Quand le vent soulève les coiffes
Les Orphelines du Roy soleil Tome 1
Editions
Ex Aequo 225 pages
J'avais beaucoup aimé L'âme du Manguier de l'auteure
Béatrix Delarue, je retrouve sa plume dans ce roman écrit avec sa co-auteure
Lorraine Lapointe.
Déjà, le titre magnifique et la couverture interpellent...Quand le vent soulève les coiffes...
Nous sommes à Paris au 17 e siècle. L'histoire commence autour du Quartier des Halles où les nombreux boutiquiers tentent de gagner leur vie. Nous suivons Léonie qui va livrer les commandes de son époux dans les beaux quartiers avec forces détails et débauches d'odeurs, de couleurs et de bruits divers.
Le Paris du 17 e siècle est vraiment très bien décrit à travers deux familles amies, les Berthier et les Deschamps.
Nous apprenons beaucoup sur leurs vies quotidiennes, sur la puissance des corporations, les multiples métiers, le dur labeur mais aussi les traditions populaires, les fêtes marquées par la religion omniprésente, les repas, la vêture, l'habitat, les soins etc. La différence entre certains métiers, les passe-droits, et la concurrence est très difficile.
Les familles mènent une vie simple mais heureuses jusqu'au jour où des drames viennent frapper à leur porte. Je ne dévoilerai pas l'intrigue mais à chaque page, j'avais envie d'aller à la suivante pour connaître l'aboutissement. Malgré tant d'efforts,
Madeleine et Marguerite se retrouvent à l'Hospice de la Salpêtrière qui est à cette époque un orphelinat avec une école où l'on rentre avec un certificat de sa paroisse.
D'autres y sont abandonnés ou ramassés dans les rues de Paris. Parmi ces enfants de la naissance à 12 ans, les deux fillettes reçoivent une bonne éducation, apprennent à lire, écrire, broder. L'endroit est géré d'une main de fer par des femmes, le plus souvent veuves, qui ne sont pas sans mérite par la situation de très grande pauvreté de l'époque.
Malgré la difficulté, le manque de nourriture, le froid, les caractères forts, les talents, l'amitié et la solidarité des deux jeunes filles leurs permettent de survivre au épidémies, et décès nombreux.
Beaucoup d'humour, de rires, le caractère de l'une et l'autre se complète vraiment bien. Je les imaginais en lisant où l'enfance n'est pas loin malgré des responsabilités si jeunes.
Je les voyais à travers les mots des auteures
Béatrix Delarue et
Lorraine Lapointe, personnages vrais, il paraît puisqu'elles ont vraiment embarqué lors de ce jour mémorable de l'année 1670 sur ce vaisseau.
Lorsque le roi Soleil débute son règne en 1661, la Nouvelle-France, découverte par Jacques Cartier, ne compte que très peu d' habitants, Louis XIV, favorise le départ entre 1663 et 1673, d'une multitude de jeunes femmes dont l'objectif est de les marier pour peupler sa colonie. Jean-Baptiste Colbert, ministre du Roi, eut alors l'idée de recruter des orphelines dans les hospices de charité du Royaume. Un contrat de mariage signifiait une dot, une terre avec un foyer et des privilèges qui étaient inexistants en métropole.
Après moultes péripéties dans Paris, Marguerite et Madeleine sont choisies pour traverser l'océan avec d'autres passagères.
Dans ce roman, je me suis attachée au personnages de Léonie qui se démène tant qu'elle peut pour sauver ses enfants et Marguerite, un peu plus rebelle pour son époque... J'ai adoré suivre l'incroyable Flavia auprès des fillettes de la Salpêtrière.
Nous suivons également l'émouvante Madelon fuyant les guerres de religions. La Bourgogne et la Champagne sont bien représentées avec leurs dialectes qu'elles transportent de l'autre côté de l'océan.
Ce roman est agréable, très bien documenté. Chaque chapitre est daté, avec un titre.
Des explications permettent de comprendre le vocabulaire différent du 17 e siècle. Il est en partie écrit dans un français qui utilise beaucoup de mots, correspondants à ce siècle.
J'ai apprécié la correspondance des filles pendant toutes les péripéties rencontrées dans l'humidité, la puanteur en fond de cale, les animaux...et malgré tout l'immense joie d'arriver en terre promise !
J'ai appris beaucoup sur cette incroyable histoire des 'Filles du roi" dont certaines étaient très jeunes, 14, 15 ans.
J'ai quitté à regret cette fresque historique des rues de Paris, de la Salpêtrière, ce long voyage vers la liberté !
Le livre renvoie à la fin au blog de l'une des auteures
Béatrix Delarue, je trouve l'idée très bonne pour avoir d'autres explications sur les romans.
www.adlitteram.over-blog.com
Je vous conseille vraiment ce roman, c'est un coup de coeur !