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Critique de batlamb


À mi-chemin entre la confession et la chronique historique, ce roman d'Osamu Dazai relate le déclin de l'aristocratie japonaise après 1945, à travers le destin symbolique de la famille de l'héroïne prénommée Kazuko.

Les valeurs de l'aristocratie se retrouvent bafouées et brisées par la défaite. Parmi ces valeurs on trouve en particulier celles du christianisme, qui furent un temps prisées de l'élite japonaise pendant la première moitié du XXème siècle.

Dans ce contexte, Dazaï élabore une métaphore filée où le serpent fait le pont entre le jardin d'Eden et le Zarathoustra de Nietzsche. Cette trajectoire est empruntée par Kazuko, dans l'espoir de faire naître un homme nouveau qui serait à même de surmonter la crise morale décrite par Dazaï, et qui n'est pas sans rapport avec le suicide de ce dernier.

De fait, les passages épistolaires mettant en scène Naoji, le frère de Kazuko, se lisent comme le testament de Dazaï. Cyniques et désespérées, ces lettres sont le reflet négatif de celles pleines d'espoir que Kazuko adresse à son amant, un écrivain dans lequel on reconnaît aussi les excès et l'iconoclasme de l'auteur. C'est en fait le tour de force de Dazaï d'avoir réparti ses traits de caractère entre l'ensemble de ses personnages, tout en conférant à chacun une personnalité distincte. En adoptant une voix féminine, il se place du point de vue des femmes qui ont partagé sa vie dissolue. Faute de pardon, il se fait poète de la honte via l'étrange (dis)harmonie de ses personnages et de leurs névroses, élaborant ainsi une oeuvre-phare du shisōsetsu, littéralement « roman du je ».
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