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Critique de BrooklynNoA


En quelques mots : Eric Packer, golden boy brillant, désabusé et sûr de lui, mène une vie organisée, sécurisée et maitrise a peu près tout ce qui l'entoure. Dans un New York, hypnotique, il décide un matin de se faire couper les cheveux. Une journée et une nuit pour plonger dans la vie et rouler vers son destin dans la limousine qu'il a créé sur mesure et à sa mesure...

* en 2 mots : relation & sens
* en 1 question : une place pour chaque chose, chaque chose à sa place ?


Auteur de 13 romans, Don DeLillo a vu Cosmopolis sortir en 2003. Je dois dire que c'est le premier roman que je lis de lui, parce que tout simplement le film sort au cinéma au mois de mai.

Et oui, "Cosmopolis" a été adapté par David Cronenberg avec le beau et talentueux (quoique l'on en dise) Robert Pattinson dans le rôle titre. Après lecture, il est évident que ce rôle va en bousculer et surprendre plus d'un et d'une !
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Monsieur Don DeLillo et son "Cosmopolis" ne peut laisser indifférent. Dans un sens comme dans l'autre...
Bon ou mauvais signe? Je ne sais pas. C'est en tout cas un roman qui bouscule et qui interpelle.

Don DeLillo nous livre ici un roman hypnotique et un peu fou. Une histoire qui se déroule sur une journée, en avril 2000 et sur 190 pages.

Eric Packer est un jeune homme a qui tout semble réussir et qui veut absolument tout maîtriser autour de lui. Son appartement, sa limousine, son personnel, ses maitresses, ses décisions, tout est prévus, analysés et à la fois répondent à des impulsions ou des envies soudaines. Ce matin il a décidé de quitter son 48 pièces new yorkais, ses chiens et son aquirium géant abritant un requin pour aller se faire couper les cheveux. Nous allons alors le suivre dans ses aventures sexuelles et ses rencontres du jour tout en traversant la ville et vivant une émeute anacharchiste anti-capitaliste, un entrateur et funérailles d'un ami rappeur...

"Cosmopolis" est un livre où l'on fait attention aux mots. Où l'on prend le temps de prendre conscience d'une phrase. On devine souvent qu'elle va plus loin que les simples mots qui la compose et qu'ils sous-entendent quelques choses de plus profond et de plus complexe. Comme des indices sur la personnalité d'Eric au fil de pages. Ainsi je me surprend à réaliser que le mot gratte-ciel entendus et lus 10000 fois sont des immeubles qui grattent le ciel de leurs pointes. Banal, bateau, mais voilà, ce livre me pousse à faire attention à tout, comme Eric... Finalement un jeune homme perdu et extrêmement sensible à tout ce qui l'entoure. Visionnaire et parano Eric est dans le questionnement permanent.
Un exemple : "Pourquoi on se servait encore des stéthoscopes, il ne savait pas. Des outils abandonnés de l'antiquité, aussi bizarres que les sangsues."
Des phrases toujours alambiquées, simples mais compliquées : "Comme le savait il? Sans le savoir."
Est ce le savoir en terme de connaissance au sens large ou juste le sentiment immédiat ?
Un livre qui force donc la réflexion. Alors oui cela peut être fastidieux et ennuyeux, mais non Don DeLillo réussi à piquer notre curiosité, à nous hypnotiser de page en page pour en savoir toujours un peu plus.

Une construction de récit originale qui nous donne doucement, subtilement des pistes sur le personnage qu'est Eric et sur son quotidien. Eric analyse tout ce qui se passe autour de lui. Il est dans la quête permanente du savoir et de l'information et demande même à une de ses maitresses du jour "Montre moi quelque chose que je ne connais pas.", ou demande à son personnel de toujours l'informer et le former à quelque chose. Voulant tout contrôler il est entouré de gardes du corps, de caméras, d'écrans qui suivent les cours de la bourse, les actualités. Jusqu'à ses analyses médicales et une visite chaque jour du médecin. Hypocondriaque? ou juste l'envie de ne pas finir brutalement d'un cancer comme son père lorsqu'il avait 5 ans? Eric se révèle toujours de page en page plus complexe et attachant qu'il n'y parait. Est-il si foncièrement mauvais ? Une phrase décrit d'ailleurs parfaitement Eric : "Il est toujours en avant, à penser au delà de ce qui est nouveau, et je suis tenté de l'admirer pour ça, toujours à remettre en cause des choses que vous et moi trouvons formidables et considérons comme des améliorations de notre existences. Entre ses mains les choses s'usent avec impatience. Je le connais dans ma tête. Il veut avoir une civilisation d'avance sur la nôtre."


A mi lecture, on se demande où l'on va, on cherche des pistes, est-il mort? rêve t'il? est ce la réalité?
On devine qu'instinctivement il sait ce qui l'attend et se prépare pour cela, tout au long de la journée, dans ses rencontres ou dans ses actes.
Le roman alterne les scènes plus ou moins hallucinatoire. Souvent brutales, observatrices, analytiques ou violantes. Tout se passe dans en une journée, en avril 2000, dans une seule ville, New York, mais deux points de vue en alternance. Celui du narrateur qui nous raconte la journée d'Eric et Benno Levin, employé d'Eric qui nous parle à la 1ère personne et semble se confesser à nous.
Et puis, je suis également touchée par son histoire d'amour avec Elise. Sa mystérieuse femme qui sait comprendre Eric puisque semblable à lui, son double féminin. Et qui se révèle toujours proche de lui l'air de rien, sans jamais s'annoncer et de dévoiler pleinement. Attirant Eric par instinct et passion vers elle sans même qu'il sache que c'est bien elle... Ils se croisent tout au long de la journée, Eric la repérant toujours instinctivement. Ils partagent alors plus en une journée que jamais auparavant.

Un roman qui s'inscrit dans l'instant présent puis qui s'enfuit. Rien à repenser ou à se remémorer, il laisse un goût de folie et d'intensité et d'ennui à la fois. Et l'on se demande si Eric est allé vers son destin en toute connaissance ou si le destin et son l'instinct ont juste guidés ses pas.
Et deuxième question posée, à la fermeture de ce livre : "Pourquoi Cosmopolis?" Parce que tout simplement ce livre prend place dans la ville de Cosmopolis. Eric est citoyen du monde...


Bien sûr, je suis très impatiente et curieuse de voir la version de David Cronenberg, ce qu'il en a perçu, gardé et retranscrit. Certaines scènes sont vraiment fortes, intenses et crus dans leurs réalités. Quelles soient sexuelles ou imprégnées de violences physiques. Robert Pattinson rsique bien de faire voler son image d'Edward Cullen en éclat !

En bref :
Un livre complexe, intense, ennuyeux et brillant à la fois. Une lecture lente et laborieuse mais saisissante... Cosmopolis, oscille entre intensité, sexe, ennui et esprit brillant... Eric Packer mêle intelligence, hyperactivité et folie hypnotique. On aime ou pas...
Lien : http://noaetsonmonde.blogspo..
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