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Critique de colka


Si vous lisez Les Noms de Don DeLillo ,surtout ne faites pas comme moi, ne le lisez pas avec des interruptions trop longues car ce roman est labyrinthique ! Et je me suis souvent égarée dans ce récit tortueux à souhait, je devrais plutôt dire dans la lecture de deux récits parallèles dont on n'est pas convaincu qu'il s'éclaire l'un l'autre. Bien au contraire car ils sont truffés de ruptures narratives dont on ne perçoit pas toujours la logique...
L'intrigue repose sur un premier récit, celui d'un groupe d'expatriés, hommes d'affaires américains, dont Jim, le narrateur fait partie car il est analyste de risques géopolitiques. Nous suivons leurs tribulations dans les années 1979/83, l'époque du néolibéralisme triomphant mais aussi période de grandes tensions internationales. L'auteur nous offre une belle galerie de portraits de ces hommes d'affaires toujours entre deux avions et qui vivent ce déracinement perpétuel en se shootant au goût du risque et du pouvoir sans oublier l'alcool dont ils font un usage immodéré lors de soirées bien arrosées dans l'entre-soi bien sûr du petit monde des expats ! le Moyen et le Proche Orient sont déjà à l'époque une pétaudière et derrière ce monde des affaires "de l'argent délicat" rôde la CIA...
Inerfère avec ce premier récit un autre qui ne démarre que tardivement dans le roman. le narrateur se rend régulièrement sur une île proche d'Athènes qui est son QG professionnel pour retrouver son fils TAP et sa femme Kathryn dont il est séparé. Cette dernière est archéologue et travaille sous la direction d'Owen Brademas qui se passionne lui pour les lettres des écrits anciens et surtout leur graphisme car il y voit une source de mystère et de signification ésotérique beaucoup plus passionnante que le contenu qu'elle véhiculent. C'est pourquoi il va s'intéresser à une mystérieuse secte qui va commettre un meurtre sur l'île où il se trouve avant d'en perpétrer d'autres en Jordanie et en Syrie. Pourquoi Owen va-t-il se mettre à jouer les détectives et poursuivre les membres de cette secte jusqu'en Inde ? Eh bien c'est parce qu'il a remarqué de troublantes concordances entre les meurtres commis et les lettres de l'alphabet... Il y a donc dans ce deuxième récit pseudo policier une quête initiatique qui repose sur le sens profond du langage et d'ailleurs l'une des dernières phrases du roman est : "Notre offrande est le langage"
Pour moi le fil rouge qui court dans ces deux récits est celui du langage. Fil rouge souterrain certes mais c'est le seul lien que je perçois entre ces deux récits qui a priori n'ont rien à voir l'un avec l'autre. Tous les personnages sont en effet de redoutables débatteurs et les dialogues qui émaillent le roman sont éblouissants de virtuosité. C'est aussi le langage cette fois-ci liée à la plume de l'auteur qui nous permet de nous immerger dans les ambiances, les paysages des pays traversés, qu'il s'agisse d'un petit village grec "où la lumière, l'immensité, la profondeur sont partout" ou du grouillement de vie et du cosmopolitisme propres aux villes de Proche et Moyen Orient.
La plume de DeLillo fait aussi mouche dans le sarcasme lorsqu'il s'en donne à coeur joie pour se livrer à une critique acerbe de l'American way of life ou lorsqu'il fustige via un personnage de banquier, la soi-disant générosité du "grand frère américain" !
Je suis donc à la fois ravie et agacée par la lecture de ce roman. Ravie par la plume de l'auteur mais agacée par la construction labyrinthique du roman qui m'a paru inutilement complexe, comme si l'auteur prenait un malin plaisir à jouer au chat et à la souris avec son lecteur !
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