Il fut un temps où j'étais fan de Lincoln Rhyme, profileur tétraplégique à l'empathie défaillante. J'espérais retrouver avec nostalgie ce vieil ami en empruntant à la bibliothèque Lignes de feu. Les retrouvailles sont mitigées…
Les ressorts narratifs qui me faisaient vibrer m'ennuient aujourd'hui : récapituler chapitre après chapitre les tableaux listant tous les indices me semble maintenant du remplissage inutile. Lincoln, ancêtre d'une longue lignée d'enquêteurs abimés, m'a paru ici très monolithique. Etrange, car son handicap lui donne une profondeur que beaucoup de personnages pourraient lui envier : les répercussions de son accident sur sa vie apportent des éléments de réflexion rarement abordés dans les romans noirs.
Reste une enquête haletante. L'arme du crime, l'électricité, est un personnage à part entière. La scène d'ouverture, qui voit tomber les uns après les autres les disjoncteurs de Manhattan, lance magistralement le suspens. Exploitée au maximum, l'invisibilité d'un danger pourtant bien réel que nous manipulons quotidiennement sans vraiment en saisir l'essence apporte une tension tout au long du roman.
Et le dénouement voit Lincoln affronter ses démons
avec un twist un peu artificiel, l'arrivée de l'Horloger, son vieil ennemi, n'apportant pas vraiment un plus à une enquête qui ne manquait de rien . Je ne suis pas convaincue, mais je reste admirative du talent et de l'imagination de
Jeffery Deaver pour concocter des intrigues qui sortent de l'ordinaire.
Commenter  J’apprécie         140