Où fuir? comment me vaincre? où trouver du courage
Pour comprimer mon coeur, étouffer son langage?
Pour me taire en voyant s'asseoir entre nous deux
L'oncle par vous trahi, l'époux... Mais je le veux;
Je veux forcer mes traits à braver sa présence,
A sourire, à tromper, à feindre l'innocence ;
Ils mentiront en vain : si ma voix, si mon front,
Si mes yeux sont muets, ces marbres parleront.
Le beau jour! que la mer où mon oeil se repose ,
Que le ciel radieux brillent d'un éclat pur;
Et que Venise est belle entre leur double azur.
Lui seul ne verra plus nos lagunes chéries :
Il n'est qu'une Venise ! on n'a pas deux patries !....
Je pleure... oui, Fernando, sur mon crime et le tien.
Pourquoi pleurer? j'ai tort: les pleurs n'effacent rien.
Mon bon, mon noble époux aime à me voir sourire ;
Eh bien! soyons heureuse, il le faut... Je veux lire.