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Critique de ODP31


Mon premier roman giratoire.
Nul besoin d'un oracle pour deviner (ou d'un devin pour "oracler") que les gilets jaunes allaient vêtir les muses de certains de nos romanciers, inspirés par l'occupation de nos ronds-points citronnés.
Face à ce roman, couleur forcément jaune Grasset, je craignais autant la caricature du jaunard sur sa chaise pliante que l'apologie de la révolte. J'avais tort.
Si le mouvement de colère, qui semble déjà dater d'un siècle, sert de toile de fond à son histoire, Grégoire Delacourt offre un nuancier qui oscille avec poésie entre colère et espoir.
Les couleurs justement, structurent avec les chiffres, le monde imaginaire de Geoffroy, 13 ans, qu'une forme d'autisme isole des autres enfants, mais aussi de son père. Ce dernier, Pierre, qui se sent inutile et incapable de s'occuper de son propre enfant occupe un emploi de vigile à mi-temps dans un supermarché après un licenciement. Il va trouver dans le mouvement des gilets jaunes un certain réconfort auprès de ses copains d'infortune et un exutoire à sa colère. Il lui faut trouver des responsables à son chagrin et à ses échecs.
Sa femme, Louise, est infirmière dans un service de soins palliatifs, aussi dévouée et bienveillante avec ses malades qu'avec son fils. La mort, c'est sa vie et elle la rend la plus douce possible.
La lumière qui jaillit de ce récit s'échappe des histoires d'amour qui transcendent ce drame social.
Histoire d'amour d'enfants entre Geoffroy et Djamila, jeune fille charmée par la pureté et le caractère lunaire du jeune garçon.
Passion également dans l'urgence de l'éternité entre Louise et un homme en fin de vie.
Amour enfin révélé d'un père pour son fils, une fois la colère dépassée.
Trois phrases où mes verbes font grève, par solidarité.
Tout est bien qui ne finit pas forcément bien mais cette prose nerveuse et cette pureté de l'écriture offrent un récit d'une profonde humanité où même un cynique comme moi n'a plus pied.
Seule réserve, le trop plein de calamités. Après les masques, pénurie de mouchoirs en tissus ou en papier à prévoir. Que fait le gouvernement ? A trop forcer la dose, le roman perd un peu en justesse, notamment avec l'histoire parallèle de Djamila, pourchassée par des frères imbéciles, obsédés par la religion et leur réputation dans la cité.
Le titre mystérieux du roman est tiré d'un poème d'Aragon en hommage au poète Federico Garcia Lorca assassiné en 36 par les franquistes. A choisir, j'aurai sauté un vers et choisi de baptiser ce très beau récit, « Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront », évoqué dans la quatrième de couverture… jaune.
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