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3.59/5 (sur 15576 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Valenciennes , le 26/07/1960
Biographie :

Grégoire Delacourt est écrivain et publicitaire.

Il devient publicitaire en 1981 et crée en 2004, avec sa femme Dana Philp, sa propre agence de publicité, "Quelle Belle Journée", avec laquelle il signe des contrats avec des marques telles que Sephora, GO Sport, Caudalie, Folio (Gallimard), Taittinger, Crozatier, Directours, Unilever…

On lui doit ces fameux slogans: "Vous n'aviez jamais mangé de camembert" (Cœur de Lion), "Nous vous devons plus que la lumière" (EDF), "Un Lutti d'offert, c'est un Lutti de perdu" (Lutti). Il a maintes fois été récompensé pour son travail.

En 2011, il publie son premier roman, "L’Écrivain de la famille" (plus de 20 000 exemplaires vendus en grand format, 100 000 en édition de poche), qui a reçu de nombreux prix, dont Prix Rive Gauche à Paris 2011 et Prix Marcel Pagnol 2011.

"La liste de mes envies" (2012), son second roman, a été acheté par 27 pays et a fait l'objet d'une adaptation au théâtre en 2013. L'adaptation cinématographique est sortie en 2014, avec Mathilde Seigner, Marc Lavoine et Patrick Chesnais.

Son troisième roman, "La Première chose qu'on regarde", sort en avril 2013 et s'écoule à plus de 150 000 exemplaires. En 2014, il sort "On ne voyait que le bonheur", sélectionné pour le Goncourt, qui reçoit le Prix des Lectrices Edelweiss, le Prix Goncourt des Fougères 2014 et est élu Meilleur roman de l'année 2014.

En 2018 , Lattès publie son septième roman, "La femme qui ne vieillissait pas" puis " Mon Père" en 2019.

En 2020, il publie chez Grasset « Un jour viendra couleur d’orange ».

site et blog de l'auteur : https://www.gregoire-delacourt.com/

Bibliographie :
– L’Enfant réparé (NOUVEAUTE GRASSET)
– Un jour viendra couleur d’orange
– Mon père
– La première chose qu’on regarde
– L’Ecrivain de la famille
– La liste de mes envies
– Les quatre saisons de l’été
– On ne voyait que le bonheur
– Danser au bord de l’abîme
– La Femme qui ne vieillissait pas
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Bibliographie de Grégoire Delacourt   (13)Voir plus


Grégoire Delacourt et ses lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Je n`ai jamais fermé un livre en me disant que j`allais écrire un livre mais de nombreuses lectures ont été des chocs et ont probablement influencé mon écriture.

« L`Agneau carnivore » d`Augustin d` Augustin Gomez Arcos qui date des années 1980 et qui est dans la veine de « Cent ans de Solitude» de Gabriel Garcia Marquez mais en plus pointu. Il y a une vraie beauté de langue, une violence inouïe et une liberté absolue. On est dans le plus pur romantisme de la littérature.
Je citerai également « John l`enfer » de Didier Decoin qui est un choc sublime, « A Suspicious River » de Laura Kasischke qui est son premier roman et qui est d`une violence incroyable et « Last Exit to Brooklyn » d`Hubert Selby Jr, avec notamment la nouvelle sur Tralala. « Le Démon » du même auteur m`a beaucoup marqué. Il y a une liberté de langage incroyable.
« La Fuite de Monsieur Monde » est également à noter. Je trouve que Georges Simenon est un très grand auteur dans tout ce qu`il a écrit en dehors des enquêtes du commissaire Maigret. On est dans l`économie d`écriture, on est dans la rigueur. C`est un auteur flamboyant. Et puis quelle vie !
Sempé est pour moi un très grand écrivain. Il écrit avec des dessins et des mots mais c`est des pages de littérature sublimes. C`est quelqu`un qui m`a beaucoup inspiré dans la plume et dans ce léger décalage que l`on retrouve dans ses albums.
Il y a les nouvelles de Roald Dahl, « Bizarre, Bizarre » et « Kiss kiss » notamment. C`est ce qui se fait de mieux en trois pages.

Tout ça est un peu mon ciment même si ça ne veut pas dire qu`il n`y a pas cinq cent auteurs français que j`adore d` Emile Zola à Colette en passant par Emmanuel Carrère et Delphine de Vigan. Mais ce serait trop long de faire la liste !



Quel est l`auteur qui vous a donné envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

Un tel livre n`existe pas. Chaque façon de raconter une histoire peut être merveilleuse. Le livre qui arrêtera les autres n`existe pas.


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Ça a été « La Comtesse de Cagliostro » de Maurice LeBlanc que j`ai découvert à l`âge de 11 ans en pension. On m`y interdisait de le lire comme je le raconte malicieusement dans le roman ! C`est un livre merveilleux que j`ai lu en un week-end. C`était également un éveil sexuel à l`époque. Et je pense que c`est un livre à redécouvrir. La femme est un bandit de 30 ans qui a pris un gamin qui en a 16 et qui le forme pour en faire un voleur et un amant. C`est n`est pas forcément bien écrit mais quel livre !


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

La trilogie de Lynda La Plante (« Sang froid », « Coup de froid », « Cœur de pierre ») qui met en scène Lorraine Page, une flic alcoolo qui est un peu l`équivalent féminin de Matt Scudder dans « Huit million de façons de mourir » de Lawrence Block. C`est quand même ce que l`on fait de mieux dans ce genre de personnages. Ils vous hantent longtemps.
C`est dans la famille des polars mais ça raconte une histoire formidable : la fille est alcoolique, elle est privée de ses enfants, elle a tué un môme. C`est traité comme un thriller mais ça pourrait être un roman de Jean-Paul Dubois ! Je me moque de l`étiquette « thriller » comme des étiquettes en général. Ce qui compte ce sont les personnages, c`est d`eux dont on se souvient.
Il y a également un livre vraiment inclassable de Lou Durand qui s`appelle « le Grand Silence » que j`ai du lire une bonne dizaine de fois. C`est l`histoire d`un gamin qui a le défaut d`entendre les pensées des gens et qui en devient fou. Il part alors dans le grand blanc en Alaska pour fuir mais les gens le savent et essaient de le rattraper. C`est un thriller poétique avec une liberté d`écriture extraordinaire.
Enfin, Jean Follain est un poète que j`aime beaucoup et que je relis souvent. Il avait une écriture élégante et magnifique.


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Michel Houellebecq, je ne l`ai encore jamais lu et j`en ai honte… Enfin, ce n`est pas vraiment de la honte mais je suis quand même un peu embarrassé ! Je compte tout de même le lire prochainement.


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Laura Kasischke. Elle commence à être connue mais je la lis depuis le début et c`est vraiment magnifique.


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Les Trois Mousquetaires d`Alexandre Dumas Père.


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Spontanément je dirais « Aimez-vous les uns les autres ». C`est très naïf mais c`est quand même ce qu`il y a de plus beau. Et cette phrase a 2000 ans. Elle tient quand même bien la route !


Sinon, je citerais une autre phrase, qui est tout le contraire. C`est dans un dessin de Sempé : un petit bonhomme regarde le ciel et dit « Je pardonne à tous mes amis, mais j`ai la liste ». Je trouve ça formidable. C`est vraiment le pendant de l`autre. Je trouve qu`elles se répondent bien.



Et en ce moment que lisez-vous ?

Je lis trois livres. « Le Passager » de Jean-Christophe Grangé, « Occupée » de Laure Buisson et « Les îles » de Philippe Lançon. Je suis sur les trois en même temps. J`essaie de lire beaucoup et j`achète tous mes livres. Je trouve ça important. Il faut arrêter avec la gratuité. Quand tu achètes quelque chose, tu le respectes.



L`entretien de Grégoire Delacourt avec Babelio : « L`écrivain de la famille »



« L`écrivain de la famille » est votre premier roman et il a déjà remporté de nombreux prix. Est-ce une motivation ou une pression supplémentaire pour vos prochains ouvrages ?

Non il n`y a pas de pression. C`est uniquement du plaisir car cela veut dire que le livre touche, modestement, beaucoup de gens.


Le roman semble en grande partie autobiographique. Est-ce le cas ?

Il y a beaucoup de passages très romancés. Le personnage d`Annie Vachon -dont on me demande parfois les coordonnées ! - est une totale fiction et mon frère n`est pas du tout autiste par exemple mais il n`empêche que j`ai créé des personnages pour raconter une histoire autour du langage, autour des mots, autour du don et de ce qu`on fait de cette tragédie qui est celle d`être désigné « écrivain de la famille ». Il faut parfois passer par des choses très romancées pour dire la vérité. Ce n`est pas parce que quelque chose n`est pas vrai que ce n`est pas vraisemblable.
Pour les passages sur la publicité, je me suis inspiré de ma vraie trajectoire parce que je la connais bien et que ça me permettait de raconter le monde de la pub autrement que d`autres. De plus, ça m`intéressait de raconter comment se fabrique une campagne de pub mais je cite de vraies marques et je ne pouvais donc pas dire n`importe quoi. Les nombreuses anecdotes sont vraies.


Quelles sont les parties les plus difficiles à écrire ? Les parties romancées ou bien au contraire les passages plus autobiographiques ?

Je ne sais pas si c`est le plus dur mais le plus intéressant c`est d`arriver à un point d`honnêteté qui fasse que le lecteur ait du plaisir et qu`il trouve une vraie sincérité dans le livre.


Vous avez déjà une grande carrière de publiciste. Qu`est-ce qui vous a décidé à écrire un roman ?

J`avais envie d`écrire depuis très longtemps mais j`attendais le moment d`être plus mûr. J`avais envie de raconter quelque chose qui puisse intéresser les gens. Écrire pour écrire ne m`intéressait pas, donc j`ai attendu. J`ai attendu d`être prêt moralement et physiquement, prêt pour un échec ou une réussite, prêt à la méchanceté des gens… Mais j`ai toujours eu envie d`avoir la possibilité d`écrire un livre, et d`en écrire un deuxième.


Le deuxième roman est-il déjà en route ?

Il devrait sortir fin janvier, début février. J`espère que tous ceux qui ont aimé celui-là aimeront le prochain. On verra ensuite si le livre élargira l`audience ! Il a été écrit avant que le premier ne sorte, donc sans véritable pression même si le deuxième roman est toujours compliqué. Il y a une insouciance dans les premiers romans qu`il n`y a plus dans les deuxièmes et j`avais très peur en soumettant mon deuxième texte de décevoir, de n`être que « l` homme d` un coup » . Dans la théorie on construit un auteur et pas seulement un livre. Si on construit un livre, il faut reconstruire à chaque fois, repartir de zéro. Pour un vrai auteur, un jour on attend son livre.


Avant d`écrire ce premier roman, envisagiez-vous déjà d`en écrire d`autres ?

Pour ce roman, je n`ai pas eu le sentiment de tout dire, ni de penser à une éventuelle « carrière ». Il n`y a pas de calculs. Certains auteurs ont font sûrement mais j`ai écrit ce livre, qui m`a plu, en mettant beaucoup d`énergie. Mais on ne met jamais tout. Il y a une vie à côté.
Plus généralement, Je crois qu`on doit construire des auteurs et ne pas faire qu`un livre. Un seul livre, cela n`intéresse pas un éditeur de toute façon. Ce qui est intéressant c`est le travail de longue haleine. Un lectorat, c`est quelque chose qui se construit, qui se gagne, qui se rassure. Mais c`est payant à l`arrivée : David Foenkinos, par exemple a eu une traversée du désert importante avant de connaître un succès important aujourd`hui et Delphine de Vigan est montée en puissance jusqu`à « No et moi » où elle a eu une sorte d`apogée qu`elle retrouve décuplée aujourd`hui avec son livre merveilleux « Rien ne s`oppose à la nuit ». Il faut du temps pour construire une œuvre.


Pour revenir sur votre carrière de publiciste, comment êtes-vous passé du format court imposé par la publicité au format plus long du roman ? Passer de l`un à l`autre ne vous a-t-il pas posé trop de problèmes ?

Ce sont deux modèles d`écriture différents, mais le cadeau de la pub c`est de m`avoir appris à « découenner le jambon », à enlever le gras, à éviter les mots qui "s`écoutent écrire", à essayer d`aller directement au but. Moi j`aime les chapitres courts que l`on retrouve dans la littérature anglo-saxonne. Des choses très maitrisées avec un vrai rythme. Tout ce qui fait que quand tu rentres dedans, tu as envie de continuer.
Les gens savent ce que c`est que d`aimer, ils savent ce que c`est que d`avoir faim ou d`avoir peur et tu n`as donc pas besoin d`insister.
En outre, je pense que l`époque se prête plus aux formats courts. On est plus dans le zapping, dans une sorte d`impatience.


« L`écrivain de la famille » oscille toujours entre la comédie et le drame. Comment avez-vous trouvé ce ton ?

C`est quelque chose que j`ai appris dans la pub peut-être mais certainement dans la vie : tout ce qui est trop drôle ou trop triste n`est pas intéressant. C`est le mariage des deux qui compte. Il faut toujours surprendre et ne pas trop s`installer dans l`émotion ou dans la blague. Il faut les deux. Parfois tu prends la blague pour être très émouvant et l`émotion pour être drôle. Les gens aiment beaucoup cela je pense.


On suit le narrateur de manière très chronologique des années 1970 à aujourd`hui, chacune des trois parties représentant une décennie. Ces trois décennies ont-elles un sens particulier à vos yeux ?

Je voulais suivre un gamin jusqu`à l`âge adulte et j`ai pris les décennies qui m`amusaient par rapport à l`histoire que je voulais raconter. Les films, les musiques, les livres qui sont cités c`est une toile de fond qui m`a marqué, qui m`a touché. Il y avait une sorte d`élégance de la désinvolture dans les années 1970. Les femmes étaient belles, elles fumaient…


La fumée est en effet très présente dans le roman !

Parce que c`est très cinématographique. Il y a une esthétique de la clope. Elle représente la libération de la femme. En 1978, il y a l`avortement. Les femmes fumaient, buvaient, commençaient à avoir des amants. Les années 1980, c`est la décennie du Sida. En 1990 c`est l`âge adulte du monde dans lequel on vit aujourd`hui. Les époques sont constitutives de qui on est plus que la politique par exemple. Les chansons sont l`histoire sociologique de notre pays.


Le roman apporte une vision assez dure de la famille. Souhaitez-vous, avec ce livre, pointer du doigt un certain dysfonctionnement de la structure familiale ?

C`est dur d`être des parents. On n`apprend pas à aimer, on n`apprend pas à faire des enfants, à les éduquer ou à les aimer. On a des enfants au moment où on est un homme ou une femme, où on doit réussir. On a des enfants qui veulent être aimés… Je pense que tout cela forme un gigantesque chaos et qu`au final la cellule familiale est très violente. Alors, elle est régie par la morale : « tu es mon fils, donc je t`aime ». Mais moi j`ai le droit de ne pas aimer mes enfants. L`enfant n`est en effet pas toujours aimable et on n`est pas obligé d`aimer.
Je trouve que la famille est un endroit d`amour extrêmement compliqué.

Je voulais aussi qu`on se souvienne que, pour ma génération, nos mères étaient des militantes dans une période assez chaotique pour les familles. Pour les enfants de la guerre qu`étaient nos parents, c`était difficile de construire une famille.


Les femmes ont un d`ailleurs un rôle très important dans ce roman. Ce sont des personnages marquants.

Les femmes ont réinventé le monde dans les années 1970. Il n`y a qu`à voir les films de Claude Sautet qui sont des bijoux de psychologie féminine et dans lesquels les femmes sont exceptionnelles.
Il y a peu d`auteurs ou de réalisateurs qui ont le courage de mettre les femmes en avant.



Découvrez ""L`écrivain de la famille"" de Grégoire Delacourt publié chez Lattès.


Un grand merci à Grégoire Delacourt pour sa gentillesse et sa disponibilité. Un grand merci également au Prix Rive Gauche à Paris.

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Extrait du livre audio « La Liste 2 mes envies » de Grégoire Delacourt lu par Odile Cohen. Parution numérique le 17 avril 2024. https://www.audiolib.fr/livre/la-liste-2-mes-envies-9791035416515/


Citations et extraits (2558) Voir plus Ajouter une citation
Il n'y a que dans les livres que l'on peut changer de vie. Que l'on peut tout effacer d'un mot. Faire disparaître le poids des choses. Gommer les vilénies et au bout d'une phrase, se retrouver soudain au bout du monde.
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Etre riche, c’est voir tout ce qui est laid puisqu’on a l’arrogance de penser qu’on peut changer les choses. Qu’il suffit de payer pour ça. Mais je ne suis pas riche. Je possède juste un chèque de dix-huit millions cinq cent quarante-sept mille trois cent un euros et vingt-huit centimes, plié en huit, caché au fond d’une chaussure. Je possède juste la tentation. Une autre vie possible. Une nouvelle maison. Une nouvelle télévision. Plein de choses nouvelles. Mais rien de différent.
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Je possédais ce que l'argent ne pouvait pas acheter mais juste détruire.
Le bonheur.
Mon bonheur, en tout cas. le mien. Avec ses défauts. Ses banalités. Ses petitesses. Mais le mien.
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On passe une vie à remplir une maison ; et quand elle est pleine, on casse les choses pour pouvoir les remplacer, pour avoir quelque chose à faire le lendemain. On va même jusqu'à casser son couple pour se projeter dans une autre histoire, un autre futur, une autre maison.
Une autre vie à remplir.
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Moi les mots, j'aime bien. J'aime bien les phrases longues, les soupirs qui s'éternisent.
J'aime bien quand les mots cachent parfois ce qu'ils disent; ou le disent d'une manière nouvelle.
Quand j'étais petite, je tenais un journal. Je l'ai arrêté le jour de la mort de maman. En tombant, elle a aussi fait tomber mon stylo et se fracasser plein de choses.
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Parce que nos besoins sont nos petits rêves quotidiens. Ce sont des petites choses à faire qui nous projettent à demain, à après-demain, dans le futur; ces petits riens qu'on achétera la semaine prochaine et qui nous permettront de penser que la semaine prochaine , on sera encore vivants.
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J'aimerais avoir la chance de décider de ma vie, je crois que c'est le plus grand cadeau qui puisse nous être fait.
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Même les mamans mentent. Parce qu'elles aussi, elles ont peur.
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Préface - Mon Père.
En commençant l'écriture de ce livre, je savais que je m'attaquais à la face nord d'une montagne verglacée.
Il n'y aurait pas d'aimable mercière cette fois, pas d'amoureuse éperdue, pas plus que de petite fille qui apprendrait à pardonner à son papa de lui avoir tiré une balle de révolver dans la figure. Et surtout, pas de happy end.
Il n'y aurait que deux hommes. Un Père et un père. Un face à face. Un règlement de mots. Une boucherie à propos du désir de l'un et de l'interdit de l'autre. De frayeurs d'homme, en somme. Il y aurait mes peurs anciennes d'enfant lorsque l'ombre me couvrait de nuit et de larmes. Il y aurait mes angoisses de père plus tard - et cette infirmité de ne jamais pouvoir protéger tout à fait ceux qu'on aime. Il y aurait aussi ce que notre part humaine compte de plus cannibale et de plus désespéré.
Alors oui, lorsque, après avoir lu la brève quatrième de couverture, cette dame a reposé Mon Père sur la haute pile derssée devant moi au salon du livre de Vannes et qu'elle m'a dit "je ne le prends pas, c'est trop dur", j'ai su que j'étais parvenu au sommet de ma montagne, là où l'on est forcé de regarder en bas, regarder loin ; là où, sans avoir besoin de cligner des yeux, l'on voit tout - la cime des arbres comme les noirceurs qu'ils tentent de masquer, et dans la plaine les hommes qui fuient et au seuil des maisons les femmes qui pleurent. Ainsi, ce qui semblait être "dur" à ma visiteuse de Vannes, c'était de voir. Et donc de savoir. Voir et savoir le mal fait à nos enfants, nos faiblesses à les défendre, l'appétit des ogres. Je crois que tôt ou tard il faut montrer, il faut nommer, car l'imagination est sans fin lorsqu'elle se hasarde du côté du féroce. Je crois aussi, qu'en ces temps où la pensée est réglementée et, aux heures sombres du monde, la parole suspectée, il est du devoir de l'art de retrouver son rôle d'empêcheur de vivre en rond, de pousser les murs, de cogner, d'évoquer "cette sinistre nouvelle de ce qu'un homme a pu faire d'un autre homme". Il faut retrouver cette liberté essentielle qui consiste à parler de tout, à montrer tout, cette joie de donner la parole à ceux qui ne l'ont plus car leurs mots en eux sont restés enfouis, car les mots en eux ont été émiettés, et s'ils arrivent parfois, oh rarement, que quelques-uns parviennent enfin à leurs lèvres, ils ne sont pas cueillis, pas recueillis. Qui croit, qui entend un enfant qui dit "papa m'a fait du mal" ? Ou grand-père ? Mon grand frère ? Monsieur le curé ? Qui peut croire qu'un protecteur a pu devenir un bourreau ? Un effroi ?
Écrire, c'est écouter le monde, les vents chauds, les vents doux, mais aussi les tempêtes et les ouragans. C'est nommer pour empêcher l'oubli. C'est dire pour donner une vie.
Écrire, c'est enfin se dénuder pour habiller l'autre .
Voilà, chère lectrice vannetaise, ce que j'aurais voulu vous dire lorsque vous avez reposé Mon Père et que vous vous êtes éloignée, comme on s'écarte du chagrin d'un homme, ou d'une pierre qui brûle. Et vous dire merci, à vous qui avez osé ce livre.
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La vie est la courte distance entre deux vides.
On gesticule pour la remplir. On traîne pour l'étirer. On voudrait qu'elle s'éternise. On s'invente même parfois des doubles vies. On respire et on ment. On regarde sans voir. On veut profiter de tout et tout glisse entre les doigts. On aime et c'est déjà fini. On croit au futur et le passé est déjà là. On est si vite oublié. On ne veut pas perdre et, lorsque vient la fin, on refuse de baisser les paupières. On refuse la poignée de terre sur notre peau glacée. Il faut pourtant savoir lâcher prise.
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