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Citations sur Les enfants de la nuit (33)

Les pensées refoulées,lorsqu'on les débusque,sont plus dangereuses que des animaux aux abois.
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Le chagrin revenait me relancer chaque nuit tel un créancier implacable et je me découvris une nouvelle compagne, l'insomnie.
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J’avais été secoué d’apprendre qu’elle était juive. J’avais été secoué d’apprendre que quelque chose d’aussi fondamental pour une juive que sa judéité ait pu m’être dissimulé – à moi, l’homme qui l’avait si souvent pénétrée (« le seul », affirmait-elle). J’avais commencé par la maudire de m’avoir dissimulé cette vérité fondamentale. Plus tard, un embryon de prise de conscience m’avait incité à m’accuser de ne l’avoir pas découverte moi-même. Elle avait fini par me la révéler, juste avant sa mort, dans une longue lettre. Que la police avait retrouvée, et j’eus un choc supplémentaire en apprenant que l’existence de cette lettre n’avait fait qu’accroître les soupçons de l’inspecteur principal Christian à mon encontre :

– La plupart des victimes connaissent leur meurtrier, m’avait-il dit.
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Le sadisme. Voilà pourquoi j'avais toujours refusé de dire Madeleine que je l'aimais, décidai-je. Mon silence me permettait d'exercer sur elle un pouvoir sadique.
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5 juillet 1988

Cher Nicholas,

Mon Nicholas chéri, mon amour, mon seul et unique amour. Je t’ai dit un jour que les mots me manquaient – et pas seulement parce que l’anglais n’est pas ma langue maternelle, ce que tu ne sais pas vraiment, si ? –, que les mots me manquaient, donc, pour te dire combien je t’aime. Il est dix heures du soir, tu viens de me quitter pour regagner ta garçonnière et je me sens seule, perdue. Pourquoi m’as-tu fait ça ? Tu aurais pu rester jusqu’à demain matin, non ? Est-ce par peur de me faire violence ? Pourquoi cette attitude ? Pourquoi faut-il que tu t’en ailles ?

Chaque fois que tu me quittes ainsi, j’ai l’impression que je vais mourir, et, parce que j’ai cette impression, j’ai décidé de t’écrire comme si j’allais mourir. Je sens encore la trace de tes mains sur mes épaules, je sens encore ta hanche osseuse contre la mienne (tu vois, j’ai fini par admettre que tu es de ce que tu appelles « la race des lévriers » et que je n’ai aucune chance de réussir à t’engraisser). Comment un homme aussi passionné que toi pendant l’acte d’amour peut-il ensuite redevenir aussi distant, aussi lointain ? Par qui – ou par quoi – as-tu été blessé ? Quand et comment ? Cette façon que tu as de chasser cette longue mèche de ton front me donne envie de me jeter à ton cou, de te couvrir de baisers et de te serrer dans mes bras. Mais jamais tu ne tolérerais une telle spontanéité, n’est-ce pas ?

Je ne suis pas ton ennemie, je n’ai ni la volonté ni le désir de devenir une étrangère pour toi. Lorsque tu me quittes aussi froidement que tu viens de le faire, alors que je suis encore tout inondée de toi, de ta sueur, de la mienne et du reste, je sens l’enfant qui est en toi à la façon dont tu rentres le cou dans les épaules en traversant le seuil – la façon dont tu me fuis, maudit homme ! Je ne crois pas que ce soit notre différence d’âge (j’y reviendrai tout à l’heure) qui te rende aussi vulnérable. Car tu l’es, vulnérable, profondément – mais tu l’ignores, n’est-ce pas, toi qui affrontes fièrement le monde, les promoteurs, les politiciens, les urbanistes, toi qui fréquentes les pages des magazines et les rêves des puissants ?
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Mon amour, ma Madeleine adorée… mais quelle malhonnêteté de ma part de l’appeler « mon amour » après sa mort – si je l’avais fait, ne fût-ce qu’une fois de son vivant, peut-être serait-elle toujours là. Concrètement, j’aurais pu être à ses côtés la nuit du crime. Et de façon plus intangible, peut-être aurait-elle été protégée par notre décision de former un couple, une décision que je n’avais pas prise, que j’étais incapable de prendre.
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APRÈS SA MORT, J’AVAIS DÉCOUVERT la cause de sa discrétion : Madeleine était une enfant de l’Holocauste. Je ne m’en étais jamais douté. Je ne voyais (par le prisme de mon indifférence) qu’une créature à la fois volcanique et glaciale, ombrageuse, secrète, passionnée et prête à tout. Que connaissions--nous de cette réalité-là dans notre silencieuse campagne du Herefordshire, nous qui avions toujours eu le choix ? Bien sûr, j’avais entendu dans un documentaire un des libérateurs de Bergen-Belsen déclarer d’un ton monocorde : « Ç’a été le pire jour de ma vie. » Devais-je pour autant me sentir personnellement concerné ? Non, non et non. Rien à voir avec moi, les gars, la guerre était finie depuis presque dix ans quand je suis né.
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– Tu ne m’aimes pas ! Tu ne m’aimes pas !
– C’est difficile d’aimer une femme qui ne veut rien dire de son passé ni de sa vie. Ni de sa famille.
La question des origines avait fini par dresser une barrière entre nous.
– D’où viens-tu, Madeleine ?
– De quelque part en Europe, esquivait-elle, de Hollande ou d’Allemagne, par là.
Et ce alors qu’elle adorait m’entendre parler de mes racines et de ma famille, de la campagne, de la rivière qui bordait la ferme de mon enfance, du Herefordshire et des collines de Malvern.
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Ils avaient eu un moment de panique, je finirais par l’apprendre, en me voyant reconnaître si évidemment la statuette. Des circonstances ayant entouré sa disparition, ces deux-là savaient tout. Et un coup de téléphone leur confirma peu après mon rôle dans la vie de Madeleine.
Il me fallut plus d’un an, une année de terreur et de barbarie, pour tout comprendre. Je continue à me demander si j’aurais pu stopper net cet horrible cirque dès le premier soir, à Zoug. J’étais déjà en état d’alerte, l’esprit plein de questions. Que savaient-ils ? Où s’étaient-ils procurés la statuette ? Qui étaient-ils ? Que devais-je faire ? Réponses : aucune.
J’étudiai longuement le cliché. Pas de doute, c’était bien la tour Eiffel en améthyste à laquelle Madeleine tenait si fort, dont elle ne voulait jamais me parler mais que je l’avais vue serrer contre son cœur après une de nos plus cinglantes disputes.
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