L’imagination tue la raison.
(... ) Ma rêverie fut interrompue par l'intrusion dans mon champ visuel d'un couple pour le moins insolite : un vieil homme tout droit sorti d'une gravure vénitienne qui donnait le bras à une splendide rouquine qui aurait pu (dû) être sa fille. Lui, semblable à un Casanova plus que centenaire, avançait noblement en s'appuyant sur une canne d'ivoire. Elle, baskets et liquette maculée de peinture, se déhanchait au rythme impalpable d'une musique intérieure (...)
Les bulles fuyaient le fond de la flute avec la précipitation d'un groupe de candidats à la noyade.
Le fog formait un linceul humide qui engluait la ville, figeant les fumées des cheminées, masquant les couples nocturnes. les gouttelettes en suspension diffractaient la moindre lumière en halos colorés, dispersant les lueurs au vent fétide du fleuve. Londres, en ces heures tardives, n'avait pas à rougir des clichés qui lui collaient à la peau.
Je sortais avec la sensation d’être hors du monde, un observateur tombé d'une autre planète. J'assistais , hébété, au ballet incessant de l'un de ces samedis après-midis dont la Ville a le secret : quelques milliers d’êtres humains agglutinés sur les pavés, léchant avec une ardeur grégaire une myriade de vitrines tentatrices.
Ce qui différencie le professionnel de l’amateur, c’est l’amour que porte le premier à son art. Ceci reste valable pour les assassins.
La mort ne prend pas de vacances.