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Critique de babounette


Mon Père - Grégoire Delacourt - Éditions le livre de poche - Lu en avril 2020.

C'est complètement retournée que j'ai fermé hier soir la dernière page du livre Mon Père de Grégoire Delacourt.

Nous passons de chapitre en chapitre de l'enfance d'Édouard, père de Benjamin à l'enfance de Benjamin lui-même et du père au père, ecclésiaste.

Après 138 critiques déjà postées sur Babelio, que puis-je ajouter de plus à tant d'horreurs décrites dans ce livre, ce petit Benjamin, fils d’Édouard et Nathalie, l'innocence, la candeur, la confiance qu'un gamin peut avoir dans les adultes qui va voir sa vie basculer dans l'enfer.

Mais avant d'en arriver là, l'auteur nous parle de l' enfance d'Édouard, de son père boucher qui lui apprend à manier les couteaux bien plus qu'il ne peut lui communiquer d'amour et de tendresse, qui a honte de ses mains de boucher incrustées du sang des animaux, de sa mère qui travaille au presbytère, une femme très pieuse, qui ne jure que par Dieu et tout ce qui tourne autour. Édouard dira "Sans la chaleur de ses mains, ma mère avait froid" "Plus tard, j'ai pensé qu'un père qui n'étreint pas ne façonne pas et qu'on en conserve pour toujours une infirmité. Une sorte d'inachèvement" page 32.

Venons-en à Benjamin, enfant né d'une union presque forcée, ayant été conçu dans "l'illégalité", Édouard et Nathalie doivent se marier. Et puis, Nathalie s'en va, premier déchirement pour ce petit garçon. Sa maman l'emmènera avec elle à 200 km de son père.
Et puis, un jour, Benjamin est envoyé en colonie de vacances, et c'est là que son enfer va commencer avec ce père ecclésiaste qui sous couvert de l'amitié va soumettre Benjamin à l'insoutenable. Benjamin qui envoie une carte à son père "viens me chercher", mais le papa n'a pas compris, n'a pas imaginé ça, n'a pas pris au sérieux l'appel au secours de l'enfant.
A son retour, l'enfant dépérit, ne rit plus, à des douleurs au ventre, de la fièvre, des maux de tête, ne mange plus bien, mais ne dit rien, ses parents ont beau l'interroger, il se tait.

Jusqu'au jour où il entre à l'hôpital et que les médecins découvrent la vérité.

"Il est des silences qui se brisent trop tard" - page 111

Le papa de Benjamin n'aura de cesse que de retrouver ce prêtre qui a abusé de la confiance de l'enfant avant d'abuser de son corps. C'est un cri, un long cri de rage, un cri de révolte, un cri de honte. Il ne croit pas en la justice. "Pourquoi n'avons-nous rien vu, Nathalie ? Pourquoi ?" page 152.

Vous l'aurez compris, ce n'est pas facile à lire, mais l'auteur a dû avoir encore plus difficile à mettre noir sur blanc ce vécu pour briser le silence qui se fait autour des abus d'enfants par certains hommes d'église en qui les enfants devraient avoir toute confiance. le silence de l'Église elle-même jusqu'il n'y a pas longtemps.

Ce que j'ai moins aimé, mais j'ai bien compris la démarche, c'est le parallèle que l'auteur fait chaque fois avec Abraham à qui Dieu demande de sacrifier son fils Isaac, et dont le geste fût arrêté par un ange (ancien testament). Il compare le silence d'Isaac qui n'a jamais demandé à son père pourquoi, le silence de ceux qui savaient (les serviteurs) et qui se sont tus et n'ont pas bougé. Est-ce que la vie d'un enfant compte si peu ? Que l'auteur nous explique cette comparaison, oui, mais y revenir jusqu'à la fin du livre, c'est juste un peu trop.

Un livre que j'ai lu avec le cœur chaviré du début à la fin, mais il fallait que je le lise.
La préface est absolument splendide, je vais la mettre en citation. Elle dit bien mieux que je ne pourrais le faire pourquoi l'auteur a écrit ce livre.




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