Lord Byron (extrait)
Non, tu n’es pas un aigle, ont crié les serpents,
Quand son vol faible encor trompait sa jeune audace :
Et déjà sur le dos de ces monstres rampants
Du bec vengeur de l’aigle il imprimait la trace ;
Puis, le front dans les cieux de lumière inondés,
Les yeux sur le soleil, les ongles sur la foudre,
Il dit à ces serpents qui sifflaient dans la poudre :
« Que suis-je ? répondez. »
Tel fut ton noble essor, Byron, et quelle vie,
Vieille de gloire en un matin,
D’un bruit plus imposant, d’un éclat plus soudain,
Irrita la mort et l’envie ?
Par de lâches clameurs quel génie insulté
Dans son obscurité première,
Changea plus promptement et sa nuit en lumière,
Et son siècle en postérité ?
À Napoléon (extrait)
Une nuit, c’était l’heure où les songes funèbres
Apportent aux vivants les leçons du cercueil ;
Où le second Brutus vit son génie en deuil
Se dresser devant lui dans l’horreur des ténèbres ;
Où Richard, tourmenté d’un sommeil sans repos,
Vit les mânes vengeurs de sa famille entière,
Rangés autour de ses drapeaux,
Le maudire et crier : voilà ta nuit dernière !
Napoléon veillait, seul et silencieux :
La fatigue inclinait cette tête puissante
Sur la carte immobile où s’attachaient ses yeux ;
Trois guerrières, trois sœurs parurent sous sa tente.
La vie de Jeanne d'Arc (extrait)
Une femme paraît, une vierge, un héros :
Elle arrache son maître aux langueurs du repos.
La France qui gémit se réveille avec peine,
Voit son trône abattu, voit ses champs dévastés,
Se lève en secouant sa chaîne,
Et rassemble à ce bruit ses enfants irrités.