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Critique de Rodin_Marcel


Davidsen Leif - «La chanteuse russe», publié aux éditions Acte-Sud-Babel Noir en mars 2011, précédemment publié chez Gaïa en 1999 (cop. 1988 pour l'édition danoise originale)

Le récit prend pour cadre l'Union Soviétique au moment de sa déliquescence.
Rappel historique : Leonid Brejnev était mort le 10 novembre 1982 dans un état de santé qui ne lui permettait plus de vraiment gouverner tout en offrant un spectacle lamentable pour l'opinion publique ; c'est lui qui avait pris, en décembre 1979, la désastreuse décision d'intervenir militairement en Afghanistan. Iouri Andropov (né en 1914) lui avait alors immédiatement succédé, dès novembre 1982, lançant quelques réformes ainsi qu'une certaine lutte contre la corruption, mais il mourut (lui aussi de "maladie grave" à la mode KGB ?) en février 1984, après avoir exercé le pouvoir suprême pendant à peine 15 mois.

Je me souviens encore aujourd'hui de la stupeur générale lorsque nous parvinrent les premières images de son successeur, Konstantin Tchernenko : né en 1911, âgé donc de 73 ans à son accession au trône, ce vieillard était déjà à demi grabataire et ne parvenait pratiquement pas à lire l'éloge funèbre de son prédécesseur ! Il fallut le hisser sur le mausolée de Lénine, et l'en redescendre à bras d'homme ! Il prétendait mettre fin à l'expérience dite «libérale» lancée par Andropov pour revenir au bon vieux communisme stalinien à la Brejnev et à la guerre froide. A ce moment-là, pas mal de gens en Occident eurent vraiment peur qu'un tel dirigeant physiquement aussi diminué, manipulé par l'état-major de l'armée devenue une puissance économique en soi, ne se lance dans une guerre désespérée n'importe où sur la planète.
C'est alors, en mars 1985, que les dirigeants soviétiques se décident à élire un «jeune» réformateur qui piaffait en coulisses, à savoir Mikhaïl Gorbatchev, 54 ans, l'adepte et le promoteur de la Perestroïka qui finalement détruisit le système communiste.

Le roman de Davidsen se déroule précisément pendant le bref intermède de Tchernenko, alors que l'URSS craque de partout. L'énigme proposée – deux femmes retrouvées mortes assassinées – n'est qu'un vague fil conducteur qui permet au personnage central, Jack Andersen, de parcourir diverses strates de la société moscovite, et surtout d'exhiber cette déliquescence du système soviétique qui a directement mené à ce que personne n'avait prévu, à savoir l'effondrement de l'URSS par l'intérieur même du pouvoir et de la société, par la pourriture inhérente à ces cercles dirigeants communistes corrompus jusqu'à la moelle.

Ce roman est un témoignage intéressant en ce qu'il met à la portée du public occidental – fort ignorant de la réalité vraie des anciens pays communistes européens – diverses clés de compréhension de cet effondrement d'un système monolithique qui aura tout de même déterminé une bonne partie de l'histoire du vingtième siècle… et de notre jeunesse !
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