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Critique de Annette55


On se sent nu, humble et démuni pour commenter ce document.
"Je suis revenue d'entre les morts et j'ai cru que cela me donnait le droit de parler aux autres et quand je me suis retrouvée en face d'eux je n'ai plus rien eu à leur dire parce que j'avais appris là- bas qu'on ne peut pas parler aux autres."
Un ton et un ouvrage qui ne vous ne laissent pas indemnes dans une
réalité crue, sans fioritures, un travail sensible, minutieux, authentique, une sensibilité exacerbée qui se dévoile à travers les déchirements." Mémoire, Douleur, Mort." Un mise en mots infiniment poétique et bouleversante, une prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants !
Comme une expiation de toutes ces horreurs incompréhensibles et difficilement appréciables pour ceux qui ne l'ont point vécue!!Et Pourtant!


"Auschwitz et après, Une Connaissance Inutile"est une traduction en mots du vécu de Madame Delbo, elle y est sensible et ouverte,s'affranchissant des barrières du temps,elle passe de sa déportation à son emprisonnement, à la mort de son mari, fusillé, à sa vie avant guerre,elle parle d'elle:il y est question d'inhumanité et de désespoir "On peut faire d'un être humain un squelette où gargouille la diarrhée, lui ôter le temps de penser, la force de penser. L'imaginaire est le premier luxe du corps qui reçoit assez de nourriture, jouit d'une frange de temps libre, dispose de rudiments pour façonner ses rêves. A Auschwitz, on ne rêvait pas, on délirait".....
Il y est question d'amour:" je l'aimais parce qu'il était beau , c'est une raison futile, je l'aimais parce qu'il m'aimait, c'est une raison égoïste"....
Il y est question de mémoire et de liberté, elles et ses camarades jouent le Malade Imaginaire :"C'était magnifique parce que pendant deux heures, sans que les cheminées aient cessé de fumer leur fumée de chair humaine, pendant deux heures , nous y avons cru. Nous y avons cru plus qu'à notre seule croyance d' alors, la liberté, pour laquelle , il nous faudrait lutter cinq cents jours encore".Dans le dénuement le plus extrême, elle achète à une gitane le misanthrope de Molière et l'apprend par coeur, un fragment chaque soir, elles se
Récitent des poèmes, Charlotte Delbo réussit à se rappeler 57 poémes!
Il y est question de mort:"Pour ceux qui étaient à Auschwitz, l'attente était une course devant la mort."
Il y est question de fraternité et d'entraide , de chaleur humaine entre les déportés même si la mort est omniprésente.
Il y est question de soif:"J'avais soif depuis des jours et des jours, soif à en perdre la raison. Soif à ne plus pouvoir manger, car je n'avais plus de salive dans la bouche, soif à ne plus pouvoir parler, car on ne peut pas parler quand on n'a pas de salive dans la bouche. Mes lèvres étaient déchirées,mes gencives gonflées, ma langue un bout de bois....tous mes sens étaient abolis par la soif."....
Comment survit - on à un tel cauchemar?par l'instinct de survie ? Par la poésie et la puissance des mots, de l'imaginaire, les ressorts de l'intelligence , la sensibilité exacerbée de ces êtres admirables dans leur infortune, par l'amitié et le désespoir de l'amitié?par l'amour et le désespoir de l'amour?
Y a t- il une vie après cet enfer, dans le froid mortel de l'espoir qui s'éteint et renaît encore et encore?et s'acharne.....
Respect total pour ces hommes et ces femmes là!
"Alors vous saurez
Qu'il ne faut pas parler avec la mort
C'est une connaissance inutile."



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