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Critique de Soukiang


Si je serai grande d'Angelina Delcroix, une histoire puissante, la confirmation et l'éclosion d'une grande voix du thriller français !!!

Après son premier roman, Ne la réveillez pas "Thriller bluffant, glaçant, totalement immersif !!!", j'étais impatient à l'idée de découvrir comment l'auteure allait faire évoluer ses personnages, développer une nouvelle histoire, creuser d'autres thématiques, des pistes inédites, le sentiment que le plus dur dans tous les domaines de création (littérature, cinéma, chanson ...) reste à affirmer une plume, une identité, une voix singulière et originale pour se démarquer, pour légitimer et fidéliser un lectorat de fans de thrillers toujours plus exigeants et pour apposer ses lettres de noblesse au genre non dénué de talents et d'un vivier chaque jour plus important et de qualité croissante.

"La vraie lecture commence quand on ne lit plus seulement pour se distraire et se fuir, mais pour se trouver." (Jean Guéhenno)

Les thrillers prennent source dans le quotidien, dans les observations de la nature humaine, puiser dans les problématiques complexes générées par l'évolution de l'humanité au sens large, dans les reflets des faits divers, dans l'ombre des sentinelles qui tirent des fils invisibles pour le commun des mortels, la frontière floue délimitant le bien et le mal, des figures d'opposition pour soulever des pierres, redéfinir les contours des âmes perdues, embarquer dans des zones de non-confort, risquer de laisser un peu plus de son innocence à chaque lecture, une place primordiale à l'expression de la psychologie, c'est bien connu, l'être humain est le pire prédateur parmi toutes les espèces régnant depuis l'aube des temps ...

Les monstres sont parmi nous ...

Dans la construction du thriller, l'alternance des voix soutient le rythme indispensable, comme un long feulement surgit de nulle part, cette perte irrémédiable de ses repères, de ces abandons qui laissent un grand vide dans l'esprit des victimes, dans cette suite terrifiante, vous ne serez pas épargné, l'auteure poursuit son travail de sape, disséquer les entrailles de l'envers de l'âme humaine, bousculer le lecteur afin de lui faire sentir le souffle de la lame, se salir les mains pour capturer l'essence, trouver des raisons, grincer des dents, la perte de l'innocence, la quête identitaire, comment faire face à des traumas, à l'éveil d'une conscience fragilisée et totalement déboussolée, c'est un exercice périlleux de trouver l'équilibre entre toutes les variables et constantes, comme l'araignée tisse sa toile, c'est tout un écheveau d'intéractions qu'il faudra démêler, se méfier des apparences, créer un électrochoc pour heurter des cordes sensibles et y compris les plus imperméables.
Fascination de parcourir le cheminement criminel et de toutes les perversions à l'oeuvre, quelle est la limite à partir de laquelle l'homme rejoint l'état primal obéissant à ses pulsions, comme l'étau qui serre les coeurs les plus endurcis, certains personnages brillent par un jeu de manipulation hors norme, dans l'espace et le temps, ce sera à vous seulement de faire preuve de patience pour assembler toutes les pièces du puzzle, Angéline Delcroix ne se contente pas de réciter une leçon apprise par coeur, de respecter à la lettre les codes du thriller, elle prend un malin plaisir à disséminer des fausses pistes pour mieux surprendre et faire ressentir des impacts comme autant de fusée de détresse, après l'éprouvant et machiavélique Ne la réveillez pas, pas de repos pour les guerriers, le plaisir de retrouver la brigade policière dont l'épicentre se nomme ...

Joy Morel pour vous servir ...

Encore une fois se pose cette éternelle question s'il vaut mieux avoir lu le premier roman avant de plonger dans Si je serai grande, les références ou piqûre de rappel ne sont pas préjudiciables pour la bonne compréhension et pour peu que vous soyez littéralement pris au piège dès les premières pages, une mise en bouche devrait vous harponner par des voyages narratifs alternant passé et présent, des personnages principaux qui prennent de l'épaisseur et attirent l'empathie par des épreuves redoutables qu'ils devront affronter, qualifier la plume d'addictif de l'auteure relève d'un doux euphémisme, pas une seconde d'ennui, c'est une histoire qui a tout pour plaire, vous faire sortir de la zone de confort, l'impression d'observer plusieurs tableaux de l'enfer, quelques touches de légèreté dans un monde des plus menaçants, personne n'est à l'abri, un excellent point pour démontrer la vulnérabilité de tout un chacun, tout est possible, pas de héros ni d'héroîne, la souffrance est palpable, les synapses sont rudement malmenés tout du long, un vrai trip ... cauchemardesque, un cercle sans fin et comme si la vie pouvait à tout instant basculer dans les plus obscures ténèbres, cette violence n'est pas dans l'ordre de l'exhibition, n'ayons pas peur des mots, dans la difficulté et dans l'émotion qui brillent par ces étincelles trop éphémères, des frises insolentes pour converger vers un final renversant complété par un de ces twists qui m'a laissé sans voix, des moments rares.

Vivre et mourir ...

Encore une fois bluffé par cette écriture sans faille dans le déroulé et la cohésion de l'ensemble, saisir cette transformation qui peut anéantir ou révéler des personnalités, des forces démoniaques, longtemps ma rétine s'imprègnera de certaines scènes hallucinantes et d'une virtuosité implacable, comme un ralenti qui figerait les images pour mieux en capturer tous les états d'âme des personnages devant l'indicible, l'horreur absolue ou les confidences propres à signer l'arrêt cardiaque, comme si on avait cette capacité à se dédoubler à tout instant, il existe des personnes possédant des identités multiples, aujourd'hui l'on évoquerait surtout la bipolarité chez l'adulte mais quid chez l'enfant ?
L'éducation et la protection parentale sont des bases nécessaires et essentiels à l'essor des plus jeunes, l'auteure pose des questions pertinentes et cruciales, dans l'immersion d'une histoire forte et perturbante, ce sont autant de points d'interrogations qui pourront peut-être trouver écho et rebondissements ici, pour entrevoir une lumière ou bien vers un basculement irréversible, vers les abysses les plus opaques qui soient ...

Dans la dynamique de l'enquête précédente, les personnages récurrents présentent des failles, des idées noires qu'il vont essayer de combler, de jouer la carte de l'intelligence pour résoudre une investigation éprouvante pour les nerfs et aux ramifications tentaculaires, des blessures à l'âme, des bleus au visage pour se rappeler qu'il y aura à tout jamais un avant et un ... après.

Une tension qui prend aux tripes dès l'entame, à la résistance comme à la guerre, une invitation pour une nouvelle expérience jouissive de lecture, parfois irrespirable, des douceurs tentent de se frayer une maigre place, la solitude des âmes est une fois encore sublimée, c'était déjà le cas dans Ne la réveillez pas, le deuil et ce poids de l'absence pesant, la perte de l'innocence et des illusions, plusieurs étages de conscience/inconscience, entre rêve et réalité, des degrés débarrassés de ses contraintes, autant d'étapes à surmonter avant d'arriver au firmanent de la nébuleuse intrigue, des répercussions qui abondent dans tous les sens, virevoltante, l'inspiration vient dans la douleur et l'angoisse quand on ne s'y attend pas, un climat électrique et barré, images incarnant la grâce de l'innocence bafouée, la corruption organisée, la grandeur des folies, la bienséance malveillante, autant d'arguments qui vont se télescopés pour le meilleur et surtout le pire de la lie de l'humanité.

Mourir et ... renaître

L'incertitude, l'impermanence des êtres humains à trouver des solutions, clairement l'auteure a franchir un échelon supérieur, c'est une histoire qui trnascende le thriller pour toucher dans l'intimité, des petits comme des grandes personnages, cette sensibilité et empathie ne se démentent au regard de l'intensité de l'intrigue, parfois la sensation d'accéder à des univers parallèles, comme dans le film Inception, plusieurs niveaux de conscience et de rêves éveillés, il est question des souvenirs effacés, des fragments du passé qui peinent à refaire surface jusqu'au moment où ...

Ce qui avait été un véritable coup de coeur dans Ne la réveillez pas, ce deuxième opus confirme l'émergence d'une grande plume qui excelle à déjouer tous les pronostics, à proposer une plongée dans les méandres mystérieux et passionnant de l'esprit humain, comment mesurer le degré de folie ? Quelle part de responsabilité les parents laissent-ils à leurs enfants ? Quel est le prix du sacrifice ou le poids des décisions ?

Cette ambivalence est saisissante devant la puissance de certains, des niveaux de privilège qu'ils érigent comme des modèles, un style, un univers toujours plus magnétisant dans la recherche de la vérité, dans la perception viscérale de la psyché humaine, gratter sous la surface pour en extraire la substantielle moëlle, le titre éponyme du roman n'est pas en reste, une couverture accrocheuse qui prendra une autre résonance pendant la lecture, il faudra désormais compter sur Angelina Delcroix parmi les grandes du thriller psychologique, à savourer sans hésiter, à apprécier chaque page de tous les dangers potentiels.

Edité chez Editions Nouvelles Plumes, en exclusivité chez le réseau France Loisirs en attendant une sortie généralisée dans toutes les librairies, Si je serai grande est une nouvelle fois un énorme coup de coeur !!!
❤️❤️❤️

Arriverez-vous à sentir les effluves du mal à l'état pur ? A vibrer au rythme des personnages dans une enquête diabolique, quand la peur et l'horreur font bon ménage, l'état de résilience dans toute sa dimension anxiogène, roman engagé et témoin d'un grand niveau littéraire, un point c'est tout et c'est mon dernier mot.

Bon voyage au bout de l'enfer !!!

Si je serai grande d'Angelina Delcroix, une histoire puissante, la confirmation et l'éclosion d'une grande voix du thriller français !!!
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