Les gens lui faisaient confiance et la voyaient comme la bienséance incarnée. Tout son pouvoir, toute sa capacité à manipuler la vérité et à enterrer un scandale après l’autre, résidait dans cette croyance. Sans elle, Londres serait un peu comme le huitième cercle de l’Enfer de Dante. Ainsi, elle avait beau ne pas aimer le nom que les gens lui avaient donné, il lui était nécessaire pour faire ce qu’elle faisait.
Elle était venue ce soir dans l’espoir de pouvoir discuter avec Lena de la situation maritale de Marcus. Elle avait pensé que, si elle parvenait à lui en toucher un mot, la cousine du comte se révélerait un précieux allié pour le convaincre qu’il devait se marier. Au lieu de cela, elle se retrouvait dans l’intimité d’un dîner de famille.
Marcus l’avait manifestement invitée dans le dessein de progresser dans son entreprise de la séduire. Il la voulait dans son lit. Néanmoins, il s’agissait là d’un moment qui ne concernait que la famille et elle aurait souhaité pouvoir disparaître.
Marcus vint se tenir derrière d’elle et posa sa main sur sa taille dans un geste si familier que ses jambes se mirent à trembler de manière incontrôlable. Il se comportait comme un amant, comme un époux, alors qu’elle n’était pas sa maîtresse, et encore moins sa femme. Tout cela était une erreur. Elle n’aurait jamais dû accepter de venir. Elle était par trop impliquée dans cette affaire alors qu’elle refusait catégoriquement de faire cela avec ses clients – précisément pour éviter ce genre de situations.
- Un code avec un éventail a été inventé?s'étonna-t-il, incapable de contenir un sourire, en sifflant doucement. La reine devait vraiment engager des femmes comme espionnes. Vous êtres une espèce très futée.