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Critique de hcdahlem


Do-Mi-Si-La-Do-Ré

Julia Deck réussit avec «Propriété privée» une satire sociale mordante en mettant en scène un couple accédant à la propriété dans un écoquartier de la banlieue parisienne. Une fable allègre autant que grinçante.

Pour de nombreux parisiens, le rêve prend la forme d'une maison à soi, loin de la pollution et du bruit, avec un coin de jardin et la nature à proximité. Pour les Caradec, ce rêve s'accomplit: ils ont trouvé une propriété dans la banlieue parisienne, un pavillon situé dans un écoquartier qui leur offre «ce qui se fait de mieux» pour eux qui ont la fibre écologique. Nonobstant le fait qu'il faut, comme tous ceux qui ont déjà vécu un déménagement le savent, trouver ses marques dans ce nouvel environnement, la phase de stress semble désormais passée.
Seulement voilà, ils ne sont pas les seuls à prendre possession de leur nouveau pavillon. Au-delà de la clôture et à peine huit jours après eux les Annabelle et Arnaud Lecoq s'installent avec leur progéniture et leur chat. Une communauté qui ne va pas tarder à s'agrandir avec les Bohat et les Benani, avec les Lemoine, les Durand-Dubreuil dit les Dudu et les Taupin et qui vont faire de ce soi-disant coin de paradis un enfer.
Pour la narratrice, qui travaille dans un cabinet d'architecture et s'occupe notamment de la rénovation de quartiers et d'immeubles, il est difficile de reconnaître que leur choix n'était pas judicieux. Pour son mari Charles, qui déprime, la situation empire de jour en jour, au point de l'obséder. le gros chat roux des Lecoq va concentrer son mal-être. Il faudra toutefois attendre près d'une demi-année avant que l'animal soit retrouvé éventré, provoquant l'émoi du microcosme. Un fait divers qui ne va pas panser les plaies des Caradec, bien au contraire. Ils n'en peuvent plus des enfants bruyants, des travaux intempestifs, des déclarations aussi péremptoires que mal venues, du manège de l'un pour dissimuler qu'il a une relation adultère et de tous ces petits non-dits qui s'accumulent. Quand tout, y compris le compost, devient source de nouveaux tracas, il faut jeter l'éponge…
Petits détails, dialogues ciselés, conversations à l'apparence anodines se transformant en poison : Julia Deck n'a pas son pareil pour appuyer là où ça fait mal et faire de cette fable vitriolée une formidable satire sociale. On se régale et on tremble, on jubile et on compatit. Une belle réussite !

Lien : https://collectiondelivres.w..
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