais un peu la lecture.

Le début m'a semblé très vivant grâce au style littéraire de l'auteure mais dès qu'on entre dans les détails sur la religion hindoue, c'est devenu très obscur et très lourd. Je pensais qu'elle nous narrerait ses récits de voyage et pas qu'elle nous donnerait un cours sur l'hindouisme. J'ai ainsi appris des informations intéressantes sur les différentes castes et les danseuses de Shiva. Mais c'est trop compact à mon goût, ça ne peut pas se lire comme un roman mais plutôt comme un guide de voyage de l'Inde du début du 20ème siècle entre modernisme et tradition. Je l'abandonne pour le moment car je ne suis pas en phase pour lire ce genre d'écrits mais je compte (j'espère en tout cas) le reprendre pour le finir. Je ne suis pas dans le bon état d'esprit même si c'est très intéressant, j'ai tendance à m'y endormir dessus. Je pensais avoir un récit un peu plus dans la veine littéraire de ma précédente lecture, Magie d'amour et magie noire, surtout quand on voit noter dans le résumé : « La lecture des romans de Jules Verne... ». Ce n'est malheureusement pas un roman d'aventures. Je pensais trouver quelque chose de plus léger.

Comme vous l'aurez compris, il s'agit donc d'une lecture en demi-teinte mais à qui je redonnerai une nouvelle chance dans le futur. Tout y est très bien documenté et analysé par l'auteure. Je conseille aux amateurs de l'Inde traditionnelle de découvrir ce roman très instructif car je pense que peu de choses a changé dans les campagnes indiennes. Pour ma part, je le laisse de côté pour le moment et j'y reviendrai peut-être par chapitres pour le finir. Si j'en achète d'autres de cette auteure, je ferai également plus attention aux résumés…

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Bien que je me fusse souvent dit qu'il me fallait le faire, je n'avais jusqu'ici jamais lu Alexandra David-Néel. Cette première lecture n'a fait que me conforter dans ma résolution car "L'Inde Où J'Ai Vécu" est l'un de ces ouvrages qui vous poussent à coller un petit post-it au fond de votre mémoire afin de vous rappeler qu'il vous faut absolument en lire d'autres du même auteur.

David-Néel fut, rappelons-le, la première Occidentale à entrer à Lhassa. Elle le fit d'ailleurs déguisée en mendiante tibétaine et cela se fit en 1924. Cette seule indication suffirait amplement à révéler l'originalité innée de cette femme d'exception.

Comme tant d'autres avant elle, les Indes la fascinaient. A l'époque en effet, il s'agissait bien des Indes et non de l'Inde, création plus ou moins fictive issue de l'Indépendance du pays et destinée à susciter un immense mouvement nationaliste qui mettrait enfin le pays sur ses rails. Comme David-Néel écrit en 1951, elle se plie à cette nouvelle convention qui exige que l'Inde soit une et indivisible. Mais seulement dans le titre de son ouvrage.

Car dans ses pages, ce sont bien les Indes dans leur multiplicité et leur richesse qui, toutes deux, donnent le tournis, qu'elle fait revivre. Dans un style qui semblera un tantinet vieilli à certains mais combien passionné et vivant ! En dépit d'une érudition profonde, l'écrivain, qui a pourtant étudié les Veda auprès de quelques brahmanes plus ouverts d'esprit que leurs coreligionnaires et qu'impressionnaient sans doute la passion et la sincérité avec lesquelles cette Occidentale envisageait leur culture, nous initie à l'Inde et ses complexités en une langue simple, sans prétention, accessible à tous. "Initier" est le mot qui convient puisque, l'auteur le reconnaissait elle-même et ceux qui ont vécu un parcours similaire le disent eux aussi, quelle que soit la longueur du séjour que l'on fait en Inde, il ne sera jamais suffisant pour nous permettre, à nous, Occidentaux, d'appréhender pleinement - ou presque - cette civilisation millénaire et protéiforme qui reste le berceau des langues que nous appelons "indo-européennes."

Dans ce livre, tout parle, tout fait écho, tout intéresse. Mention spéciale cependant aux chapitres évoquant les religions du sous-continent indien. L'auteur nous propose un cours évidemment abrégé mais pourtant détaillé de leur histoire et de leur pratique, passée et actuelle. de toutes façons, la Religion - avec la majuscule - est présente partout en Inde : on n'y échappe pas à croire que l'Inde est la Religion.

N'allez pas imaginer pour autant que son amour pour l'Inde empêche Alexandra David-Néel de percevoir ses défauts : les excès de la superstition, le sort fait aux femmes, l'ambiguïté du système de castes ... Son livre ne glorifie pas non plus l'Occident où elle naquit et revint pour mourir. C'est avant tout un document impartial, rédigé par une exploratrice qui veut aller au-delà des réalités géographiques ou historiques des civilisations afin de discerner les points communs où elles peuvent se rejoindre ou, en tous cas, établir une sorte de trêve.

Et c'est surtout un récit éblouissant, érudit, passionnant. Si vous vous intéressez un tant soit peu à la civilisation indienne, ne le manquez pas et rassurez-vous : Alexandra David-Néel a beaucoup écrit. ;o)
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En 1889, à sa majorité, 21 ans, Alexandra David Neel se convertit au bouddhisme. Elle note cet évènement dans son journal intime, qui paraîtra plus tard sous le titre : « La lampe de sagesse ». Elle s'initie au sanskrit. A 36 ans, elle épouse à Tunis, Philippe Neel son amant depuis quatre ans. Eprise de liberté, elle quitte son mari pour se rendre seule en Inde dans but de se familiariser avec les religions et traditions locales. Elle dispose de finances pour ses frais de voyages et dépenses locales. Elle donne procuration à son mari sur ses comptes afin que celui-ci puisse lui envoyer les fonds qu'elle souhaite. Cette femme déterminée brave les difficultés ce qui suscite l'admiration. Son premier voyage est en Inde et relaté dans le livre : « L'Inde ou j'ai vécu ».

Il y a deux ans environ, je m'intéressais à l'inde et au Pakistan et j'ai lu divers livres à ce sujet pour parfaire mes connaissances. J'avais pointé en pense bête : « L'inde où j'ai vécu ». Ce titre me laissait présager une matière dense et variée sur l'Inde. A sa lecture, je me suis rendu compte qui se focalisait sur les religions et traditions de l'Inde et non de l'Inde décrite en multiformes. de toute évidence, c'est seulement à la lecture que j'ai pu me rendre compte qu'il n'abordait pas l'Inde sous la forme attendue.

J'ai emprunté ce livre en bibliothèque, livre aux pages jaunies, déchirées, décollées, en édition de poche ce qui veut dire dans le présent cas, petits caractères et encore plus petits caractères pour le renvoi aux notes de bas de page, bref beaucoup de difficultés, pourrait-on dire, à surmonter. Il convenait de faire preuve de détermination pour le lire, ce que j'ai fait.

J'ai particulièrement été intéressé par l'avant dernier chapitre où l'auteur commentait ce qu'elle pensait de la partition de l'Inde en 1947 et de ses protagonistes : Jinnah, Nehru, Gandhi et le congrès, ce qui m'a rappelé ma lecture de : « Cette nuit la liberté ».

Je me suis également souvenu, que la Reine Elisabeth de Belgique, femme de grande culture, voyageant et s'intéressant à beaucoup de choses, dont les religions orientales, étaient en correspondance avec Alexandra David Neel. C'est ce que j'avais lu dans le livre de Patrick Weber, journaliste, historien et écrivain belge.

Ce livre d'ADN est un récit. Pour me documenter sur le bouddhisme ce n'est pas le livre que je choisirais.

Enfin, si le livre ne correspondait pas à mes attentes, il y a toujours des enseignements à prendre.

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Les récits de voyage des explorateurs me passionnent., Que dire des exploratrices qui n'hésitent pas à se travestir pour pénétrer dans les lieux interdits?
le personnage de l'auteur est fascinant.
Cet ouvrage n'est pas un carnet de voyage mystique: c'est un reportage, une étude très complète des différentes croyances et pratiques religieuses de l'Inde.
L'auteur est une aventurière mais surtout une érudite qui connait parfaitement son sujet. Elle raconte ses rencontres avec des initiés, des gourous ou des sadhous avec qui elle entretient des échanges spirituels de haut vol sans perdre ni son sens de l'humour, ni sa lucidité.
Elle raconte les textes fondateurs avec vivacité, analyse les différences entre les multitude d'interprétations et de sectes (c'est un peu trop pointu à mon goût). Elle nous fait rencontrer toutes sortes de personnages pittoresques et originaux. Sans parler des figures historiques comme Tagore, Nehru ou Gandhi.
Son regard n'est pas seulement spirituel. Au lendemain de l'Indépendance elle s'interroge sur l'avenir de la nouvelle démocratie.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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« Il faut que, lorsque je serai critiquée par les savants du cabinet, le public puisse penser : oui, ces gens-là sont d'éminents érudits, mais elle a vécu parmi les choses dont elle parle, elle les a touchées et vues vivre. »

C'est ce qu'Alexandra écrit à son mari lors de leurs nombreuses correspondances qui traversent le monde, elle en Asie, lui en Europe. Alors, pari réussi ? Oui, et haut la main !

Alexandra David-Néel est exploratrice et autrice, mais ça serait injuste de la réduire à cela. Elle a été la première européenne à franchir les frontières du Tibet, elle a rencontré des gourous légendaires, vu de ses propres yeux des rites hindous secrets, assisté à la création du Pakistan et aux conflits liés... Elle est témoin de la famine, de la guerre, du fanatisme religieux, mais aussi de merveilles orientales que bon nombre d'entre nous n'auront jamais l'occasion d'observer.

Femme française fascinante, elle s'est convertie à l'hindouisme au cours de ses nombreux périples et a passé une bonne partie de sa vie à étudier cette religion polythéiste si passionnante. Ce livre, c'est le fruit de ses recherches. Ne vous y trompez pas comme moi, ça n'est pas un récit aventure. C'est un condensé de savoirs et de réflexions sur ce panthéon exotique, sur son influence en Inde et aussi, un peu, sur le contexte sociopolitique indien de l'époque (première moitié du 20e siècle). Passionnant, mais un peu lourd à lire pour les néophytes, j'ai été émerveillée et à la fois ennuyée malgré l'écriture moderne de l'autrice... A ne lire qu'avec certaines connaissances sur l'hindouisme, je pense. Préférez un de ses récits de voyage, qui ont l'air plus accessibles.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Pas mal d'erreurs ont été répandues au sujet de la lutte que Gandhi mena en faveur des "intouchables*" qu'il dénommait euphémiquement : Harijan - enfants de Dieu. Il a été dit que Gandhi se plaisait à vivre avec les "intouchables" ; c'est tout à fait inexact.

Il existe dans l'Inde, des hommes appartenant par hérédité à l'une ou l'autre des castes "intouchables" et qui sont ou riches, ou distingués par leur savoir comme le Dr Ambedkar, possesseur de grades universitaires de plusieurs universités occidentales et qui occupe un poste de ministre dans le gouvernement de l'Inde. L'ostracisme qui frappe la masse des "intouchables" est passablement atténué à leur égard. Quant à la tourbe des parias, Gandhi ne se plaisait certainement pas à partager leurs taudis infects et il serait absurde de lui en faire un grief.

Les conditions dans lesquelles s'est effectué le séjour spectaculaire que Gandhi voulut faire dans le quartier des "intouchables" (en majorité des balayeurs de rue) à Delhi, en 1946, sont peu connues en dehors de l'Inde. Gandhi ne s'installa pas bonnement comme commensal d'une famille de parias. Une maisonnette fut construite spécialement pour lui sur une parcelle de terrain soigneusement nettoyée et, pour en éloigner tout voisinage déplaisant, l'on déplaça un certain nombre d'"intouchables", guenilleux et pouilleux, considérés comme "voisinage déplaisant."

Ce contre quoi Gandhi s'insurgeait, ce n'était pas, précisément, la condition matérielle de la masse (environ 60 millions) d'individus relégués hors de la vie sociale et voués héréditairement à des besognes répugnantes et malsaines ; il s'affligeait, en premier lieu, de l'interdiction faite à ces parias d'entrer dans les temples pour y adorer les dieux. Il lui semblait que, si l'accès des temples leur devenait permis, le reste ne comptait guère. Pour ce reste, c'est-à-dire pour toutes leurs nécessités matérielles, ils pouvaient, eux, les Harijan - les enfants de Dieu - s'en remettre à leur Père.

Nehru était loin de partager ses vues. Il écrivait :

"Derrière le mot, "le Seigneur des pauvres" (Daridranarayan, un terme que Gandhi employait), il semblait y avoir une glorification de la pauvreté. Dieu était spécialement le Dieu des pauvres. Ils étaient son peuple élu. Je suppose que telle est partout l'attitude religieuse. Je ne l'apprécie pas, la pauvreté me semble, au contraire, être une chose haïssable qui doit être combattue et extirpée et non point encouragée de quelque manière que ce soit.

Cela conduit inévitablement à attaquer un système qui tolère et produit la pauvreté et ceux qui reculent devant cette nécessité doivent justifier l'existence de la pauvreté d'une façon ou d'une autre (= en Inde, cela se fait par les théories de la réincarnation). Ils ne peuvent que penser en termes d'insuffisance des produits et ne peuvent imaginer un monde abondamment pourvu de tout ce qui est nécessaire à la vie. Probablement, d'après eux, "il y aura toujours des riches et des pauvres avec nous."

Chaque fois que j'avais l'occasion de discuter ces questions avec Gandhi, il insistait sur le principe que les riches devaient se considérer comme les administrateurs de leurs biens pour le bénéfice du peuple. C'est là un point de vue qui remonte à une haute antiquité ; on le rencontre souvent dans l'Inde comme dans l'Europe du Moyen-Age."


* : l'on se rappellera que, d'après l'antique système des castes, il existe quatre castes : brahmines, kshatryas, vaishyas et soudras. Il ne faut pas confondre les soudras avec les "intouchables". Les soudras ne sont nullement "intouchables". Mais en-dehors des quatre castes, il existe une grande masse d'individus qui n'appartiennent à aucune d'elles (les hors-castes). Ceux-ci se subdivisent encore en plusieurs fractions et ce sont les individus appartenant à l'une de celles-ci qui sont tenus pour "intouchables." ... [...]
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"En ce temps-là, le musée Guimet était un temple.

C’est ainsi qu’il se dresse, maintenant, au fond de ma mémoire.
Je vois un large escalier de pierre s’élevant entre des murs couverts de fresques. Tout en gravissant les degrés, l’on rencontre successivement un brahmine altier versant une offrande dans le feu sacré ; des moines bouddhistes vêtus de toges jaunes s’en allant quêter, bol en main, leur nourriture quotidienne ; un temple japonais posé sur un promontoire auquel conduit, par-delà un torii rouge, une allée bordée de cerisiers en fleur. D’autres figures, d’autres paysages de l’Asie sollicitent encore l’attention du pèlerin montant vers le mystère de l’Orient [...].
A droite, est une toute petite salle de lecture où les fervents de l’orientalisme s’absorbent en de studieuses recherches, oublieux de Paris dont les bruits heurtent en vain les murs du musée-temple, sans parvenir à troubler l’atmosphère de quiétude et de rêve qu’ils enclosent.
Dans cette petite chambre, des appels muets s’échappent des pages que l’on feuillette. L’Inde, la Chine, le Japon, tous les points de ce monde qui commence au-delà de Suez sollicitent les lecteurs... Des vocations naissent... la mienne y est née.
Tel était le musée Guimet quand j’avais vingt ans".
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[...] ... Il est évident que, lorsque les hindous [= adeptes de l'hindouisme] se prosternent devant les statues de leurs dieux, ils entendent non point adorer une idole matérielle, mais s'adresser au dieu ou à la déesse que la statue représente. Il en est ainsi des adeptes de toutes les religions qui admettent le culte des images.

Toutefois, dans l'Inde, ce culte est basé sur des conceptions très différentes de celles qui ont cours dans les pays occidentaux.

Tout d'abord, avant que l'idole soit considérée comme propre à être l'objet d'un culte, il est essentiel qu'elle ait été "animée", c'est-à-dire qu'elle soit devenue vivante. Avant ce moment, la statue, quelle qu'elle soit, n'est qu'un morceau de bois ou un bloc de pierre sculpté auquel aucun respect n'est dû.

N'importe quel objet peut être rendu vivant, et, à lui, peuvent s'attacher des propriétés, des facultés et des vertus propres aux êtres vivants. Si les effigies des déités sont plus particulièrement choisies pour être douées de vie, c'est que leur forme, évoquant celle d'un dieu ou d'une déesse, est plus susceptible de capter l'attention des dévots et de les amener, consciemment ou non, au degré de concentration de pensée nécessaire pour infuser de la vie à la matière inerte. Cependant, nous rencontrons aussi, dans l'Inde, de simples pierres adorées comme des déités et les plus vénérées des idoles de l'Inde sont trois blocs de bois à peu près informes. J'entends : Jaganath, le "Seigneur du monde", son frère Balabhadra et sa soeur Subhadra, adorés dans le célèbre temple de Pouri, au sud de l'Inde.

La communication de la "vie" se fait au moyen du rite dénommé prâna pratishtâ, c'est-à-dire transmission du souffle vital.

Ce souffle vital est, au cours du rite, emprunté au célébrant et aux assistants. Ceux-ci concentrant fortement leur volonté opèrent, à un moment donné, une transfusion de l'énergie qui est en eux et l'incorporent dans l'effigie jusque là inerte. D'après cette théorie, la statue ou l'objet quelconque ayant subi l'influence du rite devient un individu digne de vénération et possédant une somme de forces actives.

Il est curieux et impressionnant d'assister à la célébration du prâna pratishtâ, d'observer l'état d'extrême tension nerveuse d'une assemblée de fidèles, tous concentrés dans un effort de volonté tendant à transmettre à une statue une part de leur vitalité. Le mot pratishtâ est constamment répété par l'officiant et par les assistants qui, souvent, miment le geste d'arracher quelque chose hors d'eux et de le projeter vers la statue placée sur l'autel. Leur attitude paraît démontrer qu'ils savent que ce n'est pas un dieu ou une déesse résidant dans un séjour céleste qui en descendra pour s'incorporer dans son image, mais que c'est eux-mêmes qui habiteront cette image et que, lorsqu'ils s'adresseront à elle, ce sera à eux-mêmes, à l'énergie issue d'eux, qu'ils auront recours. Néanmoins, on a sujet de craindre qu'ils ne saisissent pas toujours, ou ne saisissent qu'incomplètement la signification du rite qu'ils accomplissent.

Cette ardente concentration d'esprit de tout un groupe d'individus est bien propre à produire des hallucinations. Lors d'une cérémonie à laquelle j'assistais, certains des adorateurs déclarèrent qu'ils voyaient la statue de la déesse Dourga pencher la tête vers eux en leur souriant. ... [...]
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[...] Il me faut y revenir pour signaler l'antagonisme existant entre la prédication de "non-violence" à laquelle Gandhi s'était consacré et la formation, par ses ex-disciples, d'une armée dont le rôle est de semer la mort sur terre, sur mer et dans l'air.
Nehru n'avait pas manqué de s'apercevoir de cette anomalie. Il avait confessé : "Il est étrange, avait-il dit, qu'après avoir souscrit au principe de la non-violence, je fasse maintenant l'éloge de l'armée, mais il y a des circonstances..."
Évidemment, il y a "des circonstances" ; il y en a toujours pour empêcher les hommes de réaliser en pratiques les principes auxquels ils ont adhéré en esprit. Nul ne doit être particulièrement blâmé à cause de ses inconséquences à ce sujet car la faute, ou plutôt l'illogisme, nous est commun.
Pousser la non-violence jusqu'à son extrême logique conséquence, c'est pour un individu, se laisser tuer sans se défendre, et pour une nation, accepter d'être annihilée sans résister. Seuls, des sages ou des saints, sont capables de demeurer strictement fidèles à cet idéal ; et si l'on peut rencontrer des sages ou des saints isolés, il n'a jamais existé de nation entièrement composée des uns ou des autres.

p. 388
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Je ne suis pas allée dans l'Inde en touriste; tout au long des nombreuses années que j'y ai passées je me suis cantonnée dans une unique recherche : l'étude des aspects profonds de la mentalité religieuse des Indiens. Cela m'a amenée à me mouvoir presque exclusivement parmi ce monde de mystiques et de pesudo-mystiques qui s'étend des très doctes pandits interprètes des Védas à des sannyâsins altièrement agnostiques et des sadhous extatiques.
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