Le plus grand compliment que l'on puisse faire à un agent secret est de le prendre pour un peu"demeuré". Tout ce qui lui reste à faire est d'essayer de ne pas agir exactement comme tel. C'était, pour le moment, mon souci majeur.
Les Horse-Guards dans leur livrée rouge, immobiles, le poing serré sur leurs sabres, rêvaient de produits pour faire briller le métal, et de sexe.
Je contemplai la grisaille où confluaient la mer et le ciel qui rosissait au couchant. Pendant six mois encore, la mer continuerait à s'exercer en vue de l'été, revenant chaque jour arranger le sable comme une vieille femme de chambre maniaque referait perpétuellement un même lit.
j'abaissai la manette de mon parlophone et me remis à feuilleter les pages du passeport britannique fatigué, posé sur mon bureau;
" Edmond Dorf. ( Je répétai ces deux noms à haute voix)
- Vous dites toujours que les noms étrangers font plus anglais, fit ma secrétaire.
- Mais pas Dorf, certainement pas Edmond Dorf. Je ne me sens pas du tout dans la peau de M. Dorf.
- Ne faites pas de métaphysique avec moi, dit la belle Jean;Qui avez-vous le sentiment d'incarner ?"
Cette phrase me plut : il fallait cracher gros à notre époque pour avoir une secrétaire capable de s'exprimer ainsi.
"Eh ?
- Quel genre de nom vous plairait ? demanda Jean lentement et avec patience.
C'était un signal de danger.
" Flint McCrae.
- Ce n'est plus de votre âge.